La Lucerne | Six ans de prison ferme pour le sexagénaire pédophile
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 10/10/2015
- 00:00
Catégories :
Mots clés :
Justice – Tribunal correctionnel
Le tribunal était sous tension, hier, pour le procès d’un homme, âgé de 67 ans aujourd’hui, qui comparaissait pour agression sexuelle imposée sur cinq mineurs, dont sa fille. Les faits se sont déroulés de 2005 à 2007, dans un village du centre Aveyron pour les quatre premiers, et de 1992 à 1999, à La Lucerne et Uzès, pour la dernière.
À l’époque, le prévenu était hébergé chez un couple. Ami des parents, il devait l’aider à restaurer sa maison. Une maison qui est devenue le théâtre d’attouchements, d’abord sur la petite fille, âgée de 5 ans, et sur son frère, 15 ans. Puis sur un ami de ce dernier, âgé de 9 ans, et enfin sur un autre garçon, 10 ans, à qui il donnait des cours du soir. Sous le feu des questions du président Jean-Marc Anselmi, le prévenu se contredit sans arrêt par rapport à ses dépositions de l’époque. Au sujet de la petite fille, il raconte : «Je ne lui ai rien fait, j’étais juste très câlin avec elle. Lorsqu’elle me demandait de la masturber, je lui conseillais de demander à un enfant de son âge». Pour le frère de cette dernière qui, lors de sa déposition, avait dit qu’il lui avait fait une fellation, il se souvient l’avoir caressé sur le canapé : «Trois jours après, il m’a demandé de le refaire. ça s’est passé six ou sept fois en un an», avoue-il. «Finalement, c’est vous la victime dans cette affaire ! Changez de comportement ou ça va mal se passer !», s’emporte le substitut du procureur. Et pour le petit garçon à qui il donnait des cours du soir, il explique : «Après les devoirs, je lui faisais des bisous sur la bouche et je le touchais, ça c’est exact». Sur les quatre victimes aveyronnaises, seule une était présente à l’audience. Le jeune homme témoigne : «Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans sa chambre et je ne sais pas combien de fois mais aujourd’hui, j’avais besoin d’être là». à son sujet, le prévenu déclare : «J’ai voulu le caresser mais il ne s’est pas laissé faire, alors je n’ai pas insisté».
«C’est une merde»
C’est au tour de la fille du prévenu de témoigner à la barre : «J’avais 8 ans quand mes parents ont divorcé. Une fois, alors qu’il me gardait, il m’a posée sur la machine à laver, m’a caressée, m’a embrassé le sexe. Il m’a dit que c’était comme ça que les papas aimaient leur fille. Une autre fois, il m’a allongée sur le lit, m’a embrassée. Et à l’âge de 15 ans, il a essayé de me pénétrer. Pendant longtemps, j’ai cru que c’était normal. Après, il a exercé un chantage affectif. Pour moi, c’était un dieu, alors j’ai tenté d’oublier», raconte celle qui avoue avoir sombré dans la drogue et la prostitution «pour me punir d’avoir vécu mes premiers plaisirs avec mon père». «Qu’attendez-vous de ce tribunal aujourd’hui ?», lui demande le président. «J’ai besoin d’être reconnue en tant que victime et de le regarder dans les yeux pour lui dire que c’est une merde». Par deux fois, elle avait déposé plainte mais le dossier avait été classé sans suite. Quant au prévenu, il nie toujours les faits : «J’étais juste extrêmement câlin», lâche-t-il.
Peine maximum
Après les plaidoiries des trois avocates des parties civiles, qui demandent 10 000 € pour chaque victime et 25 000 € pour la fille du prévenu, Antoine Wolff, pour le ministère public, condamne «la lâcheté, le peu de courage et l’absence de remords» du prévenu. Et poursuit par «un mea culpa au nom d’une institution judiciaire qui a failli en 1992, avec une victime que l’on n’a pas pris au sérieux. Si le travail avait été bien fait, il aurait été jugé devant une cour d’assises et risquait vingt ans». Le substitut du procureur requiert la peine maximum de sept ans. «Ce n’est pas à la hauteur des crimes commis, cela ne fait même pas un an pour chaque victime». Il demande que la peine, avec mandat de dépôt, soit assortie d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans et une injonction de soins, et que le prévenu soit inscrit au fichier des délinquants sexuels»
Me Sylvie Bros, avocate de la défense, plaide : «Il a déjà été privé de liberté pendant vingt-sept mois de détention provisoire. Quelle serait l’utilité de prononcer un mandat de dépôt ?»
Le tribunal condamne le prévenu à une peine de six ans de prison assortie d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans avec injonction de soins. Il écopera d’une peine de trois ans en cas de non-respect des obligations et sera inscrit au fichier des délinquants sexuels. Il ordonne le mandat de dépôt, reçoit les constitutions de partie civile et condamne le prévenu à payer 8 000 € de dommages et intérêts aux victimes veyronnaises et 15 000 € à sa fille.
Source: http://www.ladepeche.fr/
Source(s):