Trignac | Pour que sa fille mineure aille mieux, il lui propose “une thérapie sexuelle”
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 04/04/2022
- 07:40
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Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a condamné le père à un an de prison avec sursis et lui a interdit d’entrer en contact avec sa fille.
« C’est un procès sobre », disait mardi soir 29 mars 2022 une des rares personnes présentes dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire.
Un procès au cours duquel le papa de 45 ans est resté tête baissée, alors que sa fille a eu souvent besoin de s’essuyer les yeux et de reprendre sa respiration.
Depuis 2019, elle est en décrochage scolaire, ne sort plus.
C’est pourtant elle, sans avocat, qui a décrit les faits :
« J’avais 17 ans, je cherchais du sens à ma vie, j’ai repensé à mon père que je n’avais pas vu depuis 2014 et je lui ai dit que je venais vivre chez lui »
Chez lui, avec sa compagne et ses deux beaux-enfants. Elle explique aux juges qu’elle est fréquemment triste.
Le soir, dans sa chambre, son père s’allonge à ses côtés et tente de la consoler mais très vite, ses conseils prennent une connotation sexuelle :
« Es-tu vierge ? Tu devrais essayer la masturbation… »
Massage
La jeune fille lui promet de le faire, mais comme elle va toujours aussi mal, il lui reproche :
« Tu es comme ta mère, tu ne fais jamais ce qu’on te dit ! »
Il lui propose de lui faire connaître le plaisir.
Un soir, alors qu’il a garé sa voiture au milieu des champs, il lui propose « de lui montrer sa quéquette ».
Le lendemain, il veut la décrisper par un massage du dos qui se termine sur la poitrine.
Elle précise :
« J’étais paralysée, j’avais juste envie de me gifler. Il a arrêté parce que sa compagne est entrée »
Elle décrit une scène insolite où il lui demande de soulever une lourde cuve :
« J’avais la tête qui tournait, j’étais épuisée, il m’a rejointe dans la chambre et m’a proposé un verre de blanc »
L’adolescente fait alors des recherches sur internet pour comprendre l’attitude de son père.
Après avoir été « incendiée, accusée de tout ce que j’aurais fait de mal », elle en parle à sa belle-mère.
Une plainte est déposée à la gendarmerie.
« Je voulais qu’elle arrête de pleurer »
Le père écoute et donne son explication :
« Une sophrologue m’avait expliqué que la masturbation pouvait aider. C’était ma fille, elle était mineure, je voulais qu’elle arrête de pleurer »
Et il poursuit :
« Elle avait grandi, je ne l’ai pas reconnue comme ma fille, je l’ai prise pour quelqu’un d’autre, je me suis mélangé »
Une des déclarations du prévenu surprend l’auditoire :
« J’étais prêt à faire n’importe quoi pour qu’elle aille mieux »
Il consent :
« Non, elle n’a pas menti »
Un positionnement qui interpelle la procureure, Marie Deschamps :
« Il a bafoué la confiance de sa fille en lui proposant mieux que des cachets, une thérapie sexuelle »
Elle s’interroge :
« Comprend-il l’impact sur la jeune fille ? »
« Une forte angoisse »
L’expertise médicale du père montre un homme qui n’a aucune pathologie, aucune addiction.
Celle de sa fille prouve « une solitude morbide, des syndromes obsessionnels et dépressifs, une forte angoisse… »
Me Morgan Loret déclare en regardant le tribunal droit dans les yeux :
« Juger, c’est compliqué »
saluant ensuite « le tact de tous les intervenants pour que chacun à sa place soit respecté ».
Reconnaissant une jeune fille mature, s’exprimant avec pudeur et clarté, il relève toutefois :
« Son père n’est pas au ban de la société, qu’il n’est pas un prédateur. Si cet homme admet que ses déclarations peuvent être difficiles à entendre, elles ont le mérite d’exister »
« Je lui pardonnerai sans doute »
Devant ce quadragénaire « désolé, qui espère être pardonné un jour », l’avocat appuie sur plusieurs points :
« L’expertise, l’absence de casier judiciaire, ses explications teintées de courage et des excuses empreintes de sincérité »
Le tribunal condamne le prévenu à un an de prison avec sursis probatoire et interdiction de tout contact avec la victime qu’il devra indemniser.
À l’issue de l’audience, la jeune fille nous a adressé un sourire, en disant :
« Je suis contente que ce procès soit passé. Je lui pardonnerai sans doute, mais pas tout de suite »
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