Angoulême | Le veilleur de nuit du foyer d’enfance Leclerc-Chauvin prend 6 mois ferme

Le veilleur de nuit du centre d’accueil d’Angoulême a été condamné mardi à deux ans de prison ferme dont 18 mois de sursis pour des agressions sur cinq ados.

Le foyer d'enfance Leclerc-Chauvin à Angoulême Photo d'archives Phil Messelet
Le foyer d’enfance Leclerc-Chauvin à Angoulême Photo d’archives Phil Messelet

Droit dans ses bottes, le dos raide, une chemise en plastique sous le bras qu’il n’ouvrira jamais, Dominique Gaborieau, l’ancien veilleur de nuit du Centre départemental de l’Enfance (CDE) à Angoulême, n’en démord pas.
Les accusations d’agressions et d’atteintes sexuelles sur cinq mineures (dont une de moins de 15 ans) placées dans le centre Leclerc-Chauvin sont totalement infondées.

Tout juste concède-t-il qu’il autorisait les ados du centre à venir regarder la télé après le couvre-feu de 22h30, qu’il les laissait parfois prendre un peu de nourriture ou qu’il leur offrait une cigarette.

«Je suis désolé et déçu. Il ne s’est rien passé. C’est impensable, ça pourrait être mes enfants. Ça ne me viendrait même pas à l’idée. Je ne comprends pas. Elles mentent», explique-t-il inlassablement, en évitant toutefois le regard de deux des cinq jeunes filles qui l’accusent.

Assises sur le banc des parties civiles tout près de lui, Marie et Clara (1) font face et maintiennent toutes leurs déclarations. «Je n’ai pas menti», souffle d’une toute petite voix Marie, qui a été la première à dénoncer les faits du veilleur de nuit.
Aujourd’hui jeune majeure, elle est encore traumatisée explique son avocate Me Catherine Briaud-Belliot.

«J’ai peut-être été trop gentil»

Au début, «Dom», comme tous les pensionnaires du CDE l’appellent, ne lui proposait que de le rejoindre sur le canapé pour regarder la télé après le départ des éducateurs. Comme un gentil papy de 62 ans, moins sévère que le second gardien. Puis il a léché son dos et son ventre. La fois suivante, sa main s’est égarée sous son pyjama.
Puis dans sa culotte. Les agressions se répétaient tous les soirs ou presque quand «Dom» travaillait.

Quatre autres adolescentes ont également dénoncé des attouchements et des gestes déplacés, sur les fesses ou les seins. Toutes se plaignent de visites régulières du veilleur dans les chambres en pleine nuit pour soulever leurs couvertures et les regarder. D’autres ont aussi été témoins des agressions subies par Marie et d’autres ados placées au CDE.

Et toutes ces ados n’ont pas varié dans leurs déclarations. «Qu’est-ce que vous voulez que je dise. Ce sont des copines. J’ai peut-être été trop gentil.C’est peut-être une vengeance», avance le prévenu.

La procureure Stéphanie Veyssière n’a pas cru à la théorie du complot avancé par Dominique Gaborieau et n’a pas craint un nouveau procès Outreau, brandi par Me Laperonnie, l’avocat du prévenu. ( ndlr WP: théorie du complot, Outreau. Petit rappel pour la défense, les enfants d’Outreau n’ont pas menti et ont été déclarés victimes. )

Elle a requis deux ans de prison dont un avec sursis mise à l’épreuve.
Et l’interdiction de toute activité professionnelle ou bénévole en rapport avec des mineurs.

Le tribunal a finalement dit deux ans de prison dont 18 mois de sursis mise à l’épreuve. Dominique Gaborieau sera également inscrit sur le registre des délinquants sexuels et ne pourra exercer une activité en rapport avec des mineurs.

(1) les prénoms des mineurs ont été modifiés.

Source: http://www.charentelibre.fr/

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