Ménil-Gondouin | Laxisme judiciaire pour le grand-père incestueux
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Pédocriminel En liberté
- 27/05/2021
- 20:37
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La justice l’a condamné à un suivi sociojudiciaire pendant trois ans.
Cet habitant de Ménil-Gondouin (Orne), âgé de 53 ans, a été reconnu coupable de corruption de mineurs de moins de 15 ans, mardi 18 mai 2021, par le tribunal judiciaire d’Argentan.
Le grand-père exhibait ses parties intimes ou montrait des images pornographiques à ses petites-filles.
Trois petites victimes
Les faits se passaient lors de fêtes de famille ou lorsque le grand-père allait les chercher à l’école.
Il s’agit de trois faits « uniques » subis par chacune des petites filles âgées à l’époque des faits de 9 à 10 ans.
Les premiers au cours de l’été 2015, les deuxièmes durant l’année 2016 et les troisièmes entre le 1er mai et le 1er juillet 2019.
« Je ne sais pas ce qui m’a pris »
Les petites-filles vont dénoncer, tour à tour, les faits commis par leur grand-père.
Émeline (*) rapporte des faits qui remontent de août à septembre 2015.
Elle a dix ans et se trouve seule avec son grand-père lorsqu’il lui montre ses parties génitales en baissant son pantalon et un film pornographique.
Une autre fois, il lui fait découvrir un livre avec des photos pornographiques.
Elle se retourne, il se fait insistant mais elle ne regarde pas.
Il lui a dit qu’elle a « raté quelque chose ».
Selon la petite victime, « il était un peu bourré ».
À la barre du tribunal, l’individu reconnaît les faits.
« Il y avait de l’alcool. Je ne sais pas ce qui m’a pris ».
« Je voulais être le premier »
Maurane (*) avait entre 9 à 10 ans, lorsque, son grand-père avec qui elle était seule dans son atelier, lui aurait montré un album photo se trouvant dans un tiroir.
L’enfant expliquera : « C’était bizarre, il y avait des gens nus qui se touchaient… »
Sur l’instant, elle n’a rien dit et n’a révélé les faits que lorsque sa sœur a, elle-même, été victime de son grand-père.
« Je comprends mes petites filles, je comprends qu’elles soient choquées, je n’aurais jamais dû faire ça », s’exclame le prévenu à cours d’explications.
Juliette (*) a 9 ans lorsque sur le sol de la voiture de son son grand-père venu la chercher à l’école, elle découvre une photo pornographique.
Alors que le tribunal l’interroge sur ses motivations, le prévenu déclare ne pas savoir ce qui lui a pris.
« J’ai des problèmes de santé qui m’empêchent de bouger mes jambes et qui ont donc un impact sur ma sexualité ».
Un sujet très dangereux
Les explications qu’il donne aux enquêteurs sont affolantes.
Il parle « d’une fierté de montrer à ses petites filles un sexe nu, je voulais être le premier » :
Je n’avais aucune intention d’aller plus loin, j’avais comme une satisfaction d’être le premier à leur faire découvrir le sexe. Si j’avais continué à voir mes petites filles, j’aurais recommencé. Je ressentais une excitation mais je n’avais pas d’érection.
Décrit comme un prédateur sexuel
La présidente se dit inquiète face à un homme de cinquante ans qui a du plaisir à montrer à ses petites filles de 10 ans des photos de sexe.
Les conclusions psychiatriques mettent en exergue un « manque d’empathie à l’égard des victimes ».
Il y est décrit comme un « prédateur sexuel. Un sujet très dangereux présentant des troubles sexuels à caractères pédophiles qui s’accroissent avec le temps ».
Le tribunal s’étonne sur le fait que le prévenu n’ait pas jugé opportun d’entreprendre des soins psychiatriques.
Il se voit opposer un glaçant : « pour moi, je n’en ai pas besoin ! »
Des enfants qui « doivent se reconstruire »
La maman de la petite Juliette déclare au tribunal que sa fille ne va pas bien du tout.
Aujourd’hui, âgée de presque 11 ans, elle a développé des TOC (troubles obsessionnels compulsifs).
« C’est très compliqué ! », souligne la maman de cette petite victime.
Le tribunal fait la remarque au prévenu :
Vous parlez beaucoup de vous mais vous ne parlez pas de vos petites filles qui, elles, vont devoir se construire autour de vos actes.
Le prévenu répond en être conscient avant de poursuivre :
« Ce que j’ai fait, c’est pas beau, mais un viol… Ça peut être grave. Un homme peut tuer une fille, je n’en suis pas arrivé là quand même. »
Le tribunal s’inquiète de sa prise de conscience :
« Donc ce n’est pas très grave ce que vous avez fait ? »
Le prévenu se reprend :
« Si, c’est grave ! »
« Petites, elles garderaient mieux le secret »
L’avocate des petites victimes interroge le prévenu sur cette phrase sibylline : « Elles m’étaient plus vulnérables, avez-vous dit. Expliquez-nous ce que vous vouliez dire ! »
La perversité du prédateur sexuel se dessine.
Puisqu’elles étaient plus petites et que je les connaissais, elles garderaient mieux le secret.
L’avocate, représentant les intérêts des parties civiles se dit « sidérée par le peu d’explications » que le prévenu propose à cette audience.
Aucune réflexion sur ce qu’il s’est passé, même s’il reconnaît les faits.
« Pas une once de regrets »
Le conseil des petites victimes relève la dichotomie entre la gravité des faits et l’attitude du prévenu.
Les déclarations du prévenu sont glaçantes. Il se sent fier, il se sent le précurseur d’une éducation sexuelle de fillettes particulièrement vulnérables qu’il avait sous la main. Il n’y a pas la moindre once de regrets à l’égard de ses victimes. Il se sent davantage concerné par le sort de sa situation pénale plutôt que par ces trois petites filles.
Elle sollicite des indemnités de 2 500 € pour chacune des petites victimes et 600 € pour leurs frais de procédure.
« Un détachement déconcertant »
Le ministère public rappelle que le contact physique n’est pas obligatoire dans ces infractions à caractère sexuel.
« Le prévenu a clairement une attirance pour des petites filles de dix ans. Ses explications sont faites dans un détachement particulièrement déconcertant », relève-t-il.
Pour lui, les faits sont reconnus.
« C’est la seule chose que l’on va obtenir de cet homme », regrette-t-il.
Tenant compte du fait que l’expertise psychiatrique a conclu qu’il s’agissait d’un homme dangereux, il requiert un suivi sociojudiciaire pendant trois ans avec les obligations de soins, l’interdiction de contact avec les parties civiles, leur payer les sommes dues et une interdiction définitive de tout contact et activité en lien avec des mineurs.
il devra verser à titre d’indemnité 1 800 € à chacune des parties civiles ainsi que 600 € pour les frais de procédure.
Il demande également son inscription au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes).
En cas de non-exécution, il encourt une peine de 18 mois d’emprisonnement.
« Ce que j’ai fait ce n’est pas beau, mais… »
(*) – Prénoms d’emprunt.
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