Melun | 135 dossiers pour proxénétisme traités en 3 ans

Le chiffre est édifiant.

Depuis 2021,135 dossiers pour proxénétisme aggravé ont été traités au sein de l’agglomération de police de Melun Val de Seine (Seine-et-Marne).

Les policiers de la brigade des stupéfiants, qui luttent au quotidien contre les trafics de drogue et l’économie souterraine, n’ont pas ménagé non plus leurs efforts pour combattre un autre fléau : celui du proxénétisme.

« En fait, on constatait une augmentation du phénomène de la prostitution de cité, avec souvent des mineures en fugue exploitées par des jeunes à peine plus âgés qu’elles, décrypte un policier. Le développement des réseaux sociaux a fait sauter les barrières régionales. Nous avons eu par exemple une jeune fille qui venait du Doubs. »

Que ce soit dans les meublés de tourisme ou dans les hôtels à petits prix, l’agglomération est régulièrement secouée par des affaires qui n’impliquent pas que des mineures.

Plusieurs cas de femmes venues de l’étranger viennent vendre leurs charmes, via notamment des sites comme Wannonce ou encore Sexemodel, et les proxénètes ne sont jamais très loin.

« Pour faire face à ce phénomène, nous avons renforcé les effectifs et les résultats sont là, se félicite un proche du dossier. Les enquêtes ont permis d’aboutir à plusieurs dizaines d’interpellations ainsi qu’à 25 déferrements de mis en cause et, dont certains étaient écroués. »

D’autres sont parfois parvenus à passer entre les gouttes.

L’affaire que ces policiers ont résolue fin mai, début juin 2024, illustre ce à quoi ils sont de plus en plus confrontés.

À cette époque, ils avaient ouvert une enquête à l’encontre d’une mineure de 17 ans prostituant une autre mineure de 14 ans.

Elle-même prostituée, elle initiait l’adolescente en lui réservant des chambres d’hôtel sur les communes de Melun, Saint-Denis et Stains en Seine-Saint-Denis.

Le petit ami de la mineure de 17 ans était également interpellé pour proxénétisme puisqu’il profitait de l’argent récupéré.

Les deux mis en cause avaient été déférés devant le tribunal judiciaire de Melun, la mineure autrice était placée sous contrôle judiciaire et la victime prise en charge par les services de protection de l’enfance.

Les exemples concernant l’exploitation des femmes venues de l’étranger, ne manquent pas non plus.

En décembre 2023, après huit mois d’enquête, une petite entreprise familiale de prostitution de femmes d’origine sud-américaine qui sévissait à Melun et en Seine-Saint-Denis, était démantelée.

Un couple possédant des biens immobiliers à Melun et en Seine-Saint-Denis était mis en cause ainsi que deux autres femmes de la même famille et deux autres individus.

Des femmes victimes de leurs proxénètes et parfois de leurs clients

Il était recensé près de 60 prostituées sur ces deux sites.

Des clients étaient entendus et confirmaient avoir eu recours à la prostitution, ils ont écopé d’un stage de sensibilisation à la lutte contre la prostitution.

Les protagonistes, qui ont nié les faits, ont été interpellés et jugés en comparution immédiate.

L’appartement ayant servi à la prostitution, d’une valeur de 88 000 euros, était saisi, ainsi que 97 500 euros sur leurs différents comptes bancaires.

Toujours à Melun, les policiers ont mis fin aux activités d’un réseau constitué de cinq prostituées venues du Paraguay.

Elles louaient des appartements via des plateformes rue Dajot et les clients étaient recrutés sur le site Sexemodel.

L’un des propriétaires, un agent immobilier, a été arrêté et son logement, d’une valeur de 52 000 euros, a été saisi, ainsi que la somme de 35 000 euros qu’il possédait sur ses comptes bancaires.

Enfin, il faut aussi rappeler que ces femmes ne sont pas seulement des victimes de ceux qui profitent d’elles.

Elles sont aussi souvent la cible de clients violents.

En octobre 2023, deux prostituées avaient ainsi été agressées par un client dans un appartement situé non loin de la gare de Melun.

Ce dernier client avait pris rendez-vous via Sexemodel et une fois sur place, il avait exigé de l’argent et face au refus de ces dames, il les avait frappées à l’aide d’un marteau.

Interpellé, il avait nié avoir voulu soustraire de l’argent, mais plutôt vouloir récupérer le sien, changeant d’avis quant à la prestation sexuelle tarifée.

Au final, il a été condamné à 3 ans de prison dont un an avec sursis probatoire et placé sous mandat de dépôt.