Sarthe | Un professeur de musique suspecté de viol

L’Education nationale, prévenue par la Justice, a immédiatement suspendu l’enseignant. Deux plaintes contre lui concernent des faits anciens.

Le Mans (Sarthe), hier. Le professeur était en poste au collège Saint-Louis (à gauche) et au lycée Notre-Dame (à droite), mais les faits auraient eu lieu en dehors du cadre scolaire. (LP/Denis Lambert.)
Le Mans (Sarthe), hier. Le professeur était en poste au collège Saint-Louis (à gauche) et au lycée Notre-Dame (à droite), mais les faits auraient eu lieu en dehors du cadre scolaire. (LP/Denis Lambert.)

Cette fois, justice et rectorat ont travaillé main dans la main. Selon nos informations, le professeur d’éducation musicale d’un collège et d’un lycée du Mans (Sarthe) a été mis en examen le 17 mars pour viol et agressions sexuelles présumés sur mineurs de 15 ans. Les faits, dénoncés par deux jeunes filles aujourd’hui âgées de 21 et 22 ans, remonteraient aux années 2007 et 2008, et ne se seraient pas déroulés dans le cadre scolaire.

Le fonctionnaire a été suspendu à titre conservatoire par le rectorat de Nantes dans l’attente des suites de l’enquête. Agé de 55 ans, le professeur de musique était en poste au collège Saint-Louis et au lycée Notre-Dame, deux établissements catholiques privés sous contrat. Il est suspecté d’avoir commis les violences sexuelles reprochées lors de cours particuliers à domicile.

Une dénonciation tardive 

« Durant ces cours, l’une des victimes aurait subi un viol et une agression sexuelle, et l’autre, une agression sexuelle. L’ouverture récente de cette enquête est liée à la dénonciation tardive des faits », explique une source judiciaire.

Mis en examen par un juge d’instruction, le suspect a été laissé libre sous contrôle judiciaire à l’issue de son interrogatoire, avec interdiction d’entrer en contact avec des mineurs et d’exercer au sein d’un établissement scolaire. Cette dernière mesure a été devancée par le rectorat, qui a suspendu le professeur de ses fonctions le lendemain. « Comme l’exige désormais la procédure, le parquet a immédiatement informé l’institution scolaire de cette mise en cause, ouvrant la voie à cette suspension », poursuit cette source.

Un communiqué a été adressé aux familles des établissements concernés par leurs directeurs respectifs. Le texte révèle la suspension du professeur et l’existence d’une enquête judiciaire en cours, sans dévoiler la nature des faits reprochés. « Nous suivons la situation de près et accompagnons les établissements concernés. Une cellule d’écoute peut être mise en place avec notre soutien si les chefs d’établissement le souhaitent », indique-t-on au rectorat, où l’on précise n’avoir pas reçu à ce stade « d’autres signalements concernant ce professeur ».

Egalement pianiste, le fonctionnaire était « apprécié des élèves pour sa sympathie et son humour », selon un parent d’élève. Au collège Saint-Louis, il animait notamment une chorale en marge des cours de musique. Contactée, son avocate n’a pas souhaité s’exprimer.

Najat Vallaud-Belkacem : «Nous ne laisserons plus rien passer»

Au fil des affaires, l’Education nationale dresse des garde-fous. Hier, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a annoncé des nouvelles mesures alors qu’elle présentait les conclusions d’une enquête pointant des « erreurs graves d’appréciation », concernant un professeur de maths de Villemoisson-sur-Orge (Essonne), mis en examen et incarcéré mi-février, pour agression sexuelle sur mineur. En 2007, une commission disciplinaire de l’académie de Versailles avait en effet décidé de laisser enseigner ce prof, pourtant condamné, dix ans plus tôt, pour des faits similaires en Grande-Bretagne. La ministre a ainsi demandé que la présidence des commissions disciplinaires soit personnellement assurée par les recteurs et les inspecteurs d’académie, et souhaite que dans ce type de dossier un « deuxième regard » soit porté par les services ministériels afin d’éviter que des dysfonctionnements ne se reproduisent. « Nous ne laisserons plus rien passer dans l’Education nationale s’agissant de pédophilie », a déclaré Najat Vallaud-Belkacem.

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