Agen | Procès en appel pour un quinquagénaire piégé sur internet par les gendarmes
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 09/09/2018
- 00:00
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À la fin du mois, un quinquagénaire doit savoir si la cour d’appel confirme les deux ans de prison pour pédopornographie. Il s’est fait piéger sur internet par des enquêteurs.
Dans la salle d’audience de la cour d’appel, les mots sont lourds et les explications de cet homme de 56 ans plutôt légères. Condamné à deux ans dont un avec sursis, cet installateur de cuisines estime que «la sanction est un peu lourde pour ce qui relève simplement d’internet.»
En mai dernier, il s’est connecté sur coco.fr, un site de rencontres réservé soi-disant aux adultes.
L’inscription ne demande qu’une formalité, cocher la case qui permet de savoir à l’hébergeur si le connecté est majeur.
Lui l’est, mais Laurette a 12 ans.
Il échange avec la petite.
Il lui propose un rendez-vous au McDo mais n’y va finalement pas.
«Je pensais à une bêtise d’un adulte.
Je n’y croyais pas.»
Il avait raison. Laurette, 12 ans, est en fait l’un des gendarmes spécialisés dans la cybercriminalité.
Un fléau planétaire.
Avec son adresse IP (Internet protocole), les enquêteurs remontent jusqu’à lui.
Interpellé, placé en garde à vue et jugé en juin dernier.
Il reconnaît «mais si on m’avait dit que je risquais la prison, je ne l’aurais pas fait.
Je ne connais pas tout le listing des lois (…)
Faut rester dans sa catégorie d’âge mais tout ça c’est du virtuel.»
À charge contre lui, les gendarmes ont analysé le disque dur de son ordinateur.
Des photos de fillettes avec des adultes s’y trouvent.
À charge encore contre lui, il s’est exhibé nu et s’est pris en photos dans son intimité d’homme.
«Ce n’est pas virtuel de se filmer et d’envoyer ça à un enfant» lâche une des trois magistrates de la cour d’appel en face de lui.
Silence gêné dans la salle.
Dans ce énième dossier de pédophilie via internet, l’association La Mouette s’est constituée partie civile.
Annie Gourgue, sa présidente, stigmatise souvent le comportement de ces adultes utilisant les réseaux sociaux et internet pour satisfaire leur penchant.
La loi l’interdit et le ministère public l’a encore rappelé hier.
«Il existe encore malgré les campagnes d’information beaucoup de prédateurs sexuels. Un adulte peut faire ce qu’il veut mais avec d’autres majeurs, pas avec des mineurs (…).»
L’avocate générale ne se veut pas crédule au point de penser que les trois mois de prison ont permis la rédemption de ce quinquagénaire.
Même peine requise en appel. Décision le 27 septembre.
L’avocate du quinquagénaire Me Sophie Grolleau, a sorti les rames pour le défendre, à contre-courant de l’ambiance générale.
«Dans son état d’esprit, il n’existe pas de distinguo entre le virtuel et le réel.
Nous les professionnels du droit nous connaissons la frontière, pas lui.
C’est un jeu de rôles, le jeu consiste à s’inventer un personnage.»
Maigre, les lunettes au bout du nez, cheveux courts, le personnage en question a rejoint sa cellule de la maison d’arrêt en attendant la décision des magistrats, qui peuvent alourdir la peine.
Les services du procureur de la République ont également fait appel de la décision de juin dernier.
Les gendarmes ont saisi quelque 3 000 images sur son matériel informatique.
Source : Petit Bleu
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