Vineuil | Accusé par sa fille d’atteintes sexuelles, il l’a poursuivit en justice
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Pédocriminel En liberté
- 30/11/2020
- 08:00
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Tribunal de Blois : accusée par son père de dénonciation calomnieuse
Un douloureux dossier a vu s’opposer à la barre un père accusé d’inceste par sa fille, elle-même citée en justice pour dénonciation calomnieuse.
C’est une famille qui n’en finit plus de se déchirer qui s’est retrouvée le 13 octobre dernier dans le prétoire du tribunal.
Avec, assis sur le banc des plaignants, le père qui poursuit sa fille en justice pour dénonciation calomnieuse.
Cette dernière, présente également à l’audience, habite Vineuil et est âgée d’une trentaine d’années.
Elle l’a accusé d’agressions sexuelles sur des enfants hébergés par lui et son épouse dans le cadre de leur statut de famille d’accueil.
Les relations sont très compliquées entre les deux. L’homme a divorcé de la mère de celle-ci en 1993. Puis il s’est remarié et a eu deux autres enfants.
Le couple qui demeure dans la région Rhône-Alpes, a reçu l’agrément d’assistant familial pour accueillir des enfants en difficulté sous son toit.
En 2017, la cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) de l’Isère reçoit un signalement dénonçant des agressions à caractère sexuel sur des enfants accueillis au domicile. Une enquête est ouverte.
Puis, en 2018, la fille qui habite Vineuil dépose plainte contre son père et l’accuse de lui avoir imposé des atteintes sexuelles durant son enfance. Ce dernier est entendu en garde à vue par les gendarmes de La Tour-du-Pin (Isère) puis le parquet local décide de classer sans suite faute d’éléments suffisants.
Le père dépose à son tour une plainte pour dénonciation calomnieuse auprès du procureur de la République de Blois qui classe sans suite.
Le quinquagénaire et son épouse optent alors pour la voie de la citation directe devant le tribunal et réclament de lourds dommages et intérêts car l’ouverture de l’enquête sur les agressions sexuelles supposées sur les enfants hébergés, a entraîné le retrait de leur agrément d’assistant familial, privant le couple de revenus non négligeables.
L’homme accuse sa fille de ne pas avoir accepté son remariage et sa nouvelle famille tandis que son épouse, d’origine ivoirienne, estime qu’elle est raciste et qu’elle a agi par esprit de vengeance.
Leur avocat, Me Paterne Milongo (barreau de Thonon-les-Bains) insiste sur « un climat propice aux dénonciations abusives » avant d’évoquer des relations tendues de la jeune femme avec sa mère et le compagnon de celle-ci ainsi que de graves difficultés d’ordre psychologique.
Cette dernière, en larmes, s’en défend à la barre :
« Je n’ai pas revu mon père depuis dix-huit ans et je ne connais quasiment pas sa nouvelle famille. J’ai alerté la Crip de l’Isère parce que j’ai moi-même subi des agressions sexuelles de sa part et parce que c’était mon devoir de le dénoncer pour mettre en sécurité les enfants accueillis chez lui ».
Elle indique que sa sœur cadette aurait été témoin de maltraitances sur ces enfants au domicile de son père. L’enquête n’a cependant pas établi la réalité des faits dénoncés.
La jeune femme indique :
« Je comprends la décision de classement, les preuves manquaient, mais c’est pénible aujourd’hui de se retrouver accusée alors que je suis victime ».
La représentante du parquet plaide la relaxe de la jeune femme au bénéfice du doute. La substitut Béatrice Pavie rappelle que bien souvent, les victimes d’inceste se murent à jamais dans le silence sauf si survient un événement déclencheur qui les pousse à tout révéler.
« Ce sont des dossiers extrêmement compliqués, je comprends la décision de classement sans suite mais elle n’est pas irrévocable ».
La jeune femme a en effet encore la possibilité de saisir un juge d’instruction en déposant une plainte avec constitution civile.
Son avocat, Me Stéphane Rapin qui salue le courage de la jeune femme qui a tenté de mettre fin à ses jours, nuance :
« Ce n’est pas parce que sa plainte a été classée sans suite que les accusations de ma cliente sont pour autant mensongères ».
Puis il reproche au père d’être venu à la barre avec « un dossier vide ».
« J’ai fait des vérifications : des enfants hébergés par cette famille d’accueil ont évoqué des faits de nature sexuelle. Certains leur ont été retirés avant même le signalement ».
La défense qualifie les demandes du plaignant d’« abjectes » et de « démesurées » (200.000 €) et réclame 5.000 € de dommages et intérêts.
Le tribunal qui avait mis sa décision en délibéré, a relaxé la jeune femme mais rejeté sa demande d’indemnisation pour procédure abusive.
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