Saint-Chinian | Un gendarme retraité prévenu d’agression sexuelle sur un ado

Lors de la comparution immédiate de vendredi, l’homme a voulu être jugé tout de suite, mais la victime, éplorée, a souhaité plus de temps pour être confrontée à cette affaire.

Illustration Saint-Chinian. Photo Pierre Saliba

Arrêté mercredi, puis placé en garde à vue, il est convoqué ce vendredi, en comparution immédiate, au tribunal de Béziers. L’affaire est compliquée et mérite le huis clos. Maître Annabelle Soyer est même prête à en faire la demande pour son client mineur qui revoit pour la première fois, depuis qu’il l’a été dénoncé, son voisin, sa figure paternelle désormais désavouée.

Claire Ougier, présidente du tribunal, rappelle au prévenu son chef d’accusation : atteintes sexuelles par violence, entrave, contrainte, menace ou surprise, soit une agression sexuelle.

Il lui est reproché d’avoir caressé les parties génitales de la victime en le masturbant.

L’adolescent de 14 ans écoute, en pleurs.

Dans le box, le gendarme retraité accepte d’être jugé immédiatement, sauf que “nous avons particulièrement conscience que cette affaire n’est pas comme les autres”, constate la présidente.

Comme la victime n’a eu connaissance de la convocation au tribunal que jeudi soir, Claire Ougier note que, “si le prévenu est d’accord, il faut aussi que le tribunal estime que l’affaire est en état d’être jugée”.

La question, elle et ses assesseurs se la posent et expliquent à la mère de la victime :

“Ce n’est pas une question d’indemnisation, puisque vous pourrez renvoyer les demandes à une autre audience, mais ça va au-delà.

C’est très important pour votre fils”.

Sur le banc du tribunal, personne n’est paré à subir la confrontation.

Par la voix de leur avocate, le renvoi est demandé face au délai trop court de la procédure, mais aussi pour préparer la défense.

Le prévenu doit alors savoir s’il va attendre en prison ou non jusqu’à la date du renvoi.

Son casier judiciaire est vierge.

Un expert psychiatre l’a vu et a constaté qu’il était pénalement responsable, sans maladie mentale aliénante ou trouble de la personnalité.

Durant sa garde à vue, il a d’abord nié tout en bloc, puis a acquiescé un massage et admis être allé plus loin.

En cas de contrôle judiciaire, ce retraité de la gendarmerie serait hébergé chez sa fille, à Narbonne.

“Elle est perturbée, mais je l’ai mise au courant de l’affaire”, signale le prévenu.

Il ajoute :

“Je reconnais les faits qui me sont reprochés”.

Ce à quoi la présidente demande :

“Oui, mais quoi ?

Parce que, lors de votre audition, vous reconnaissez un massage sans connotation sexuelle et un attouchement, mais la victime raconte beaucoup plus que ça.

Est-ce que vous reconnaissez que ce qu’il dit est vrai, ou vous maintenez ce qui vous avez dit en garde à vue ?”.

Il répond ce qu’il avait déjà raconté. Pas plus.

“Donc aucune évolution depuis la dernière fois”, souligne Claire Ougier.

La substitut du procureur, Elsa Teurnier, réclame le mandat de dépôt du Saint-Chinianais en attendant le renvoi, “parce qu’il y a, selon le neuropsychologue, une emprise tant relationnelle qu’affective.

Il existe des liens très étroits entre le prévenu et la famille de la victime.

Cette relation était aussi ancrée parce que les parents étaient séparés et que, le père parti à des centaines de kilomètres, le prévenu avait cette figure paternelle […]

Non seulement, le risque de pressions est prégnant, mais l’acceptation des faits s’est faite aux forceps […]

La petite amie de la victime a précisé qu’elle voyait le prévenu tous les jours devant l’école primaire”.

La défense tente d’évacuer les risques de pressions et avance les désirs de soins de son client, mais le tribunal décerne le mandat de dépôt jusqu’au 7 novembre.

L’affaire sera alors jugée sur le fond, à huis clos.

Source : Midi Libre

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