Orée-d’Anjou | Prison ferme pour Dimitri Laurent qui a violé et tué sa fille de 18 mois
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 24/09/2021
- 13:17
L’accusé a expliqué :
“Je lui ai donné des coups et après je l’ai lancée”.
Au troisième jour de son procès pour le viol et la mort de Joyanae, 18 mois, l’accusé s’est expliqué sur ce qu’il a fait dans l’appartement de la rue Puits du Saumon à l’automne 2017.
Joyanae aurait cinq ans aujourd’hui. Elle serait scolarisée en maternelle.
Me Derisbourg, pour l’association de protection de l’enfance La Mouette, déplore :
“Elle ne profitera jamais de la vie”.
Le 19 novembre 2017, à la suite des coups reçus ce dimanche-là et les jours précédents, la petite fille est décédée vers 13 heures alors qu’elle venait d’être admise aux urgences du centre hospitalier d’Agen.
Après deux jours consacrés à la personnalité de la mère présente sur place et de son compagnon, il fallait ouvrir le chapitre de l’autopsie pratiquée à Bordeaux le jeudi suivant 23 novembre.
Interrogé sur ce qu’il a pu faire ou pas, l’accusé Dimitri Laurent, 34 ans, a confirmé qu’il avait frappé la fillette.
“Je lui ai donné des coups, et je l’ai lancée.”
Il frappe à l’abdomen, pas au visage. Sa violence provoque une hémorragie, elle est fatale à l’enfant. Un médecin légiste le redit, quand la jeune victime a été admise aux urgences :
“C’était déjà fini. Quelques heures avant, elle pouvait sans doute être prise en charge.”
Si les coups du dimanche ont été mortels, il apparaît que ces violences du 19 novembre n’ont pas été uniques. Les médecins ont refait le parcours de santé de l’enfant.
Le 25 octobre, elle est touchée par une gastro-entérite, «un diagnostic fourre-tout» selon un légiste. Le 30 octobre, elle est admise aux urgences du centre hospitalier pour des troubles de l’alimentation. Le 7 novembre, un médecin généraliste établit un diagnostic de bronchite. Du 7 au 19 novembre date du décès ? Aucun élément médical.
En revanche, l’autopsie encore met en valeur des lésions :
“Plus anciennes, remontant aux dernières semaines.”
Sans entrer dans le détail saumâtre des constatations médico-legales, la liste des lésions mentionnent des ecchymoses à l’abdomen, au niveau des côtes, un œdème cérébral, des traumatismes de l’estomac. Les coups ont séparé le pancréas en deux parties. Ces lésions, explique encore un médecin légiste, pourraient être comparées aux traumatiques provoqués chez un enfant attaché à l’arrière d’une voiture et projeté à l’avant lors d’une collision.
“C’est une très forte énergie cinétique.”
Un autre expert le site aussi.
“Nous avons fait des recherches. La référence peut être celle d’un dossier où un adulte sautait sur l’abdomen d’un enfant du même âge.”
Des hématomes aussi autour de la bouche. Il lui brossait les dents avec violence quand il n’utilisait pas une règle pour la frapper.
Pire du pire, l’autopsie révèle une défloration.
L’accusé maintient sa version, ce n’était pas volontaire, c’était un accident au moment de la toilette. Dimitri Laurent reconnaît les coups, n’admet pas le viol. Ses avocats Me Cerdan et Delbrel ont fait remarquer que le dimanche 19 novembre, il a tenté les massages pour tenter de la réanimer, l’a placée sous la douche et s’est précipité vers sa voiture pour l’emmener à l’hôpital.
Mais l’accusé l’avoue :
“Je n’ai pas su tenir le rôle qu’on m’avait donné. C’était plus fort que moi. Je devais tout prendre en charge. Ce n’était pas mon rôle de m’occuper d’elle, je l’ai dit à Jocelyne.”
