Affaire Fiona | Le mystère Cécile Bourgeon, “mère indigne”, “mordue d’enfants”

La mère de Fiona, au deuxième jour de son procès, s’est emportée lorsqu’elle a été interrogée sur son désir d’enfant. Premier moment où le vernis craque sans qu’elle se livre totalement pour autant.

Photo BFM.TV
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Le ton monocorde se brise. Pour la première fois depuis l’ouverture de son procès, Cécile Bourgeon craque. Et s’emporte:

“Oui, j’aimerais bien avoir un autre bébé, j’aime bien les enfants. Je vois pas le mal. C’est ma vie, je fais ce que je veux, personne ne pourra me l’interdire. Vous lisez ça pour que le public fasse ‘oh!’ Vous cherchez la petite bête mais vous allez la trouver, je ne vais plus répondre à vos questions, vous pouvez vous rasseoir. Elle se prend pour qui?”

Debout face à la mère de Fiona, Marie Grimaud. L’avocate de l’association “Innocence en danger” vient de l’interroger sur une relation épistolaire qu’elle a entretenue depuis qu’elle est en prison.

Dans une lettre, saisie par le juge d’instruction, la jeune femme parle d’un futur avec un certain “Djamel”.

Ces échanges écrits avec des hommes à l’extérieur, elle se “rattache à ça”, c’est une façon de se projeter, d’être dans sa “bulle”.

Ce qui la fait tenir aujourd’hui? Sa deuxième fille et son fils.

“L’espoir fait vivre.”

La salle, à nouveau, bruisse et s’indigne.

“Un monstre pour certains”

Nouvelle facette de cette femme qui comparait pour “violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner” ?

Calmée, un peu plus tard, elle met son énervement sous le coup de ces dizaines d’antidépresseurs qu’elle ingurgite quotidiennement.

“Je n’ai pas eu mon traitement correctement, ils se sont trompés, ils m’ont donné la moitié de ce que je peux avoir”, assure-t-elle.

Mais la réaction de cette “mordue d’enfants” dit beaucoup. Même son avocat est obligé de le reconnaître, il l’a sentie “agacée” pour la première fois à l’idée qu’on puisse la “juger”.

Sur son désir d’enfant, pas sur le reste, elle qui a semblé impassible lundi à la lecture des faits, cachée derrière son carré blond plongeant.

Est-elle consciente de cristalliser une haine à l’extérieur? Non, répond-elle simplement, les bras tendus devant elle.

Mais avoir été “une mère indigne”, un”monstre même pour certains”, Cécile Bourgeon le concède.

“Tous les jours, je regrette de ne pas avoir été à la hauteur”, lâche-t-elle.

D’avoir emmené Fiona et sa petite sœur dans des squats, d’avoir consommé cocaïne, héroïne, cannabis et de nombreuses autres drogues devant elles, de les avoir laissées sans surveillance pour partir en soirée. 

Drogues pendant ses trois grossesses

Elle n’avait “pas la notion du danger” et l’impression qu’avec Berkane Makhlouf, son compagnon, ils “faisaient attention”. “Après, on n’est pas à l’abri d’un accident”, lâche-t-elle de sa voix aux accents enfantins.

Pendant ses trois grossesses déjà, elle avait consommé des substances, shit, héroïne et aussi subutex.

Après un viol dont elle a été victime en 2012, juste avant sa rencontre avec Makhlouf, elle “perd les pédales” et plonge encore plus. C’est le début de la “descente aux enfers” sur fond de violences.

Jusqu’à ce mois de mai 2013 où, avec Berkane Makhlouf, ils racontent avoir enterré Fiona près d’un lac non loin de Clermont-Ferrand.

Le corps de la petite fille, blonde aux yeux bleus de cinq ans, n’a jamais été retrouvé.

Les deux amants n’ont jamais su ou voulu donné le lieu exact, rendant impossible la connaissance des circonstances exactes de la mort de l’enfant martyre.  

“Je voulais rejoindre ma fille”

“Moi, j’ai fait tout mon possible pour essayer de la retrouver, et ça j’en ai honte, je ne suis pas la plus heureuse du monde de venir à ce procès, sans pouvoir dire où est ma fille”, jure Cécile Bourgeon.

Entendus mardi, son frère et sa mère ont été dans son sens, persuadés que “si elle savait quoi que ce soit, elle l’aurait dit”.

En prison, la jeune femme fait souvent le même cauchemar. Elle est en voiture avec Fiona quand elle a “plein d’accidents”. “Je donne la main à ma fille mais elle la lâche, je la perds”, raconte-t-elle.

Trois ou quatre fois, elle a tenté de se suicider, se mettant un sac poubelle sur la tête, avalant des médicaments ou des lames de rasoir.

“Je voulais rejoindre ma fille. Parce qu’elle me manque.”

“Généralement quand on veut mettre fin à ses jours, c’est qu’on ressent une culpabilité”, lui suggère le président. “C’est ça, de pas avoir pu la protéger”, acquiesce-t-elle.

Et sur les circonstances de sa mort ? “Aussi.” “On n’a pas voulu tout ça, c’était un accident”, répète-t-elle.

Le procès avance, il lui reste dix jours pour en dire plus et parler. Enfin.  

Source : lexpress.fr

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