Ariège | 10 ans de prison pour le pédocriminel récidiviste

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Une justice encore confrontée à son laxisme
Le récidiviste Pascal C., 63 ans, condamné à 10 ans de prison pour le viol d’une adolescente de 15 ans dont l’âge mental est estimé à 7-8 ans

Ce lundi 13 mai 2024 s’est ouvert, devant la Cour d’Assises de l’Ariège, le procès du récidiviste Pascal C., un boucher de profession âgé actuellement de 63 ans.

Il est accusé des viols d’une adolescente de 15 ans dont l’âge mental est estimé à 7-8 ans.

Ce père de 3 enfants a connu une vie mouvementée entrecoupée par des périodes derrière les barreaux.

À tel point que la présidente de la cour d’assises, Hélène Ratinaud n’a pas hésité à envoyer une petite pique : «Vous êtes un habitué des cours d’assises alors n’oubliez pas de nous regarder pour répondre»

C’est en effet la 3ème fois que ce Bordelais de naissance passe devant les Assises.

«C’est quelque chose qui n’est pas commun», sourit l’avocat des 2 parties civiles, Maître Guy Dedieu.

S’il goûte à la prison pour la 1ère fois à 18 ans, après un vol à main armée, c’est sa 2ème condamnation qui sera la plus longue.

En reprenant son casier judiciaire, la présidente lui demande : «Comment la relation avec votre femme s’est terminée ?»

Il répond : «Je l’ai tuée ! J’ai attrapé un couteau et je l’ai tuée après une ultime dispute» Une réponse aussi froide qu’honnête qui a glacé le sang des personnes présentes. Un meurtre qu’il avait tenté de dissimuler en jetant le corps dans la Dordogne en 92.

Avant d’être arrêté trois mois plus tard, l’homme avait profité de la mort de sa femme pour infliger des agressions sexuelles sur sa belle-fille (fille d’un autre mariage de la femme qu’il venait de tuer).

Condamné à 18 ans de prison, l’homme qui a grandi entre Gironde et Ariège, s’est installé dans le Couserans une fois remis en liberté après 12 ans de détention.

Lorsqu’ Hélène Ratinaud lui demande quel regard l’accusé porte sur sa vie, sa réponse est sans concession :

«C’est un fiasco. J’ai un peu raté ma vie»

Pour ce nouveau passage aux Assises, il comparaît libre.

Ce boucher de profession a été remis en liberté 8 mois après la plainte déposée par la victime, le 16 février 2018. Il est actuellement sous contrôle judiciaire

Il faut remonter au début de l’année 2018 pour comprendre pourquoi Pascal C. se retrouve devant la cour d’assises de l’Ariège.

Il y a 6 ans, il a violé, deux fois, une amie de ses filles.

La première fois s’est déroulée déroulés dans la nuit du 1er au 2 janvier 2018.

Alors que ses deux filles avaient invité Justine*, il a incité l’adolescente de 15 ans à dormir avec lui et à profiter de ce moment-là pour « la caresser et introduire sa main sous son pyjama », indique Hélène Ratinaud, présidente de la cour d’assises.

Pascal C., recommence quelques semaines après.

Mais cette fois-ci, il fait en sorte que ses filles ne soient plus à son domicile.

En effet, alors que la victime est en week-end chez ses deux copines depuis le vendredi, il conduit ses dernières chez leur grand-mère, le dimanche en fin d’après-midi, et reste seul avec Justine.

Dans un petit village du Couserans, la soirée du dimanche 4 au lundi 5 février 2018 devient alors un enfer pour la victime, prise au piège.

D’autant plus que, Pascal C. coupe les deux téléphones et la prive de tout moyen de communication.

«Vers 18 heures, je suis allé prendre ma douche», raconte à la barre la victime, la voix tremblante.

Il décide alors de rentrer dans la salle de bains. «Il a tiré le rideau et il est rentré tout nu. Il m’a passé le gant»

Elle décide alors de prendre la fuite et quitte précipitamment la pièce.

Le cinquantenaire – qui est, à ses yeux, une personne de confiance puisqu’en plus d’être le père de ses copines, il est aussi ami de son oncle –, ne s’arrête pas là.

Alors qu’elle est en pyjama, l’accusé, en caleçon, la prend par le bras et l’amène dans sa chambre.

Il l’installe sur le lit et commence à la dévêtir.

«À ce moment-là, il m’a demandé si je voulais voir un film pornographique», se souvient Justine.

Après l’avoir déshabillée, il se remet nu.

«Il me dit qu’il veut me mettre un doigt et deux sex-toys», explique la victime, d’autant plus vulnérable qu’elle souffre d’un retard mental «moyen».

En 2018, elle ne maîtrisait pas les parties du corps. Pour parler de son sexe, elle disait en bas.

Elle n’était pas en mesure de se défendre face à un homme plus expérimenté qu’elle », analyse l’ensemble des experts.