Jocelyne est la mère. Interrogée par la cour d’assises, la jeune femme a confirmé ce qu’ont pu en dire notamment les experts psychologues. Était-elle en capacité de comparaître devant les jurés de la cour d’assises ? Soutenue par Me Gillet, la mère de Joyanae est parvenue à dire quelques phrases depuis lundi jour du début de son procès.
Le jour du décès de sa fille :
“Il la lançait, je lui disais d’arrêter. Il l’empêchait de jouer. Je lui ai dit d’appeler les pompiers, il m’a dit que ce n’était pas la peine.”
Elle doit répondre de deux infractions, non-assistance à personne en danger et non dénonciation de crime.
Me Martial pour la famille évoque le “martyr” de la fillette, Me Pascal s’est un temps mis dans la peau de Joyanae qui
“N’aura soufflé qu’une bougie d’anniversaire.”
Resté en Martinique, le père biologique est absent au procès. Me Grolleau a lu sa lettre.
Il écrit à sa fille, qu’il a reconnu après sa mort seulement :
“Je n’étais pas prêt à être père”
Les jurés de la cour d’assises ont finalement condamné Dimitri Laurent à 20 ans de réclusion criminelle. Le compagnon éphémère de la jeune femme dans son appartement de la rue Puits du Saumon à Agen est reconnu coupable du viol et de la mort de Joyanae, 18 mois, décédée aux urgences du centre hospitalier d’Agen le 19 novembre 2017.
Ces mêmes jurés devaient également statuer sur le sort à réserver à Jocelyne, la mère de l’enfant, perdue depuis le début du procès dans le brouillard artificiel provoqué par le traitement médical de choc. ils l’ont condamnée à 18 mois avec sursis.
Me Isabelle Gillet connaît Jocelyne depuis le début, c’est-à-dire depuis novembre 2017 et son placement en garde à vue au commissariat d’Agen.
L’avocate soulignait :
« C’était une femme que j’ai assistée au début de la procédure ».
« Aujourd’hui, c’est un fantôme de femme ».
Depuis lundi, la mère de l’enfant est apparue comme perdue dans le dédale de sa douleur. « Les experts l’ont dit » poursuivait Me Gillet :
« Elle n’est pas accessible à une sanction pénale. Elle est détruite. Sa peine, elle l’a déjà eue. »
Face à un tel délabrement mental et psychologique, Me Gillet frappait à la porte des jurés pour obtenir la relaxe pour non-dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger. « Pour défendre quelqu’un » insistait l’avocate, « il faut être capable de se défendre soi-même. »
L’avocate générale Valérie Noël en avait elle-même fait l’aveu au cours de son réquisitoire, en indiquant qu’elle ne savait pas où se trouvait le curseur de la responsabilité de cette trop jeune mère de famille. Les réquisitions à 18 mois de prison de sursis probatoire allaient dans ce sens.
La défense de Dimitri Laurent ne pouvait pas aller dans cette direction. Ce trentenaire originaire de la Guadeloupe a reconnu les violences comme il a reconnu en la minimisant, la pénétration digitale.
Me Cerdan,constatait face aux jurés :
« Ce qu’il a fait est terrible ».
« Mais la gravité des faits ne doit pas vous empêcher de vous poser des questions. Il n’est pas un violeur, car il n’est pas un prédateur. Les experts n’ont pas conclu à une déviance sexuelle. »
La déviance sexuelle, il fallait sans doute aller la chercher dans le cercle familial de l’accusé. Mercredi, Me Delbrel a pour la défense de Dimitri Laurent placé une pièce manquante sur le puzzle de l’enquête.
Au début des années 2000, le père de l’accusé a été condamné pour agressions sexuelles. La victime n’était autre que sa propre fille, la sœur de Dimitri et cette violence sexuelle se déroulait en la présence de cedernier.
La violence du père est pour Me Delbrel le point de départ de tout. Dimitri Laurent n’était pas né qu’il la subissait dans le ventre de sa mère, victime de coups alors qu’elle était enceinte. Il est né handicapé, sourd d’une oreille.
« Avant même de naître au monde, il a perçu les coups de son père, les cris de sa mère. Comment un enfant peut-il sortir indemne de ça ?»
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