Le Havre | Un an de prison ferme pour avoir agressé sexuellement pendant 2 ans une apprentie vendeuse

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Un climat instauré par l’accusé qui « relève du harcèlement sexuel »
Le tribunal correctionnel du Havre jugeait, le 23 janvier 2024, une affaire d’agressions sexuelles subies pendant deux ans par une apprentie vendeuse en boulangerie.

Un boulanger a été condamné par le tribunal du Havre, ce mercredi 23 janvier 2024, pour avoir agressé sexuellement une apprentie durant deux ans.

Un dossier lourd

Le président du tribunal commence par pointer deux choses.

L’absence « regrettable » de l’accusé, tout d’abord. L’épaisseur du dossier, ensuite.

« 39 pages, ce n’est pas rien », insiste-t-il.

Ces 39 pages contiennent les procès-verbaux d’audition de Marine*, la victime, de Baptiste*, le prévenu, et des témoins qui se sont succédés dans les locaux d’une gendarmerie de l’agglomération havraise.

Marine est encore mineure lorsqu’elle va déposer plainte, le 8 septembre 2022.

Depuis ses 15 ans, elle est en apprentissage, en tant que vendeuse en boulangerie. Le travail lui plaît. Elle s’entend bien avec ses collègues, elle y a d’ailleurs rencontré son petit copain.

Pourtant, depuis près de deux ans, elle affirme subir de façon répétée des agressions sexuelles de la part de l’un des boulangers, Baptiste.

Ce sont des attouchements sur ses fesses, sur sa poitrine. Au niveau de son pubis, aussi.

Un traumatisme durable

 « Il faut se rendre compte des situations glauques dans lesquelles s’est trouvée ma cliente », martèle son avocat.

« Il la suivait dans la chambre froide après s’être assuré qu’il n’y avait personne d’autre. »

Il insiste sur le lien de subordination entre cette toute jeune apprentie, qui espère être embauchée par la suite, et le trentenaire qui travaille là depuis longtemps.

Puis l’avocat de Marine évoque le traumatisme, conséquence de ces deux années d’agressions.

Lorsqu’elle est devenue majeure, Marine a pris un appartement. Elle l’a finalement rendu parce qu’elle avait peur de vivre seule.

L’avocat de la victime

La procureure, quant à elle, commence par saluer le courage de Marine, qui malgré tout continue à venir travailler « avec le sourire, parce qu’elle veut être une bonne vendeuse, une bonne collègue ».

Puis elle décrit le climat instauré par l’accusé, qui « relève du harcèlement sexuel ».

Ce sont des propositions de rapports sexuels répétées, des remarques « insidieuses », des questions sur les sous-vêtements qu’elle porte.

Marine s’oppose, résiste, le gifle à plusieurs reprises, mais rien n’y fait. Lorsqu’elle finit par s’en ouvrir au lycée, on lui conseille d’en parler au patron. Lequel organise une réunion, dans son bureau.

Baptiste nie tout ce dont on l’accuse, mais « il est gêné, mal à l’aise, il répond systématiquement à côté de la plaque », d’après la déposition de l’employeur, qui déclare aux gendarmes :

« Je me suis vite fait une idée de la situation. »

Une peine de prison ferme

Le lien de subordination et la situation de précarité de la victime sont autant d’éléments qui conduisent le parquet à requérir 12 mois d’emprisonnement et deux ans de suivi socio-judiciaire.

La procureure déplore, elle aussi, l’absence de Baptiste et de son avocat.

« Cela ne joue pas en sa faveur », affirme-t-elle.

Le tribunal condamne Baptiste à 12 mois d’emprisonnement**.

Il devra également verser à Marine la somme de 3 000 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice psychologique, et 200 euros au titre du préjudice matériel.

À peine sortie de l’adolescence, Marine était venue au palais de justice accompagnée de sa mère. Sitôt l’audience levée, les deux femmes quittent la salle en silence. Devant le tribunal, Marine n’aura prononcé que quelques mots.

*Prénom d’emprunt

**Cette peine est susceptible d’appel. Tout justiciable demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

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