Tous affirment que les difficultés psychiques de la victime sont visibles et qu’elle est sujette à «une forte soumission de la part d’un adulte et que la sexualité ne fait clairement pas partie de ses priorités».

Malgré les nombreuses tentatives de refus, lui ne s’arrête pas là et exécute ses envies perverses.

Il se sert de ces sex-toys pour faire vivre l’enfer à Justine, qui ne peut pas se défendre et surtout qui est seule dans une maison isolée.

Si l’histoire pouvait s’arrêter-là, l’homme, âgé alors de 57 ans, recommence en massant de force la victime tout en exhibant et en masturbant son sexe.

Devant les enquêteurs où fasse aux jurés, sa position est figée.

«Je reconnais avoir eu des relations avec elle, mais elle était consentante», explique-t-il avec assurance devant les jurés, même si tout l’accable dans ce dossier.

Quoi qu’il en soit, et avant même de connaître la décision de la cour d’assises, la victime raconte avoir été profondément marquée : «J’ai eu peur, j’étais angoissé. Je n’ai pas pu dormir sans veilleuse pendant longtemps. J’avais peur de sortir et de le croiser»

Arrivé libre ce 14 mai au tribunal pour le 2ème jour de son procès, l’accusé a pu compter sur le soutien de ses proches.

Sa fille, 20 ans, à la barre : «On a besoin de lui. C’est la seule figure parentale que j’ai. Je viens d’avoir un enfant et j’ai besoin de lui. Ma sœur est angoissée, elle a 14 ans, besoin d’un père».

Elle fond en larmes et en dit aussi un peu plus sur la victime : «Ce n’est pas la copine la plus intelligente, mais elle n’est pas méchante»

Son ex, qui dépeint un homme «généreux» mais «porté sur le sexe» et qui avait tendance lorsqu’ils étaient ensemble à «beaucoup regarder ma nièce de 12 ou 15 ans».

Son ex-avocate dépeint un homme «courageux», «digne» et qui «n’avait pas conscience d’avoir fait du mal» à Justine*.

Un expert en cybersécurité a dévoilé le contenu de son ordinateur.

Il y avait notamment des traces de fichiers pédopornographiques, des vidéos porno. avec des jeunes filles, des nombreuses recherches avec le mot-clé «Teen» [“ado” en français, NDLR] ou encore quelques photos orientées d’adolescentes.

Pascal C. face à la présidente Hélène Ratineau semble serein, prêt à répondre.

Il revient sur les faits qui se sont déroulés la nuit du 1er au 2 janvier 2018: «Lorsqu’elle est descendue, je lui ai dit que si elle voulait dormir, ça serait avec moi et elle est venue. À ce moment-là, je suis flatté qu’une jeune fille souhaite partager mon lit»

Il reconnaît aussi son attirance pour les jeunes femmes de 25-30 ans.

«Même si je refuse de vieillir, il vient un moment où c’est de plus en plus rare de séduire de si jeunes femmes».

Pour autant, il reconduit son discours sur le consentement, même si une légère nuance apparaît : «C’est une incompréhension. Je n’aurai pas dû donner suite mais je reste convaincu qu’elle était au moins en partie consentante. Je me suis peut-être trompé»

Une phrase qu’il répétera avant que la cour ne parte délibérer.

Mais avant de se réunir pour décider du verdict, plaidoiries et réquisitions ont rythmé l’après-midi.

C’est Maitre Guy Dedieu, conseil des 2 parties civiles, qui a débuté : «Ce n’est pas une adolescente ordinaire. Elle a le développement d’un enfant de 7 ou 8 ans. Elle est incapable de se protéger des autres et il était impossible de se méprendre sur ses facultés mentales. Les experts sont unanimes. Elle n’avait pas la maturité nécessaire, personne ne peut passer à côté. De plus, je pense qu’on a, de la part de l’accusé, une profonde mauvaise foi. Il avait repéré Justine comme une personne vulnérable et a décidé d’en profiter.».

Il requiert 12 à 15 ans de prison.

Maitre Christian Etelin, l’avocat de Pascal C. reconnaît le viol de son client en indiquant «qu’il a manqué de jugeote et s’est laissé aller à deux reprises», mais peste contre la présentation faite de l’accusé par la justice : «Pourquoi y a-t-il cette volonté de le présenter de la manière la plus noire possible ? Est-ce utile de le réduire au crime qu’il a commis dans le passé ?»

De plus, après avoir présenté des nouveaux documents faisant référence à des conversations entre l’accusé et la victime, il rajoute : «Il faut juger cet homme, qui a un cerveau d’enfant, mais qui a dû avoir des signaux pour croire qu’une relation était possible» Il étaye ses propos : «Il faut se méfier du fétichisme de la parole de l’enfant»

Après près de 3 heures de délibérations, la cour d’assises de l’Ariège a condamné Pascal C. à 10 ans pour le viol d’une personne vulnérable, et ce en état de récidive légale.

*prénom de la victime modifié

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