Quelles sont les conséquences d’une agression sexuelle?

Les agressions sexuelles sont malheureusement fréquentes. L’enquête CSF a montré que 16 % des femmes et 5 % des hommes ont subi des tentatives rapports sexuels forcés ou des tentatives de rapports sexuels forcés au cours de leur vie. Ces chiffres ne prennent pas en compte les agressions de type attouchements…

Claire Hédon : La question, aujourd’hui, c’est quelles en sont les conséquences chez la victime ?

– Dr Catherine Solano, sexologue

On sait que la majorité des agressions se produisent chez des mineurs. (59 % des filles et 67 % des hommes étaient mineurs).

Du coup, ce qui se passe souvent, c’est que la victime n’ose pas en parler.

Pourtant, dans les trois quarts des cas à peu près, elle connaît son agresseur.

La victime va donc très souvent éprouver une honte de parler de ce qui est arrivé, garder tout ça pour elle.

Du coup, elle ne va pas trouver d’aide et l’agression va former une sorte d’abcès psychique intérieur qui ne sera pas percé et qui va l’empoisonner.

– Claire Hédon : Comment cela se manifeste-t-il ?

– Dr Catherine Solano

Très souvent on observe un état de stress post traumatique qui peuvent durer des années.

– Claire Hédon : Qu’est-ce qu’un état de stress post traumatique et comment se manifeste-t-il ?

– Dr Catherine Solano :

C’est un état émotionnel qui se produit après un choc psychique.

La personne traumatisée peut avoir été elle-même victime ou être témoin de l’événement.

On peut même être traumatisé par quelqu’un qui vous raconte son expérience ou par une scène de film.

Dans un état de stress post traumatique, déjà, la personne subit des intrusions mentales.

Cela signifie que tout à coup, l’événement traumatisant surgit dans son esprit.

Et elle ressent un stress terrible déclenché par la pensée de cet événement, elle le revit comme dans un flash back.

Elle peut aussi avoir des cauchemars récurrents.

Et souvent, elle a une montée d’angoisse quand un événement se produit qui ressemble au moment traumatisant.

Par exemple, quelqu’un qui a été agressé dans un bois dira : si je passe près d’un bois, je me sens mal.

– Claire Hédon : Et à côté des intrusions mentales, quels sont les autres signes d’un état de stress post traumatique ?

– Dr Catherine Solano :

L’évitement.

Cette personne va éviter les bois par exemple, éviter les situations où elle est habillée de telle manière, éviter les personnes qui ressemblent à l’agresseur, éviter la ville où cela s’est produit…

Et elle va aussi tout faire pour éviter de penser à l’événement de départ.

Et puis, cette personne a une hyperactivation émotionnelle.

Elle peut être sur le qui-vive, comme si elle était constamment en danger, ressentir une colère en permanence, de la peur, de la honte, de la culpabilité…

– Claire Hédon : Et comment réagit cette personne pour sortir de là ?

– Dr Catherine Solano :

Souvent, elle cherche à oublier le souvenir, et les troubles du sommeil sont parfois dus au fait qu’elle essaye de peu dormir pour ne pas avoir de cauchemars !

Elle évite ce qui ressemble à l’événement et souvent, n’ose pas en parler.

Quand elle en parle, ce qui paraît incroyable, c’est que très souvent, on ne la croit pas.

C’est tellement dérangeant pour une famille de savoir qu’une personne de cette famille ou proche a été un agresseur sexuel qu’on a tendance à nier.

– Claire Hédon : Ça doit être terrible pour la victime !

– Dr Catherine Solano :

C’est atroce.

J’ai une patiente qui allait bien après un viol et une thérapie.

Elle a pu en parler à ses parents.

Ils n’ont pas voulu la croire.

Comment croire que votre fils a pu violer votre fille ?

Et elle a rechuté, elle allait de nouveau très mal…

– Claire Hédon: Et sur le plan sexuel, quelles difficultés peut entraîner une agression sexuelle ?

– Dr Catherine Solano :

On a des réactions très différentes.

Certaines personnes ont des blocages sexuels importants.

Pour les hommes qui ont été agressés dans l’enfance, ça peut être un évitement des relations amoureuses ou pour un homme une impossibilité à avoir des rapports sexuels par blocage de l’érection.

Et chez les femmes des blocages sexuels également.

Mais ce qui est plus étonnant, c’est qu’une agression peut déclencher l’inverse, une hyper sexualité avec des partenaires multiples.

On sait par exemple qu’une grande partie des personnes qui se prostituent ont subi des agressions sexuelles dans leur enfance.

La personne a l’impression d’être soulagée de sa douleur par cette hyper sexualité, parce qu’elle a l’impression de la contrôler (alors qu’elle a subi dans l’agression), ou parce qu’elle expérimente des dizaines d’expériences sexuelles dans l’espoir que cela l’effacera le souvenir de l’agression.

Mais en fait, cette réaction augmente le mal être.

Source : RFI

Source(s):