Vieux-Condé | Quatorze ans de réclusion contre le beau-père incestueux

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Il m’a beaucoup menacée si je par­lais
T. D. ­P.. 41 ans, demeurant à Vieux-Condé, est reconnu coupable de viols sur sa belle­-fille de 11 ans, entre février et août 2020, et d’agressions sexuelles dès septembre 2019, le beau-père a été condamné par la Cour Criminelle Départementale ce 7 mai à 14 ans de réclusion.

Depuis le 06 mai 2024, comparaît devant la cour criminelle du Nord, à Douai, T.D.P.,un homme de 41 ans accusé de viols incestueux sur sa belle­-fille de 11 ans, commis à Vieux-­Condé entre février et août 2020.

À son ex-­épouse, est reprochée la non-­dénonciation de crime sur mineur.

« Sitôt les faits dénoncés, Marie (violée à plusieurs reprises par son beau-père à l’âge de 11 ans avec le silence complice de sa mère ) a été placée par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en famille d’accueil puis en foyer. Elle a « beaucoup fugué ».

Petit à petit, elle a pris conscience de ce qui lui est arrivé.

Si sa maman n’ a pas dénoncé son ex, elle est « très présente ».

Faute de place en foyer, l’adolescente loge à nouveau chez sa mère depuis janvier.

« Même si elle n’a pas fait son rôle de mère, elle ne nous a pas abandonnés. Elle s’est énormément rattrapée. J’ai retrouvé une famille. »

Les dégâts psychologiques sont majeurs : « J’ai beaucoup de mal à gérer mes émotions, j’ai des sautes d’humeur, des troubles du sommeil et de l’alimentation. Je suis déscolarisée car je ne suis vraiment pas bien… Tout ce qu’il a fait à mon corps, mentalement ou physiquement, ça restera toujours en moi. »

Marie (1) a fait la connaissance de son beau-­père en 2011, lorsqu’elle avait 3 ans.

L’enfant demande assez vite à sa maman si elle peut l’appeler « papa ».

En juin 2015, puis en janvier 2017, naissent ses frères. Le beau­-père se détourne de sa belle-­fille.

Un climat de contraintes règne à la maison : « Il surveille le téléphone, les te­nues, les connaissances », égraine le président Vlamynck.

Le beau­-père va jusqu’à poser un verrou sur la porte de la chambre de la jeune fille, « pour ne pas que les garçons griffonnent ses cahiers », argumente l’accusé.

« Cette position éducative dure, vous en aviez conscience ? »

La mère confirme. Et admet son impuissance : « Je lui ai dit d’ar­rêter d’interdire. » Ses mots restent sans effet.

L’homme se montre un peu trop tactile avec l’enfant : des bisous sur la bouche, une façon de l’enlacer qui choquent les visi­teurs.

« On aurait dit un petit couple… » Un palier est franchi un soir de février 2020 lorsqu’il viole Marie, alors qu’ils regardent la télé. La mère est à l’étage. Il y en aura « entre dix et onze » jusqu ’ en juillet.

« Je ne connaissais rien à la sexua­lité. Je n’avais pas le réflexe de dire non », explique l’adolescente de 15 ans, avec une certaine assurance.

« Si je m’opposais, il me tapait. » Ou la privait de nourriture. « Il m’a beaucoup menacée si je par­lais. »

L’homme, qui s’est mis à boire en 2014 à la mort de son beau­-père, finit par se rendre compte qu’il a fait « une grosse bêtise ».

Il s’en ouvre à un collègue. Le len­demain, ce dernier contacte l’épouse, qui confie qu ’ elle « le sait depuis quatre, cinq jours ».

L’enquête démontrera qu ’ « un ou deux » autres rapports ont eu lieu par la suite. L’ami raconte tout à la gendarmerie, non sans s’être démené pour convaincre la maman de porter plainte. Je m’en veux énormément de ne pas l’avoir fait. Je m’en excuse au­près de ma fille. J’avais peur de perdre mes enfants. »

« Étiez ­vous sous une forme d’em­prise ? Avez­-vous fait une forme de déni ? », l’interroge son avocate Maitre Delette.

