Un prêtre lyonnais rattrapé par des agressions sexuelles sur des scouts
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- 26/01/2016
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Un prêtre lyonnais rattrapé par des agressions sexuelles sur des scouts
Le silence a duré au moins un quart de siècle: un prêtre lyonnais, soupçonné d’une série d’agressions sexuelles contre d’ex-membres d’un groupe scout qu’il a encadré du début des années 1970 à 1991, doit être présenté mardi à la justice.
Le septuagénaire, qui résidait au couvent des Petites-Soeurs de Saint-Joseph de Montgay à Fontaine-sur-Saône (Métropole de Lyon) depuis septembre, a été placé en garde à vue lundi matin.
Soupçonné d’agressions sexuelles aux dépens d’au moins trois mineurs, ex-membres d’un groupe scout qu’il a encadré pendant une vingtaine d’années à Sainte-Foy-lès-Lyon, une banlieue réputée cossue de l’ouest lyonnais, le religieux a reconnu les faits, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. Contacté par l’AFP, l’avocat du prêtre n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Une enquête préliminaire “pour agressions sexuelles” avait été ouverte cet été par le parquet de Lyon après des dépôts de plaintes de plusieurs anciens scouts de Saint-Luc, un groupe indépendant et mixte qui a compté jusqu’à 400 enfants et adolescents.
Compte tenu de leur ancienneté, certains faits sont prescrits mais d’autres peuvent faire l’objet de poursuites.
Doyen de plusieurs paroisses dans le Roannais jusqu’en août dernier, le prêtre avait été relevé de ses responsabilités pastorales et interdit de tout contact avec des mineurs par le diocèse de Lyon.
Fait rarissime, c’est en effet l’archevêché de Lyon qui avait rendu publics, le 23 octobre, les plaintes et les soupçons visant ce prêtre réputé “charismatique” et “autoritaire”, selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP.
Le diocèse avait ensuite avancé l’hypothèse d’un procès canonique “à l’issue de la procédure civile, selon les règles prévues par l’Église”.
La gestion du cas de ce religieux est cependant mise en cause par plusieurs hommes qui disent avoir été victimes de ses agissements.
– “Blessure profonde” –
Rassemblés au sein d’une association, “La Parole Libérée”, ces ex-scouts de Saint-Luc, pour la plupart des quadragénaires, veulent “rompre l’omerta” entourant ces faits depuis des décennies.
Ils critiquent en particulier le maintien du prêtre au contact d’enfants, via notamment l’enseignement du catéchisme, après avoir été écarté du groupe Saint-Luc en 1991 à la suite d’un signalement d’une famille au cardinal Albert Decourtray, alors Primat des Gaules.
A l’époque, l’affaire qui avait alimenté rumeurs et spéculations dans le landernau lyonnais, n’avait toutefois pas débouché sur une saisine de la justice.
L’association a publié sur son site internet de nombreux témoignages, ainsi qu’un échange épistolaire avec le cardinal Decourtray et une lettre du prêtre mis en cause, adressée au père d’une victime en 1991: “Je n’ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi une blessure profonde dans mon coeur de prêtre”, peut-on lire dans ce courrier manuscrit et signé.
“Il est impossible de connaître précisément les éléments dont disposait Mgr Decourtray (décédé en septembre 1994) au moment où il a décidé de suspendre la mission de ce prêtre, avant de lui confier une nouvelle charge pastorale quelques mois plus tard”, avait indiqué le diocèse de Lyon dans un communiqué publié il y a deux semaines.
Le cardinal Barbarin “a reçu les premiers témoignages au sujet de ce prêtre à l’été 2014: il a donc demandé que soit conduite une enquête, avant de prendre l’avis de la congrégation pour la doctrine de la foi. C’est à l’issue de cette enquête et de cet avis, et quoique les faits reprochés soient anciens, qu’il a décidé de lui retirer toute forme de ministère au 18 mai 2015”, avait ajouté le diocèse.
L’association conteste en partie cette version en affirmant qu’une ex-victime, prénommée Laurent, s’était manifestée auprès du diocèse dès 2011. Son témoignage est entre les mains de la justice.
Dans les faits, le prêtre incriminé a quitté ses fonctions fin août 2015, selon des témoignages et des articles de la presse locale.
Source: http://www.lepoint.fr
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