Versailles | Viols, tortures : un prêtre intégriste jugé aux assises

L’abbé Christophe R. est jugé à partir de ce mardi après-midi. Il est renvoyé devant la cour d’assises des Yvelines à Versailles pour viols, actes de torture et de barbarie.

Quatre années auront été nécessaires pour que les victimes se libèrent et osent déposer plainte contre Christophe R.

Aujourd’hui âgé de 43 ans, ce prêtre intégriste de la Fraternité Saint-Pie X est jugé cette semaine par la cour d’assises de Versailles.

Les actes qui lui sont reprochés sont particulièrement sordides.

Ils datent de l’époque où il assumait la fonction de directeur de l’école privée Notre-Dame-de-la-Sablonnière, à Goussonville, un petit village proche de Mantes-la-Jolie.

L’affaire a éclaté en septembre 2013 lorsque Eliane* saisie le parquet de Versailles.

Elle dénonce une série de viols dont elle aurait été victime pendant plusieurs années.

Le récit de cette enseignante, alors âgée de 32 ans, va immédiatement mettre en alerte la justice.

Premier viol dans la grange

Eliane raconte que l’abbé aurait mis en place une thérapie personnelle lui permettant « d’accepter les hommes pour ensuite se marier ».

Il parvient à la persuader qu’elle a été victime d’agressions sexuelles dans son enfance.

Et il n’y a qu’une méthode pour s’en sortir. La sienne.

En juin 2010, Eliane l’accompagne chez ses parents, à Saint-Quentin-sur-le-Homme dans la Manche.

Dans une grange, elle est contrainte de se déshabiller.

Un premier viol aurait eu lieu avec un gant de toilette puis avec une brosse à dents.

Dans la même semaine, c’est dans la cave de l’école qu’il aurait abusé d’elle.

Violée avec des objets, fouettée avec une chemise

Peu de temps après, la malheureuse subira d’autres attaques, cette fois avec une paire de ciseaux, un manche de balai, un pinceau ou des aiguilles à tricoter.

« Il avait dit que j’avais été fouettée par le passé et que je devais revivre ces événements.

Il m’a alors frappée sur tout le corps avec sa chemise », racontera-t-elle aux enquêteurs.

Rapidement, Eliane découvrira qu’elle n’est pas la seule à subir de tels sévices.

Diane*, 23 ans à l’époque, a aussi subi un véritable lavage de cerveau.

Christophe R. aurait réussi à la persuader qu’elle avait subi des agressions de la part d’hommes de sa famille.

À partir d’avril 2010, elle le rencontrera chaque semaine.

Elle subira plusieurs attaques chez les parents de l’abbé et en parlera avec Eliane.

Diane racontera des séances sous la douche de l’école, des cunnilingus, une fellation, une sodomie.

Exorcisée lorsqu’elle en parle

Elle s’en plaindra auprès d’un autre prêtre de la Fraternité Saint-Pie X.

En réponse, elle sera exorcisée.

Cet autre prêtre expliquera au juge d’instruction ne pas avoir dénoncé les faits car, « s’agissant de majeures, il lui semblait que c’était à elles de le faire ».

Une enquête ecclésiastique interne sera quand même ouverte.

Elle aboutira à un décret extrajudiciaire de la Fraternité.

Il ne retiendra aucune violence ni rapport sexuel mais devra donner lieu :

« à des remèdes pénaux et ultimement à une pénitence […]

dans un but d’amendement, de réparation et de protection ».

« Très affectif avec les enfants »

En détresse, Diane ira jusqu’à se briser le bras pour éviter une nouvelle agression.

Plus tard, le responsable de la communauté, Monseigneur Fellay, lui enverra des documents à remplir.

Elle doit répondre à plusieurs questions relatives aux attaques.

Manipulée par l’abbé, elle les renverra sans mentionner l’idée d’un viol.

Ce n’est qu’en juin 2013 qu’elle finira par parler au grand jour.

Elle a appris qu’il doit être muté à Chateauroux dans une école de garçons.

Elle redoute que d’autres personnes ne deviennent victimes.

Là-bas, son comportement inquiétera.

On le dit « très affectif avec les enfants ».

Ce n’est qu’à ce moment que la Fraternité Saint-Pie X se décidera.

Christophe R. est renvoyé chez ses parents avec le nom d’un avocat en poche.

Un chef scout fait une crise de nerfs

L’affaire ayant enfin éclaté au grand jour, l’enquête va mettre en lumière l’existence de trois autres victimes : Cynthia, Nadine et Marianne*.

Elles aussi subiront des interrogatoires de l’abbé intégriste sur leur passé sexuel.

Elles aussi seront attaquées via cette pseudo-thérapie.

Le moins pire se résumera à des caresses ou des baisers.

Un jeune chef scout relatera avoir été approché par l’homme pendant un camp d’été.

Il lui demandera alors de raconter les agressions qu’il a vécues pendant l’enfance.

Le tout avec des mots très crus.

Le jeune homme terminera la séance par une crise de nerfs.

 

Arrêté le 7 avril 2014, Christophe R. niera toute pénétration avec son sexe affirmant s’être « arrêté à l’orée du leur ».

Malgré de multiples procédures pour comparaître libre et faire modifier les accusations, il est resté placé en détention provisoire.

Il demeure présumé innocent.

A l’ouverture du procès, ce mardi 2 mai, la partie civile a prévu de demander un huis clos.

La décision doit être rendue ce vendredi 5 mai.

 

François Desserre

* Les prénoms des victimes ont été modifiés.

Source : La République

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