Briey | Éric Fauchard prend cinq ans pour le rapt de Bérényss

La disparition de la fillette à Sancy (Meurthe-et-Moselle) durant 8 heures en avril 2015 avait suscité le déclenchement d’une « alerte enlèvement ».

Éric Fauchard au moment de son arrivée au Tribunal / Photo Frédéric Lecocq
Éric Fauchard au moment de son arrivée au Tribunal / Photo Frédéric Lecocq

Il avait l’occasion de permettre au tribunal, et surtout aux parents, d’y voir plus clair. D’expliquer les raisons l’ayant poussé à enlever la petite Bérényss, 7 ans, le 23 avril 2015 à Sancy, au « fin fond de la campagne meurthe-et-mosellane », pour reprendre les mots de l’avocate de la famille.

Lui, le Meusien de la région de Verdun, qui était loin de ses terres. Mais Eric Fauchard est resté évasif. N’exprimant aucun remords, n’adressant aucun regard aux parents assis face à lui.

Une attitude l’ayant très certainement conduit jusqu’à la peine maximale de cinq ans de prison prévue par la loi pour la séquestration de moins de sept jours d’une personne. Une peine requise par la vice-procureure Emily Bandel qui, elle ne l’a pas caché, aurait voulu bien plus.

« Celle-là au moins, elle ne me fera pas de mal »

« Car il a tué. Il a tué l’innocence de cette petite fille. Nous ne sommes pas dans un tribunal correctionnel mais bien dans une cour d’assises virtuelle », insiste ainsi la magistrate du parquet, en ce mardi après-midi.

Laquelle fait porter aussi au prévenu de 48 ans la responsabilité morale de la mort d’un gendarme du peloton motorisé de Briey, qui s’était tué dans un accident en participant aux recherches. « Si vous n’aviez pas enlevé la fillette, il serait encore parmi nous. »

En face, Eric Fauchard reste stoïque. Droit comme un “i”, l’homme à la silhouette filiforme ne laisse transparaître aucune émotion. Un comportement qu’il adoptera tout au long de ces trois heures d’audience.

Les seuls moments où cet agriculteur fauché s’exprime avec passion, c’est pour se victimiser. Sa ferme, une bicoque en ruine, au bord de la faillite ?
C’est la faute de la sécurité sociale agricole. Ses précédents ennuis avec la justice (cinq condamnations pour braconnage, violences…) ?
Ce sont des accusations mensongères « proférées par des gens jaloux ».

C’est justement, selon ses dires, ses problèmes actuels et passés qui l’ont conduit jusqu’à Sancy, ce jour de printemps ensoleillé.
Lui qui a répondu plusieurs fois « je ne sais pas » aux questions insistantes du président Grandame donne cette explication, guère convaincante : il avait besoin d’échapper à ses soucis.

C’est donc par le fruit du hasard, après «avoir roulé sans but pendant plusieurs heures», qu’il s’est retrouvé là.

« Quand j’ai vu cette petite fille sur son vélo, je me suis dit : Celle-là au moins, elle ne me fera pas de mal. »

Il assure pourtant qu’il ne voulait pas kidnapper Bérényss. Juste lui offrir des bonbons. Elle est montée, il a paniqué. Ne sachant plus quoi faire. La ramenant dans sa ferme délabrée. Avant de la déposer, en fin de soirée après ce rapt de huit heures, dans un village des Ardennes.

Tout comme la vice-procureure, l’avocate de la famille ne croit pas au simple enchaînement des faits.

« Son geste était calculé. Il a demandé à Bérényss de se cacher une fois qu’elle était montée dans sa camionnette », martèle Me Zakia Aït-Ali Slimane.

Pour elle, le déclenchement de l’Alerte enlèvement a sauvé la petite.

« Mais même si elle n’a pas été agressée sexuellement, elle est traumatisée. Bérényss n’est plus la même. »

Eric Fauchard L'Est Républicain

Jugé le 18 mars dans une autre affaire

En défense, Me Caroline Pelas réfute les termes de pervers et de pédophile.
Oui, il est bien obsédé. Mais uniquement par ses problèmes.

« Sa ferme qu’il est en train de perdre, c’est tout ce qu’il a. Il n’est pas dangereux, mais dépressif. »

L’avocate n’obtiendra pas l’indulgence réclamée.

Outre les cinq ans de prison avec maintien en détention, Eric Fauchard devra verser près de 20.000 € de dommages et intérêts à Bérényss, ses parents et ses deux frères.

Le Meusien n’en a pas fini avec la justice : le 18 mars, il comparaîtra devant le tribunal de Verdun pour agressions sexuelles sur deux mineures de moins de 15 ans.

Une affaire où, comme l’a rappelé la vice-procureure Bandel, « il y a déjà une histoire de bonbons… »

Source: http://www.estrepublicain.fr/

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