Vieux-Condé | Quatorze ans de réclusion contre le beau-père incestueux
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 21/05/2024
- 20:19
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Depuis le 06 mai 2024, comparaît devant la cour criminelle du Nord, à Douai, T.D.P.,un homme de 41 ans accusé de viols incestueux sur sa belle-fille de 11 ans, commis à Vieux-Condé entre février et août 2020.
À son ex-épouse, est reprochée la non-dénonciation de crime sur mineur.
« Sitôt les faits dénoncés, Marie (violée à plusieurs reprises par son beau-père à l’âge de 11 ans avec le silence complice de sa mère ) a été placée par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en famille d’accueil puis en foyer. Elle a « beaucoup fugué ».
Petit à petit, elle a pris conscience de ce qui lui est arrivé.
Si sa maman n’ a pas dénoncé son ex, elle est « très présente ».
Faute de place en foyer, l’adolescente loge à nouveau chez sa mère depuis janvier.
« Même si elle n’a pas fait son rôle de mère, elle ne nous a pas abandonnés. Elle s’est énormément rattrapée. J’ai retrouvé une famille. »
Les dégâts psychologiques sont majeurs : « J’ai beaucoup de mal à gérer mes émotions, j’ai des sautes d’humeur, des troubles du sommeil et de l’alimentation. Je suis déscolarisée car je ne suis vraiment pas bien… Tout ce qu’il a fait à mon corps, mentalement ou physiquement, ça restera toujours en moi. »
Marie (1) a fait la connaissance de son beau-père en 2011, lorsqu’elle avait 3 ans.
L’enfant demande assez vite à sa maman si elle peut l’appeler « papa ».
En juin 2015, puis en janvier 2017, naissent ses frères. Le beau-père se détourne de sa belle-fille.
Un climat de contraintes règne à la maison : « Il surveille le téléphone, les tenues, les connaissances », égraine le président Vlamynck.
Le beau-père va jusqu’à poser un verrou sur la porte de la chambre de la jeune fille, « pour ne pas que les garçons griffonnent ses cahiers », argumente l’accusé.
« Cette position éducative dure, vous en aviez conscience ? »
La mère confirme. Et admet son impuissance : « Je lui ai dit d’arrêter d’interdire. » Ses mots restent sans effet.
L’homme se montre un peu trop tactile avec l’enfant : des bisous sur la bouche, une façon de l’enlacer qui choquent les visiteurs.
« On aurait dit un petit couple… » Un palier est franchi un soir de février 2020 lorsqu’il viole Marie, alors qu’ils regardent la télé. La mère est à l’étage. Il y en aura « entre dix et onze » jusqu ’ en juillet.
« Je ne connaissais rien à la sexualité. Je n’avais pas le réflexe de dire non », explique l’adolescente de 15 ans, avec une certaine assurance.
« Si je m’opposais, il me tapait. » Ou la privait de nourriture. « Il m’a beaucoup menacée si je parlais. »
L’homme, qui s’est mis à boire en 2014 à la mort de son beau-père, finit par se rendre compte qu’il a fait « une grosse bêtise ».
Il s’en ouvre à un collègue. Le lendemain, ce dernier contacte l’épouse, qui confie qu ’ elle « le sait depuis quatre, cinq jours ».
L’enquête démontrera qu ’ « un ou deux » autres rapports ont eu lieu par la suite. L’ami raconte tout à la gendarmerie, non sans s’être démené pour convaincre la maman de porter plainte. Je m’en veux énormément de ne pas l’avoir fait. Je m’en excuse auprès de ma fille. J’avais peur de perdre mes enfants. »
« Étiez vous sous une forme d’emprise ? Avez-vous fait une forme de déni ? », l’interroge son avocate Maitre Delette.
« Oui », lâche la quadragénaire, enceinte de cinq mois de son nouveau compagnon.
L’accusé, 41 ans, peu loquace, détenu depuis le 5 août 2020, reconnaît les faits.
Dit «avoir pris conscience » de ce qu’il a fait. « Je regrette. »
Mais est incapable d’expliquer pourquoi il a franchi cet interdit.
L’expertise psychologique est sans équivoque : « Le risque de récidive semble majeur. »
Le 7 mai 2024 , le verdict est rendu
T. D. P.. 41 ans, demeurant à Vieux-Condé, est reconnu coupable de viols sur sa belle-fille de 11 ans, entre février et août 2020, et d’agressions sexuelles dès septembre 2019, le beau-père a été condamné par la Cour Criminelle Départementale ce 7 mai à 14 ans de réclusion, aux assises du Nord, à Douai.
La mère de la victime a aussi été reconnue coupable de non-dénonciation de crime sur mineur et est “condamnée” à du bracelet électronique et du sursis.
«T’es une ordure, tu m’as détruite, t’as détruit ma vie ! Je ne baisserai pas les bras, je réussirai ma vie quand tu seras en train de pourrir en prison ! »
Debout depuis son banc, Marie (1) fait face à son ex beau-père, tête basse dans son box. L’accusé reste sans réaction.
Très peu d’explications. Un « silence » et une « absence de réponse » que déplore Maitre Dartigeas.
«Pourquoi m’as-tu violée, moi que tu considérais comme ta fille et moi comme mon père ? », questionne t-il pour sa jeune cliente.
« Après quatre ans de détention qu’ on pensait propices à la réflexion, sa réponse a été la même qu’aux autres questions essentielles posées par l’avocat général lundi : “Je ne sais pas”. Comme à la maison, il impose son silence. »
Pour l’avocat général, la culpabilité des accusés ne souffre d’aucun doute, à commencer par celle du beau-père.
« Le corps d’un enfant n’est pas négociable. L’inceste, c’est un piétinement de l’enfance. »
Reprenant le rapport de l’expert psychiatre, il dresse un portrait sans concession : « L’ensemble caractérise une dangerosité liée à ses traits de personnalité. »
Son avocate Maitre Delporte Forte insiste sur « le sentiment de culpabilité » manifesté par son client : « C’est ce qui va l’amener à la révélation des faits à sa femme et à son ami. Il a au moins le mérite de ne jamais avoir fui. »
La maman, accusée de non-dénonciation de crime sur mineur ?
« Elle a réagi, mais mal », selon l’avocat général : elle voit alors sa fille « comme une rivale », « minimise », « on n’en parle plus, plus de contact », lui intime de ne porter ni jupes ni robes.»
L’avocate de la mère Maitre Delette temporise : « Elle était sous une forme d’emprise et de déni, un mécanisme de défense devant une situation d’effondrement. Elle a tout de suite émis des regrets sincères, un sentiment très fort de culpabilité. »
Quarante minutes suffisent à la cour, composée de cinq magistrats, pour se forger son intime conviction.
T. D. P. est condamné à 14 ans de réclusion criminelle – 15 étaient requis – assortis d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans.
Il sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Et conformément aux réquisitions, une peine de deux ans est prononcée à l’encontre de la maman, un an sous bracelet électronique et un avec sursis, et deux ans de probation.
T. D. P. devra verser 35 000 € à Marie et la mère 8 000 €.
1. Le prénom a été modifié. La Voix Du Nord ne donne pas l’identité du condamné afin de protéger la victime. Les condamnés ont dix jours pour faire appel.
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