« Oui », lâche la qua­dragénaire, enceinte de cinq mois de son nouveau compa­gnon.

L’accusé, 41 ans, peu loquace, détenu depuis le 5 août 2020, reconnaît les faits.

Dit «avoir pris conscience » de ce qu’il a fait. « Je regrette. »

Mais est incapable d’expliquer pourquoi il a fran­chi cet interdit.

L’expertise psy­chologique est sans équivoque : « Le risque de récidive semble ma­jeur. »

Le 7 mai 2024 , le verdict est rendu

T. D. ­P.. 41 ans, demeurant à Vieux-Condé, est reconnu coupable de viols sur sa belle­-fille de 11 ans, entre février et août 2020, et d’agressions sexuelles dès septembre 2019, le beau-père a été condamné par la Cour Criminelle Départementale ce 7 mai à 14 ans de réclusion, aux assises du Nord, à Douai.

La mère de la victime a aussi été reconnue coupable de non-dénonciation de crime sur mineur et est “condamnée” à du bracelet électronique et du sursis.

«T’es une ordure, tu m’as détruite, t’as détruit ma vie ! Je ne baisserai pas les bras, je réussirai ma vie quand tu seras en train de pourrir en prison ! »

De­bout depuis son banc, Marie (1) fait face à son ex beau­-père, tête basse dans son box. L’accusé reste sans réaction.

Très peu d’explications. Un « si­lence » et une « absence de ré­ponse » que déplore Maitre Dartigeas.

«Pourquoi m’as­-tu violée, moi que tu considérais comme ta fille et moi comme mon père ? », questionne­ t-­il pour sa jeune cliente.

« Après quatre ans de détention qu’ on pen­sait propices à la réflexion, sa réponse a été la même qu’aux autres questions essentielles posées par l’avocat général lundi : “Je ne sais pas”. Comme à la maison, il im­pose son silence. »

Pour l’avocat général, la culpabi­lité des accusés ne souffre d’au­cun doute, à commencer par celle du beau­-père.

« Le corps d’un enfant n’est pas négociable. L’inceste, c’est un piétinement de l’enfance. »

Reprenant le rapport de l’expert psychiatre, il dresse un portrait sans concession : « L’ensemble caractérise une dange­rosité liée à ses traits de personnali­té. »

Son avocate Maitre Delporte­ Forte insiste sur « le sentiment de culpa­bilité » manifesté par son client : « C’est ce qui va l’amener à la révé­lation des faits à sa femme et à son ami. Il a au moins le mérite de ne jamais avoir fui. »

La maman, accusée de non­-dé­nonciation de crime sur mineur ?

« Elle a réagi, mais mal », selon l’avocat général : elle voit alors sa fille « comme une rivale », « mini­mise », « on n’en parle plus, plus de contact », lui intime de ne porter ni jupes ni robes.»

L’avocate de la mère Maitre Delette temporise : « Elle était sous une forme d’emprise et de déni, un mé­canisme de défense devant une si­tuation d’effondrement. Elle a tout de suite émis des regrets sincères, un sentiment très fort de culpabili­té. »

Quarante minutes suffisent à la cour, composée de cinq magis­trats, pour se forger son intime conviction.

T. D. ­P. est condamné à 14 ans de réclusion cri­minelle – 15 étaient requis – assortis d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans.

Il sera inscrit au fi­chier des délinquants sexuels.

Et conformément aux réquisitions, une peine de deux ans est pro­noncée à l’encontre de la ma­man, un an sous bracelet élec­tronique et un avec sursis, et deux ans de probation.

T. D. ­P. devra verser 35 000 € à Marie et la mère 8 000 €.

1. Le prénom a été modifié. La Voix Du Nord ne donne pas l’identité du condamné afin de protéger la victime. Les condamnés ont dix jours pour faire appel.

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