Lausanne | Le pédophile viole sa fille de 7 ans pendant 10 longues années
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 07/02/2017
- 00:00
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Lundi dernier, au Tribunal d’arrondissement de Lausanne.
Un homme de 58 ans se présente menotté.
Détenu depuis 8 ans, il doit en principe sortir à la fin de la semaine (ndlr: dimanche dernier).
Peu bavard, confus parfois, cet Italien a été diagnostiqué pédophile.
L’homme en question a eu des relations sexuelles avec sa fille pendant une décennie.
Elle n’avait que 7 ans lorsque son enfer a débuté.
A quelques jours de sa sortie, le pédophile se retrouve pourtant à nouveau devant une cour.
Une situation rare.
C’est que son cas inquiète depuis déjà quelques années.
Le juge d’application des peines lui a toujours refusé une liberté conditionnelle.
En 2014, une expertise psychiatrique posait un risque de récidive élevé.
Le Ministère public a alors dû passer par la Chambre des recours pénale pour qu’un tribunal réexamine ce cas.
Lundi, la procureure Hélène Rappaz demandait dans son réquisitoire qu’une mesure thérapeutique institutionnelle soit imposée à cet homme.
Pour rappel, cette mesure est un traitement psychiatrique qui s’exécute souvent en détention faute de place dans un lieu comme Curabilis à Genève, ou qui peut se faire dans un EMS spécialisé et sécurisé.
Évaluer le risque
Comment évaluer le risque?
Est-il un homme dangereux, un pédophile prêt à récidiver une fois la liberté retrouvée ?
Ou un homme qui a payé sa dette et que l’on ne peut forcer à rester à l’écart de la société ?
Au-delà du destin de cet homme, c’est aussi le poids qui pèse sur les épaules des experts psychiatres qui s’illustre dans ce dossier.
Cet homme a autrefois dit avoir confondu sa fille avec sa femme ou encore que sa fille était consentante.
En audience la semaine dernière, il reconnaissait «s’être fait un mensonge» et avoir pris conscience d’avoir abusé de sa fille.
Pour l’expert psychiatre, il ne reconnaît que partiellement la gravité de ses actes et se pose toujours en victime.
Le médecin préconise un suivi psychothérapeutique mais pas forcément dans un milieu fermé.
«Seule une thérapie sur le long terme peut amener des changements en profondeur», estime le psychiatre.
En tant que pédophile incestueux, il aurait peu de chance de reproduire son crime mais le risque de récidive devient «important», précise l’expert, si cet homme refait sa vie avec une mère de famille et qu’il n’est pas suivi par un thérapeute.
Tâche ardue pour les juges que de jauger la dangerosité du condamné.
Et pour complexifier le tout, cet homme n’a pas eu la possibilité d’être testé lors de sorties durant sa détention.
A la suite de l’affaire Marie, un moratoire avait été prononcé par le Conseil d’État.
Le pédophile en question avait donc été replacé dans un régime de détention complètement fermé.
Prudence du Parquet
Dans cette subtile balance du risque, le Parquet opte pour la prudence.
Avec l’idée suivante: maintenant que cet homme est enfin ouvert à se faire soigner, une mesure thérapeutique, qui dure en principe au maximum 5 ans, fera diminuer le risque de récidive.
La défense y voit plutôt une violation du principe de proportionnalité.
L’avocat du pédophile, Me Yann Jaillet, a amené un argument de poids aux débats: aucun détenu n’acceptera plus de commencer une thérapie en prison si cela permet ensuite aux juges de leur imposer une mesure thérapeutique.
Soit, en pratique, de rester en prison.
Le Tribunal de Lausanne a estimé le risque de récidive du pédophile «théorique», et ainsi refusé d’imposer cette fameuse mesure.
Le Parquet n’a toutefois pas dit son dernier mot.
Un recours a été déposé et la libération du pédophile est, pour l’heure, suspendue.
Source: 24 Heures
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