Rouen | Il enlève deux mineures et agresse l’une d’elles : un jeune homme condamné
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 11/12/2020
- 15:41
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Le prévenu âgé de 21 ans comparaissait devant le tribunal judiciaire de Rouen (Seine-Maritime), vendredi 4 décembre 2020, pour enlèvement sur deux mineures et agression sexuelle et violence dans la nuit du 10 au 11 octobre 2020, entre Sotteville-lès-Rouen et Saint-Étienne-du-Rouvray.
Un mineur, passager dans la voiture
Le 11 octobre 2020 dans l’après-midi, Laura*, 16 ans, dépose plainte pour des faits de séquestration, agression sexuelle et violence. Elle explique aux enquêteurs, s’être rendu la veille en soirée avec son amie Marie* et avoir marché le long de la route à Sotteville-lès-Rouen « tout en prenant des selfies ». Alors, une voiture s’approchent d’elles. Le conducteur leur propose de monter dans le véhicule, mais les jeunes filles refusent.
Le conducteur sort de la voiture :
« Il est venu nous parler de façon agressive en me tenant le bras pour que je monte ».
Apeurées, les deux jeunes filles s’exécutent et montent à l’arrière et découvrent qu’un jeune homme mineur se trouve coté passager. Le conducteur démarre et pendant environ 30 minutes
« roule vite et fait la course avec une voiture »
avant de s’arrêter en bordure de forêt à Saint-Étienne-du-Rouvray.
« Il a hurlé pour demander à Marie et son copain de descendre de la voiture. »
Sur le trajet, il demande à Laura
« si elle est prête à lui faire des choses, à l’embrasser ».
Le jeune homme lui demande une fellation, la jeune femme continue d’exprimer son refus. Elle tente de contacter de l’aide, mais l’homme lui arrache son téléphone « manquant de percuter un mur » et s’arrête à nouveau. Il devient agressif et lui dit :
« J’ai pas ton âge, on va faire ce que moi j’ai décidé. »
« J’ai hurlé et crié à l’aide »
L’homme allonge les deux sièges avant du véhicule avant d’agresser sexuellement la jeune femme :
« Il s’est allongé sur moi, m’a forcé à l’embrasser ; il m’a touché les fesses ; il m’a peloté de partout », raconte t-elle.
Profitant d’une inattention, la jeune femme tente de s’enfuir mais son agresseur la rattrape :
« J’ai hurlé et crié à l’aide, je me suis défendue en lui donnant un coup de pied dans les parties intimes », dit-elle.
Son agresseur répond alors par un violent coup de pied dans les côtes avant de lui proposer de la ramener jusqu’à son amie. Choquée, la jeune femme se réfugie avec son amie chez sa grand-mère et raconte les faits à sa sœur. Examinée par un médecin, Laura est en état de choc et se voit prescrire dix jours d’incapacité de travail.
Entendue par la police, Marie* confirme les propos de son amie :
« On n’avait pas le choix de monter, on avait peur »
et concernant l’absence de son amie, elle explique l’avoir harcelé de message « craignant qu’elle se fasse violer ». Examinée par un médecin, Marie se voit prescrire trois jours d’incapacité de travail.
Le passager de la voiture, confirme également les déclarations de la victime. Il indique lui aussi avoir appelé son ami plusieurs fois « ne se sentant pas à l’aise ».
« Je pense qu’il avait l’intention de faire des trucs avec elle, elle n’a pas eu vraiment le choix de rester dans la voiture avec lui. »
La vidéo-surveillance des arrêts de tram est exploitée. Elle permet de constater que les deux mineures ont disparu vers 00h30 et ne réapparaissent qu’au petit matin. L’exploitation des lignes téléphoniques des protagonistes de l’affaire permet de retracer le trajet exact des victimes et de l’agresseur « qui se superpose », précise la présidente.
Il présente « une dangerosité criminologique importante »
Contacté par les policiers, le suspect se présente de lui-même avant d’être placé en garde à vue. Lors de ses interrogatoires, il réfute toute implication dans les faits qui lui sont reprochés assurant
« qu’elles sont montées de leur plein gré, car il faisait froid et pleuvait ce soir-là ».
Une expertise psychiatrique décrit le mis en cause comme « narcissique et mégalomane », qui présente une dangerosité criminologique importante. Elle recommande un suivi psychiatrique.
À l’audience, Abdel* prétexte qu’il
« voulai[t] leur faire une blague en disant qu'[il était] policier »
Je me suis arrêté pour parler avec elles, mais je ne les ai pas forcées à monter dans le véhicule.
Abdel prévenu.
Le jeune homme de 21 ans, adopte un comportement alternant entre pleurs importants et attitude provocante :
« J’ai dis a tout le monde de descendre, car je voulais tous les tuer car je suis un meurtrier. Puisque vous voulez me prendre pour un fou, je vais faire le fou jusqu’au bout », lance t-il à la présidente.
Puis de reprendre en pleurant :
« Je ne suis pas un violeur, pourquoi m’accusez-vous de cela ! »
La victime, choquée, ne souhaite pas s’exprimer
Laura, présente à l’audience, encore très choquée par son agression, ne souhaite pas s’exprimer à la barre. Son avocate se dit consternée par l’attitude « de déni » du prévenu à l’audience et tient à rappeler que Laura « n’a pas eu le choix de monter dans cette voiture, elle a été retenue plusieurs heures contre son gré ». Elle sollicite une expertise pour chacune des victimes afin de pouvoir chiffrer le préjudice des victimes.
Quatre ans de prison requis
Pour le ministère public, le prévenu a « imposé une contrainte aux jeunes filles avant de choisir l’une d’elle pour la forcer à des contacts physiques sur des parties intimes » et requiert la peine de quatre ans d’emprisonnement avec maintien en détention ainsi qu’un suivi socio-judiciaire pendant une durée de trois ans et son inscription au fichier des délinquants sexuels.
Le conseil du prévenu rappelle le principe selon lequel « c’est à l’accusateur d’apporter la preuve de la culpabilité ». L’avocat s’attache à dénoncer « le positionnement » de l’expert et les conclusions de son expertise :
« Elle est accablante, uniquement à charge, on décrit mon client comme Michel Fourniret, c’est absurde ! »
Il égraine ensuite les multiples auditions « contradictoires » des protagonistes de l’affaire estimant qu’au vu des incertitudes autour de ce dossier, la relaxe est de mise rappelant « que le doute doit profiter au prévenu ».
Condamné à trois ans de prison
Le tribunal déclare Abdel coupable et le condamne à la peine de trois ans d’emprisonnement, dont 12 mois avec sursis probatoire pendant 2 ans comprenant une obligation de soins, de travailler et une interdiction d’entrer en contact avec les victimes et de paraître sur leur commune de résidence. Le tribunal ordonne son maintien en détention. Son ami, mineur, sera jugé devant le tribunal pour enfants pour des faits de séquestration.**
* Le prénom a été modifié.
** Toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’est pas établie et que toute les voies de recours n’ont pas été exercées.
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