
Val-d’Oise – Assises | Le profil glaçant de Warren, proxénète d’adolescentes
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 18/09/2025
- 18:18
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Le procès à huis clos de sept accusés de proxénétisme aggravé envers des mineures s’ouvre ce lundi 15 septembre devant la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise. Les victimes, quatre adolescentes de 13 et 14 ans, étaient forcées de se prostituer entre 2021 et 2022 dans le département et à Marseille.
« Noir à l’intérieur et manipulateur. »
Ce sont les mots des adolescentes pour décrire cet homme avide, qu’elles ont croisé sur la route de leurs vies cabossées.
À seulement 24 ans, Warren, sa sœur et cinq de ses comparses présumés, âgés de 19 à 25 ans, comparaissent ce lundi 15 septembre devant la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise.
Ils sont accusés de « proxénétisme aggravé », commis entre le 1er juillet 2021 et le 23 mai 2022 à Cergy, Montmorency (Val-d’Oise) et Marseille (Bouches-du-Rhône) au préjudice de quatre adolescentes, âgées de 13 et 14 ans.
Les débats se tiendront à huis clos car quatre des accusés étaient mineurs au moment des faits.
Tout commence le 18 mars 2022, quand les enquêteurs de la sûreté départementale ouvrent un dossier sur un certain Warren. Ce jeune homme, surnommé « Dadi », animerait un réseau de prostitution de mineurs dans la rue des Plantes-Brunes, à Cergy, et parfois dans des hôtels à bas coût du secteur.
Les forces de l’ordre placent le suspect, alors âgé de 21 ans, sous surveillance durant un peu plus de deux mois. En consultant leurs archives, ils relèvent qu’en octobre 2021, « Dadi » avait été surpris en compagnie de Marisa (le prénom a été modifié), 14 ans, dans un hôtel B&B. Cette dernière était en fugue de son foyer de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Montmorency. Pourtant, malgré les suspicions de proxénétisme, l’histoire n’était pas allée plus loin.
Entre dix et dix-huit passes par jour
Les fonctionnaires sondent son passé et notent qu’il a été condamné pour une atteinte sexuelle après avoir entretenu une relation avec une autre fille de 13 ans. Ses cinq autres passages devant la justice sont plus classiques : extorsion, vol, rébellion et conduite sans permis.
L’expert psychiatre estimera qu’il ne souffre d’aucun trouble mental. Mais le psychologue fait de lui un portrait peu amène. Warren serait doté de « tendances psychopathiques, d’une personnalité manipulatrice et perverse ».
Il ne ferait preuve d’aucune empathie envers les victimes et démontrerait une « forme de défiance envers les lois et les normes sociales ».
Les investigations, surtout constituées de captation de conversation, montrent que le jeune homme exploite la petite fugueuse quotidiennement. Ses comparses, parmi lesquels se trouve sa petite sœur, postent des annonces sur les sites spécialisés « Wannonces » et « Sexe modèles ».
Les passes peuvent avoir lieu dans des hôtels ou des Airbnb, comme à Marseille. Mais la plupart du temps, c’est « un plan voiture ». Les clients se déplacent pour rencontrer la jeune prostituée qu’ils payent entre 50 et 70 euros.
Sur place, un comparse vérifie si le client n’est pas un policier et collecte l’argent de la recette.
La petite bande lui fournit les préservatifs et le lubrifiant nécessaires pour ses activités. Par jour, Marisa peut faire entre dix et dix-huit prestations et rapporter un millier d’euros.
« Je vais t’arracher la bouche »
L’adolescente est devenue une petite esclave sexuelle, qui ne touche qu’une infime partie de cet argent. Un jour, elle prend 10 euros pour régler une dette. Warren se montre très violent verbalement.
« Je vais te tuer, sale p***. Je vais t’arracher la bouche. Tu as osé prendre 10 euros sur une prestation de 70 euros »
, lâche-t-il.
