Montpellier | En correctionnel, le bénévole est condamné pour agression sexuelle

Le sexagénaire se présentait comme membre d’un collectif d’aide aux famille. Il agissait auprès de familles roms.

Il avait acquis la confiance des familles dans le besoin. Le sexagénaire se faisait appeler Max et se présentait comme bénévole, membre d’un collectif d’aide aux familles démunies.

Il n’en était rien. Pourtant, “je le connais depuis dix ans, il s’occupe des gens comme nous, de la communauté roumaine”, raconte un père en colère venu témoigner à la barre du tribunal correctionnel de Montpellier.

Emploi, logement, démarches administratives, Max a su se rendre indispensable pendant plusieurs années dans un camp de Roms sur Sète, puis à Béziers où il avait déménagé. Mais Max s’était aussi approché un peu trop près des enfants de cet homme.

En avril 2015, il est invité à séjourner trois nuits dans leur foyer dans le camp où ils vivent à Béziers. Le premier jour, il surprend son hôte en train de photographier sa fille, âgée de 7 ans, sous la douche. Sur le moment il reste interdit. “Elle lui a demandé de partir, il rigolait”, se souvient le papa.

Alors que Max se fait insistant, elle parvient à se protéger derrière ses mains tendues. Ce sont elles que l’on voit sur les photos extraites du téléphone portable d’un homme au comportement lubrique. 

“Le petit est venu, il s’est déshabillé, il me grimpait dessus”

Devant le tribunal, le mis en cause se défausse sur la fillette. C’est elle qui voulait être immortalisée “dans la pièce principale”, corrige-t-il tout tranquillement, le prévenu étant poursuivi pour agression sexuelle et atteinte à l’intimité.

Le deuxième soir, Max est découvert debout devant le lit des petits et bredouille alors qu’il voulait les couvrir. “Je me suis levé pour aller aux toilettes, j’ai mis un peu de temps”, se justifie le prévenu à l’audience, souffrant du dos depuis 2006.

Le troisième soir, le père, plus que méfiant, retrouve son fils âgé de 6 ans dans le lit de Max. Son pyjama était au pied du sommier. Le papa l’affirme, il a aperçu des gestes inappropriés sous la couverture.

“Sa femme m’a apporté une couette, le petit est venu, il s’est déshabillé, il me grimpait dessus, je l’ai repoussé plusieurs fois. Je l’ai tenu de côté, quand j’ai vu où j’avais la main, je l’ai retirée et le père est arrivé”, tente d’expliquer le prévenu.

Quelques heures plus tôt, l’enfant attiré par le téléphone portable de l’invité, son père l’avait finalement autorisé à se rendre dans la chambre de ce dernier. “Vous l’avez caressé ?”, interroge le président du tribunal Marcel Tastevin. “J’ai passé ma main dessus, le petit était agité.

Quand j’ai vu ce qui se passait, j’ai enlevé ma main”, assure encore le mis en cause. “L’avez-vous caressé”, réitère le juge. “Oui, mais ce n’était pas intentionnel, ça n’a pas duré longtemps du tout, quand je me suis aperçu de ce qui se passait, j’ai retiré ma main.”

“Il va nier sa pathologie sans problème, ce qui le rend plus inquiétant”

Réfutant ainsi ses premières déclarations en garde à vue, soit disant “embrumées” sous l’effet de la morphine ; une substance qui le soulage de ses douleurs liées à une violente agression par ses voisins en 2006.

Pour le procureur de la République Nicolas Brignol, le profil de cet homme déjà condamné pour des faits similaires en 2005 est plus qu’inquiétant : “Le pédophile va s’arranger pour ne pas être loin des mineurs.”

En l’occurrence poursuit-il :

“Sous couvert de philanthropie, il profite du biais associatif et des familles dans la nécessité pour commettre ses agissements. Il va nier sa pathologie sans problème, ce qui le rend plus inquiétant. S’il pouvait, il nierait les faits”.

Trois ans de prison dont deux avec sursis
L’expertise psychologique dresse le portrait d’un “solitaire” qui “cherche l’amour au contact des mineurs” et “met en œuvre une stratégie d’approche des familles en détresse”. D’ailleurs, après le signalement par la famille auprès des services d’enquête, l’homme est introuvable puisqu’il n’agit pas sous son vrai nom. Il n’est finalement interpellé qu’en novembre dernier.

Me Elsa Villemeur, l’avocate de la défense note que “les faits son graves” mais conteste “l’image d’un prédateur sexuel. Est-ce une personne qui a anticipé son geste ? Non !”

Le tribunal a reconnu sa culpabilité et l’a condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, avec un maintien en détention pour la peine ferme. À sa sortie, il fera l’objet d’une mesure de suivi socio-judiciaire pendant cinq ans.

Il devra verser 7 000 € de dommages et intérêts à la famille et 700 € pour frais de justice.

Source : midilibre.fr

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