Meaux | Piégé par les cyber-enquêteurs il écope de 18 mois de prison avec sursis

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Alice, faux profil d’une fillette de 11 ans sur le site coco.gg
Un Meldois âgé de 46 ans a été entendu par le tribunal de Meaux après avoir été piégé par la police. Il pensait envoyer une proposition sexuelle à une mineure de 11 ans.

Les sites de chat ou de rencontres sont un véritable terrain de chasse pour les équipes de cyber-enquêteurs qui traquent les pédocriminels sur Internet.

Ils disposent de différents moyens d’action, mais emploient aussi des stratagèmes pour les piéger.

En novembre 2023, la cyberbrigade de Meaux a créé le faux profil d’une fillette de 11 ans, Alice, sur le site coco.gg sous le pseudo « ELO77 ».

Quelques heures à peine après l’inscription, un internaute prend contact avec la supposée jeune fille et engage une discussion sympathique. Mais très vite, le ton change.

L’homme, âgé de 46 ans, suggère un rendez-vous rapide et mentionne « des envies de caresses », indique le tribunal de Meaux, dans son rappel des faits.

« Échapper à son quotidien »

L’internaute l’invite ensuite à poursuivre la conversation sur WhatsApp et ils ont convenu de se retrouver dans un Drive, lui, dans un véhicule professionnel bleu et elle en robe rouge.

Aussitôt, une souricière est mise en place avec un équipage positionné aux abords. La fourgonnette est rapidement repérée.

Son immatriculation a permis d’identifier le propriétaire, dont l’identité est confirmée par l’adresse IP de l’ordinateur utilisé.

L’internaute meldois, répondant au nom de Sébastien, est alors appréhendé.

Au cours de sa garde à vue, il tente de minimiser son acte. Il indique que son « couple rencontre des difficultés après douze années de mariage », et qu’il cherchait à « échapper à son quotidien » et ressentait « un besoin irrésistible d’adrénaline ».

Il évoque aussi des pulsions sans arrière-pensées et reconnaît avoir eu « une dizaine de contacts » via le site sans « jamais penser passer à l’acte ».

Il a également prétendu qu’il ne s’agissait que de les observer de loin sans les aborder. La seule personne rencontrée physiquement était majeure.

Lors de la perquisition organisée à son domicile, les gendarmes ont saisi son ordinateur.

À cette occasion, ils ont rencontré son épouse, qui a alors appris que leur union connaissait des problèmes, mais également les enfants du couple, âgés de neuf et douze ans.

La garde à vue a été levée 48h plus tard, et l’homme s’est retrouvé libre, sous contrôle judiciaire en attendant son jugement.

Un « prédateur »

Mercredi 10 janvier, Sébastien a répondu à la convocation et s’est présenté à la barre. Une fois les faits résumés et avant d’instruire le dossier, la présidente d’audience lui demande d’expliquer sa conduite.

Il renouvelle alors ses déclarations précédentes, mais la teneur des messages retrouvés dans ses correspondances, à caractère très sexuel, a contredit ses affirmations.

À partir de ces éléments, la juge n’a pas mâché ses mots, le qualifiant de « prédateur » et trouvant inconcevable qu’il ait osé « parler de sexe à une enfant de onze ans » alors qu’il a reconnu qu’il serait impensable que cela arrive à sa fille de douze ans.

Après s’être souciée du comportement de Sébastien, la juge s’est attachée à sa personnalité.

D’abord sur le plan psychiatrique, en s’appuyant sur le rapport de l’expert ayant procédé à un examen durant la garde à vue.

Ce dernier a conclu à une immaturité affective, mais l’a déclaré responsable de ses actes.

Puis sur le plan psychologique, en revenant sur les pulsions. Sébastien a reconnu que les deux jours passés en cellule ont constitué « un électrochoc » qui a provoqué leur disparition.

Enfin, sur le plan personnel en le questionnant sur l’incidence de cette accusation. Sébastien a répondu simplement que son couple s’était renforcé et que c’était sans conséquence sur son emploi.

Jugé coupable

En préambule à ses réquisitions, la procureure de la République s’est dite satisfaite de la vigilance de la gendarmerie et soulagée qu’il n’y ait jamais eu de passage à l’acte.

Par contre, elle n’a pas paru convaincue par les propos de Sébastien assurant la fin de ses attirances sexuelles déviantes.

L’absence d’antécédents judiciaires a certainement contribué à minorer la peine demandée par le ministère public qui était de cinq ans tout en lui conservant un caractère significatif.

Le Meldois écope de 18 mois de prison avec sursis probatoire assorti d’une obligation de soins psychologiques et d’une interdiction de travailler au contact de mineurs pendant dix ans.

Son nom sera inscrit au fichier des délinquants sexuels (FIJAIS).

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