Villefontaine | Un Non-lieu pour le pédophile Romain Farina Directeur d’Ecole ayant fait près de 50 victimes

L’écœurement d’une victime après le non-lieu dans l’affaire de Villefontaine

Sarah (son prénom a été modifié), 22 ans, de dos, ici avec son avocat, Maître Hervé Gerbi. LP/Serge Pueyo

 Sarah, 22 ans, a été abusée par l’instituteur pédophile Romain Farina, qui s’est suicidé en 2016. Elle va faire appel du non-lieu rendu lundi dans cette affaire, estimant notamment que la justice et l’Education nationale doivent rendre des comptes.

On l’appellera Sarah*. Cette jeune femme de 22 ans, est l’une des 46 victimes reconnues de l’instituteur pédophile de Villefontaine (Isère). Aujourd’hui pourtant, elle ne cache pas son écœurement après avoir appris que la justice a prononcé un non-lieu dans ce dossier. Une affaire pourtant considérée par les proches des victimes et leurs avocats, comme

« le plus grand scandale de pédophilie au sein de l’Education Nationale ».

Certes, Romain Farina, l’instituteur qui poussait ses élèves à pratiquer des fellations, les yeux bandés, lors « d’ateliers du goût », s’est suicidé en prison en 2016. D’où l’extinction de l’action publique. Mais Sarah et son avocat, Me Hervé Gerbi, estiment que l’Education Nationale et la justice ont également des responsabilités dans cette affaire.

« Je suis vraiment en colère et je réclame justice. Je veux que l’on me dise que j’ai été victime, que j’ai été agressée sexuellement en 2003 alors que j’avais 6 ans »,

confie la jeune femme.

À l’époque, Sarah était en classe de CP à l’école Anatole-France de Vénissieux (Rhône).

« J’étais trop jeune pour comprendre ce qui s’était passé, poursuit-elle. J’ai porté ça pendant toute mon enfance, mon adolescence. Et, en 2015, lorsque j’ai appris que Romain Farina avait été arrêté pour avoir violé des enfants à Villefontaine, tout est remonté à la surface. »

Sarah s’est alors rappelé de ces ateliers du goût où elle allait derrière la petite bibliothèque, les yeux bandés.

« J’ai compris que je n’avais pas rêvé. Je suis allée déposer plainte dès le lendemain avec ma mère ».

«La justice et l’Education nationale doivent rendre des comptes»

Pour Sarah, il est impensable que l’instituteur pédophile ait pu sévir pendant quatorze ans sans être inquiété :

« En 2001, il y a eu d’abord la plainte des parents d’une fillette qui a été classée sans suite. Et en 2008, Romain Farina a été condamné car on avait trouvé des images pédopornographiques dans son ordinateur. Mais la justice n’a jamais alerté l’Education Nationale sur cette condamnation. Et cet homme a pu continuer à exercer, devenant même directeur d’école à Villefontaine »,

souligne Sarah qui se dit

« écœurée par la négligence des institutions ».

Selon la jeune femme, l’enseignant aurait pu être arrêté bien avant 2015. « La justice et l’Education nationale doivent rendre des comptes. Vis-à-vis de toutes les victimes. Je ne lâcherai pas. Je veux que les responsabilités soient établies. C’est douloureux d’avoir vécu ça. Un véritable traumatisme que je conserverai toute ma vie ». Sarah et son avocat ont donc décidé de faire appel de ce non-lieu prononcé lundi.

« L’enquête a montré que deux personnes ont utilisé les ordinateurs de M. Farina qui contenaient les images des viols des enfants. Qui sont-elles ? Pourquoi n’ont-elles pas été interrogées ? Ont-elles été complices ? »

s’interroge Me Hervé Gerbi. Et l’avocat d’insister :

« Pendant quatorze ans, dans sept écoles, M. Farina a disposé plusieurs caméras pour filmer ses agissements, ce qui représente quand même 512 000 photos et 11 000 vidéos. Comment se fait-il que personne n’ait rien vu ? C’est impensable. »

*Le prénom a été changé
Source : leparisien

Source(s):