Quand Marisa dort, ou ralentit le rythme, il demande à ses sbires de la réveiller et de la remettre au travail. Après le séjour à Marseille, durant lequel elle continue à faire des passes, le groupe, constitué de différents complices et d’amis, a un peu trop dépensé.
« Je suis rentré à perte, souffle Warren. Il faut faire des mecs. »
Il demande à ses proches de lui trouver d’autres filles pour gagner plus.
Le 31 mai 2022, une première opération est menée au domicile des suspects. Au moment des interpellations, la jeune prostituée est retrouvée dans un lit aux côtés de Warren. Elle relate qu’elle vend son corps depuis mai 2021 et soutient qu’elle a « demandé de l’aide » à son « petit ami » pour réserver des chambres d’hôtels, mettre son argent en sécurité et lui fournir des puces de téléphone.
Un an plus tard, devant le juge d’instruction, Marisa soutient désormais s’être vendue après une proposition de Warren.
« Un choix qu’elle avait rapidement regretté sans pour autant mettre fin à son activité à cause de la pression qu’il exerçait et parce qu’il récupérait la majeure partie de son argent »
, précise le juge dans son ordonnance de mise en accusation. Elle refuse de voir l’expert psychologue, disant que « les faits l’avaient tuée et qu’elle ne voulait pas pleurer ».
« Déshumanisation » et « banalisation d’une sexualité corrompue »
Les enquêteurs trouveront trois autres victimes. Toutes très jeunes, entre 13 et 14 ans, vivant en foyer de l’ASE ou en fugue.
L’une d’elles décrit le souteneur présumé comme « un psychopathe des films américains », qui lui faisait peur sans avoir besoin de se montrer violent. Sur le plan psychologique, l’expert évoque pour cette dernière une :
« déshumanisation et du marchandage de son corps préexistant aux faits, doublé d’une banalisation d’une sexualité corrompue qui avait débuté dès l’âge de 11-12 ans ».
Sur le plan émotionnel, elle présente une indifférence affective en lien avec de probables aspects dissociatifs de la personnalité et un vide psychique. Une autre décrit Warren comme quelqu’un de « noir à l’intérieur », de méchant et cruel.
Lors de la garde à vue et durant l’instruction, les déclarations du jeune homme sont fluctuantes. Warren nie puis minimise son implication. Il conteste le rôle de chef et affirme qu’il assurait divers services auprès de sa protégée. Il soutient qu’il n’a jamais couché avec elle et que l’argent était divisé en parts égales.
Ses complices, y compris sa sœur, confirment dans un premier temps qu’il dirige tout et empoche la quasi-totalité des gains. Puis, au cours de l’instruction, subissant des pressions, ils révisent leur copie et tentent de faire passer Warren pour un membre lambda de la petite bande.
Un événement vient contredire cette version.
Entre le 7 et le 12 août 2022, Marisa est enlevée, séquestrée et battue par un groupe d’hommes qui filme la scène pour que Warren puisse la voir depuis sa cellule de la prison de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Selon la plaignante, il a ordonné cette expédition punitive après avoir appris qu’elle continuait à se prostituer pour un autre homme.
Des affaires complexes et ambivalentes
Les autorités n’ont pas été à la hauteur du danger que courraient ces jeunes adolescentes, estime Me Hedi Dakhlaoui, l’avocat de Warren. Il rappelle que les forces de l’ordre ont surveillé les activités prostitutionnelles de ces jeunes filles sans y mettre fin dans le seul but de constituer une procédure solide.
« Une méthode qui est pour le moins moralement discutable, car la santé et la sécurité de ces adolescentes par ailleurs en grande difficulté sociale et psychologique auraient dû être une priorité. »
Et d’ajouter que le portrait de son client, dressé par les victimes et la justice, « mérite d’être débattu devant les jurés, car la réalité sociale et les ressorts psychologiques liés à ces affaires de proxénétisme de quartier sont beaucoup plus complexes et ambivalents qu’ils n’y paraissent au premier regard ».
Le délibéré sera rendu le 26 septembre.
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