Ajaccio | Viols sur mineure de moins de 15 ans, mais aussi agressions sexuelles
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 03/02/2020
- 00:00
En plus d’une jeune fille reconnue victime de viols par le pédocriminel Bellicou, sept autres personnes ont dénoncé des faits d’agressions sexuelles.
Une jeune fille décrira des scènes de viol qui ont commencé à l’âge de huit ans, pour s’étaler sur environ quatre ans. Après la médiatisation de l’affaire, d’autres victimes se manifesteront devant les enquêteurs. Un total de sept personnes, dont six sont mineures, dénonceront des faits d’agressions sexuelles.
Le choix des parties civiles est plutôt rare dans ce genre d’affaires. Une décision forte qui pousse les victimes à ne pas demander le huis clos alors que la cour d’assises se penche en appel sur des faits de viols sur mineure de moins de 15 ans, mais aussi d’agressions sexuelles.
Sur le banc des parties civiles prend place une adolescente de 16 ans, entourée de sa famille. La jeune fille aux cheveux blonds, vêtue d’un pull rose et d’un jean, assiste avec difficulté aux débats. Elle est au centre des discussions eu égard à la gravité des actes criminels énoncés.
À savoir des viols desquels est accusé Dominique Bellicou, son professeur d’échecs à Ajaccio entre 2010 et 2015.
Le dossier prend forme avec la déposition devant les enquêteurs de Nadia *, qui décrit des scènes de viol qui ont commencé à l’âge de huit ans pour s’étaler sur environ quatre ans.
Elle y parle de pénétration par voie anale, mais aussi de fellation. Des abus qui auraient eu lieu au domicile de l’accusé, dans le logement familial de la victime, mais aussi au sein du club d’échecs à Ajaccio.
Dominique Bellicou conteste d’abord les faits puis reconnaît un acte de pénétration par voie anale.
Il est alors mis en examen et placé en détention provisoire en septembre 2016.
Après la médiatisation de l’affaire, d’autres victimes se manifestent devant les enquêteurs. Un total de sept personnes dont six sont mineures, qui dénoncent des faits d’agressions sexuelles dans le milieu scolaire où dans le club d’échecs.
L’accusé est également poursuivi pour ces faits. Alors âgé de 65 ans, l’ancien professeur d’échecs de la Ligue corse est condamné à 19 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté fixée aux deux tiers de la peine, devant la cour d’assises de Corse-du-Sud.
Il a également interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs. Il a été reconnu coupable de l’ensemble des faits.
Dans ses déclarations, l’accusé ne conteste pas certains faits même s’il décrit une fréquence bien moindre. Il a interjeté appel le 2 avril 2019, tout comme le ministère public. Les parties civiles n’ont pas fait appel.
Hier, elles étaient trois à être représentées devant la cour. Deux victimes d’agressions sexuelles, une victime de viols. Comme en première instance.
Les autres jeunes filles n’ont pas souhaité aller jusqu’au procès face au traumatisme subi. Nadia, elle, a fait cette démarche courageuse. Au moment de s’avancer à la barre, elle éclate en sanglots sous le poids, accablée par la douleur.
Elle parvient tout de même à se livrer devant la cour :
“C’est dur de parler de tout ça. Cela a eu un tel impact sur moi et ma famille. Ma mère est tombée malade à cause de toute cette histoire. Je n’arrive pas à m’exprimer. Je veux qu’il paye pour tout ce qu’il a fait. Toutes ces choses horribles.”
L’adolescente parvient tout juste à évoquer sa vie d’après :
“Malgré tout ça, je n’ai jamais voulu arrêter les échecs. Être championne de France, c’était une façon de dire qu’il n’avait pas gagné. Ce procès en appel est horrible. Depuis mes huit ans, je suis dans un tunnel et il n’y a jamais de sortie. Revivre tout ça, c’est très dur. Plus que la première fois…”
Championne de France d’échecs en 2014, elle écoute Leo Battesti, le président de la Ligue corse d’échecs, qui se justifie à la barre en tant que témoin :
“S’il y avait eu le moindre signalement, nous n’aurions pas laissé faire, avance le gérant de société. M. Bellicou était un excellent pédagogue. Même l’un des meilleurs. C’est le plus gros choc depuis 20 ans que j’exerce ces responsabilités. Un véritable traumatisme.”
Mis en difficulté par Me Anna-Maria Sollacaro, avocate de la partie civile, sur sa gestion de la crise après la révélation des faits, Leo Battesti se défend :
“Je n’ai eu connaissance de ces faits qu’en première instance. Mais on a sans doute commis une faute en ne se constituant pas partie civile. Je n’ai pas osé parler aux parents. J’ai une sensibilité, sans doute suis-je traumatisé.”
Le mot traumatisme revient aussi dans toutes les bouches. Fil rouge de ce dossier que Dominique Bellicou nie encore en partie. Invité à s’exprimer à la barre, l’accusé donne sa position :
“J’ai fait appel dans l’espoir de pouvoir m’exprimer et apporter réparation. À Ajaccio, je n’ai pas pu m’exprimer correctement. Les débats étaient inaudibles. J’espère que je vais pouvoir expliquer ce qu’il s’est passé. Faire comprendre aux familles et aux parents de Nadia que leur fille n’a pas été agressée de 8 ans à 12 ans. Je veux que les gens comprennent, je ne cherche pas d’excuses. Je regrette ce que j’ai fait et je veux l’expliquer.”
La présidente l’interroge alors pour bien comprendre sa version de l’histoire :
“Je maintiens qu’il n’y a eu qu’un seul fait dont je suis le seul responsable.”
La première journée se termine avec l’évanouissement d’une victime à la barre. Mais aussi par l’expertise de la pédiatre qui a examiné Nadia.
Elle fait un constat implacable :
“Les faits ont eu lieu sous la menace. Elle a fait deux tentatives de suicide. Ces actes vécus par l’enfant comme anodins sont des bombes à retardement…”
* Le prénom de la victime a été modifié
Source : corsematin.com
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