Violences sexuelles entre mineurs | Pas un jeu d’enfant
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 19/01/2016
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Plus d’une agression sexuelle sur mineur sur trois est le fait d’un autre mineur (chiffre 2009). Parce que ces agressions ont lieu au sein des familles ou à l’école, parce que ce sont des enfants, elles restent tabou.
Or les conséquences à l’adolescence sont majeures.
Quand cette maman a appris, avant les vacances de Pâques, que son fils avait été agressé sexuellement par un copain d’école, « le ciel lui est tombé sur la tête » et, en même temps, elle a enfin compris pourquoi elle ne reconnaissait plus son petit garçon de 10 ans ces dernières semaines. Pourquoi il n’avait jamais été aussi agressif. Pourquoi à chaque fois qu’elle lui proposait d’inviter ce copain à la maison, il faisait en sorte qu’il ne vienne pas. Les faits se sont produits deux-trois mois auparavant, dans les toilettes de l’école.
Les faits révélés, et reconnus par l’agresseur, les parents s’attendent à une réaction en chaîne, à la mise en place des mesures de prévention. Mais les faits se sont produits sur le temps périscolaire et, dans un premier temps, seul le directeur de l’école est informé. Il assure qu’il va surveiller l’enfant. « Mais il n’est pas là tout le temps », constate la maman.
« Droit à la reconstruction »
Les parents portent plainte et découvre la violence des faits, « qualifiés de viol ».
Ils pensent alors que, naturellement, l’agresseur va être contraint de changer d’établissement.
Des élèves, au courant, s’interrogent eux aussi. « Mais non, l’enfant a repris les cours normalement après les vacances de Pâques, comme si cela pouvait encore attendre. Par contre, on m’a conseillé de changer mon fils d’école. On nous faisait valoir l’âge de l’agresseur, son droit à la reconstruction. Et celle de mon fils ? »
Un mois plus tard, la psychologue scolaire appelle les parents. « Nous n’avions pas attendu pour en voir une. »
Et, finalement, l’agresseur a changé d’école à la rentrée, « mais on nous a bien fait comprendre que c’était à notre demande ».
Les parents, après avoir eu « besoin de reprendre un peu de souffle », se sont portés partie civile et ont pu avoir ainsi accès à l’ensemble du dossier.
L’agresseur de leur fils ne sera jamais jugé. À quelques jours près, il n’avait même pas encore 10 ans. Mais devant la gravité des faits, la plainte n’a pas été classée.
En septembre prochain, les deux élèves passent en 6e, les parents de la victime voudraient être assurés qu’ils ne se retrouveront pas à nouveau dans le même établissement. Car leur fils est « transformé » et a enfin retrouvé un certain calme.
Jugé irresponsable
En juillet 2014, une autre maman témoignait dans La Voix du Nord. Son fils de 6 ans a lui aussi été agressé sexuellement par un camarade à l’école. L’agresseur reconnaît les faits, plainte est déposée mais la justice classe l’affaire, estimant l’agresseur irresponsable.
Les faits ont également été signalés à l’académie mais l’enfant reste scolarisé dans le même établissement.
Pendant un mois, il est privé de récréation, cantine et activités périscolaires, avant d’être réintégré, sous surveillance.
Mais elle fera rapidement défaut. L’agresseur interpelle à nouveau la victime qui n’en dort plus la nuit.
Des auteurs de plus en plus jeunes
En 2008, les affaires de mœurs représentaient plus de la moitié de la délinquance des moins de 13 ans, selon la Protection judiciaire de la jeunesse.
Et Maurice Berger témoigne : les auteurs de ces faits sont de plus en plus jeunes.
Pourtant, les adultes ont encore trop souvent tendance à les minimiser.
Orles victimes d’agression sexuelle ont six fois plus d’idées suicidaires et sont quatorze fois plus nombreuses à faire des fugues.
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