La Réunion | Une jeune fille fragile agressée au sein d’une clinique psychiatrique

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“Cette jeune fille, je l’avais repérée depuis longtemps. Je l’observais, j’étais attiré par elle…”
Les faits qui ont été jugés ce mercredi dans le cadre de la comparution immédiate font froid dans le dos. Un homme de 72 ans a agressé sexuellement une jeune fille diminuée par des problèmes psychologique. Plus encore que les faits, le lieu de l’agression pose question.

Le dimanche 7 août dernier, une jeune fille mineure de plus de 15 ans  a vécu un véritable enfer.

Alors qu’elle séjourne depuis un long moment dans une clinique psychiatrique de l’ouest, elle se fait agresser sexuellement par un autre patient, âgé de 72 ans.

Un infirmier, qui la voit sortir choquée et en pleurs de la chambre du septuagénaire, la prend en charge et lui demande ce qu’il lui arrive.

Elle explique alors que le monsieur l’a prise par le bras de force pour l’emmener dans sa chambre, qu’il l’a embrassée dans le cou puis sur la bouche avec sa langue mais qu’elle ne voulait pas.

Elle ajoute qu’il lui a ensuite caressé les seins par-dessus ses vêtements puis l’a mise debout et a plongé les mains dans son short pour lui caresser les fesses.

C’est grâce à l’arrivée de son colocataire qu’elle a réussi à sortir.

Lors des auditions, un infirmier indique qu’il a remarqué que ce monsieur tournait autour de la victime qu’il définit d’ailleurs comme étant “facilement manipulable” en raison de son caractère enfantin.

Ses parents ont déposé plainte et le prévenu a été exclu de la clinique.

À la barre, le prévenu, comparaissant libre après avoir demandé un renvoi de l’audience le 24 d’août dernier, reconnait les faits même s’il les minimise :

“Je l’ai embrassée et caressée mais elle n’a rien dit“,

explique-t-il au président.

Lors de son audition, la jeune fille n’avait pas eu la même vision des faits :

“Il m’a assise sur le lit, m’a dit que j’étais sa chérie et a voulu me prendre par la main mais je ne voulais pas.
Il m’a caressée dans le dos et il m’a forcée à l’embrasser”. 

Expliquant qu’il avait porté ses mains vers sa poitrine et ses fesses, elle expliquait avoir “refusé et tenté de lui mettre un coup de poing” sans y parvenir.

“J’ai accepté un bonbon et me suis réfugiée dans la salle de bain avant de m’enfuir quand son colocataire est entré dans la chambre.
J’étais en colère contre ce monsieur“,
relatait-elle aux enquêteurs.
Alors que le septuagénaire nie quelque peu les déclarations de la victime, le président lui rappelle ses propos en audition :
“Cette jeune fille, je l’avais repérée depuis longtemps.
Je l’observais, j’étais attiré par elle. J’ai forcé les choses.
J’ai caressé ses seins, je l’ai mise debout et j’ai plongé mes mains dans son short pour caresser ses fesses mais elle ne voulait pas.
J’ai remarqué qu’elle était jeune et fragile, qu’elle avait des faiblesses “.
Un récit glaçant même s’il est atteint d’une lourde pathologie suite à deux AVC.
“Elle ne donnait pas l’impression de ne pas vouloir.
J’ai eu une attirance trop forte pour cette jeune fille, je n’ai pas réussi à me contrôler“,
insiste-t-il aujourd’hui face au tribunal.

“Depuis cette agression, elle va mal et ne va plus en cours”

Présent à l’audience, le père de la victime témoigne avec dignité :

“La santé de ma fille est fragile.

Elle est hospitalisée depuis un long moment mais elle allait mieux en juin et avait même repris les cours.

Depuis cette agression, elle va mal et ne va plus en cours.

Nous l’avions vue la veille des faits et j’ai remarqué que ce monsieur était constamment près de nous.

Je lui ai même dit bonjour.

Dans notre malheur, on a eu de la chance que ça ne soit pas allé plus loin“,

exprime-t-il pour la défense de sa fille.

“C’est un dossier hors norme car les faits sont commis au sein d’une clinique, endroit où elle vient pour être protégée car elle est fragile.

C’est inacceptable pour la famille de la victime“,

assène le parquet.

“Elle remontait doucement la pente et ces faits ont tout détruit.

Combien de temps va-t-il falloir pour qu’elle se remette de ça !

Il a compris qu’elle était fragile, qu’il pourrait faire ce qu’il voulait”,

poursuit le représentant de la société.


“On est à la limite de la tentative de viol.

Je n’oublie pas qu’il a des problèmes psychologiques, mais ça ne l’a pas dissuadé, au contraire, c’était prémédité.

C’était une proie pour lui et on ne peut s’arrêter à ses problèmes psychologiques.

Ces faits sont terribles et c’est parce qu’elle est fragile qu’ils ont été commis.

Ces faits marquent une vie, ce sont des douleurs perpétuelles.

Si le colocataire n’était pas rentré dans la chambre, on serait aux assises !“,

fustige encore le procureur qui requiert une peine de 4 ans de prison dont 2 ans de sursis probatoire et un mandat de dépôt.

 

Un défaut de surveillance de la clinique

On vous vend un dossier hors norme mais c’est un dossier classique d’agression sexuelle. 
La seule chose particulière, c’est le contexte“, rétorque la défense.
“Deux patients dans un établissement de santé mentale donc quand on est là, c’est qu’on est malade.
Les deux sont là car ils ont un problème alors pourquoi faire une différence entre eux ?
Les deux sont patients donc vulnérables.
Ce qui est certain, c’est qu’il y a un défaut de surveillance de la clinique”, 
met en avant la robe noire.
“La matérialité des faits est évidente mais il a de nombreux certificats médicaux qui font état de lourds traitements. Il est malade depuis ses deux AVC”, 
plaide encore l’avocat, rappelant qu’un médecin avait indiqué que “sa carte mémoire était grillée”.
“Ces traitements ont des effets secondaires qui lèvent ses inhibitions.
Cela veut dire qu’il n’a plus de régulation, plus de filtres, mais il est laissé sans surveillance à la clinique et il passe à l’acte.
Il a 72 ans et pas de casier, on ne peut pas l’envoyer mourir en prison“,

conclut la défense.

Le tribunal tiendra compte de ces arguments et condamnera le prévenu à 3 ans de prison intégralement assortis d’un sursis probatoire renforcé.

Il est inscrit au FIJAIS (Fichier judiciaire Automatisé des Auteurs d’Infractions Sexuelles) et devra s’acquitter de la somme de 3000€ auprès de la victime au titre du préjudicie moral subi.

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