Nice | Une ado de 14 ans agressée dans un bus, l’agresseur a été déclaré irresponsable de ses actes et le chauffeur poursuivi pour ne pas avoir réagi
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 15/06/2019
- 00:00
Parce qu’il n’a pas réagi alors qu’une jeune passagère était victime d’attouchements, un conducteur de Lignes d’azur fait l’objet d’une plainte. L’agresseur a été déclaré irresponsable
L’affaire remonte à quatre mois. Si elle ne fait surface qu’aujourd’hui, c’est parce qu’une femme est scandalisée par l’abandon dans lequel sa fille, selon elle, est laissée.
Victime deux fois, du haut de ses 14 ans : d’une agression sexuelle en début d’année et, depuis, des loupés qui se seraient succédé.
Cette mère est indignée :
« J’ai le sentiment que l’on ne veut pas nous entendre. »
Le 15 janvier, il est presque midi, Lætitia rentre du collège à bord du bus qu’elle emprunte tous les jours.
Le camarade de classe qui l’accompagne descend avant elle.
Lætitia reste seule, au fond, absorbée par un jeu sur son téléphone portable, remarquant à peine l’individu venu s’asseoir en face d’elle.
Cet homme, âgé d’une trentaine d’années, fait tout pour attirer son attention.
« Au début, je lui ai souri », raconte la jeune fille.
« Comme je lui ai trouvé un air bizarre, je me suis replongée dans mon jeu.
Il a commencé à faire des clins d’œil, puis des bruits avec sa bouche, et il a fini par se coller contre moi. »
Très vite, l’homme, se montrant de plus en plus entreprenant, est passé aux attouchements.
Lætitia dit qu’elle a pleuré.
Mais que personne n’a bougé.
Sauf un jeune homme dont elle se rappelle qu’il est allé parler au chauffeur pour lui demander de faire quelque chose.
« Il n’a rien fait.
J’ai eu l’idée d’appuyer sur le bouton d’arrêt. »
Son agresseur n’a pas cherché à la retenir.
« Mais il m’a dit de n’en parler à personne, sinon il me retrouverait. »
Non-assistance à personne en danger
Sa mère a immédiatement déposé une plainte au commissariat Foch.
Qui n’a pas abouti, faute de signalement précis ou d’antécédents judiciaires.
Tout aurait pu en rester là si, le 15 mars, Lætitia n’avait pas reconnu cet homme, toujours à bord de son bus.
Cette fois, elle a alerté sa mère qui, non sans mal, a convaincu la police de se mettre en chasse.
Quelques instants plus tard, il était interpellé à la hauteur du palais des expositions, et placé en garde à vue.
Le 6 juin, la maman a reçu un message de la brigade des mineurs, l’informant de ce que l’agresseur avait été déclaré irresponsable de ses actes, hospitalisé à Sainte-Marie.
Ne reste que la plainte déposée par son avocat, Me Julien Darras, à l’encontre du chauffeur du bus, pour non-assistance à personne en danger.
Cette mère de famille, dont le mari exerce lui aussi ce métier, ne pardonne pas à ce salarié de Lignes d’azur de n’avoir pas actionné le bouton de détresse qui aurait permis de déclencher une action de la brigade mobile d’intervention.
Un manquement grave, estime-t-elle, d’autant qu’un témoin l’avait informé.
« Il a préféré poursuivre sa route, sans s’inquiéter du sort de ma fille. »
Philippe Pradal, premier adjoint au maire et président de la régie Ligne d’azur, dit avoir diligenté une enquête :
« Celle-ci a été interrompue lorsque j’ai été informé par l’avocat de la maman qu’une plainte avait été déposée.
La procédure disciplinaire est aujourd’hui suspendue, dans l’attente du résultat de l’enquête pénale. »
L’entreprise a mis à la disposition de la justice les images du système de vidéoprotection équipant l’autobus.
« Quels que soient les faits, que je ne connais pas exactement, nous sommes manifestement en présence d’une maman et d’une adolescente en grande souffrance, par rapport à ce qu’il s’est passé. »
Source : Nice Matin
Source(s):