Tours | Laxisme judiciaire pour celui qui prostituait une jeune fille de 14 ans

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Malgré la gravité des faits, l’homme n’est condamné qu’à un an de prison
Un homme de 21 ans a écopé de deux ans de prison dont un assorti d’un sursis probatoire, mercredi 8 mars 2023, pour proxénétisme aggravé. En février 2021, il avait contribué à prostituer son amie de 14 ans dans des hôtels de la couronne tourangelle.

Les silhouettes font bloc autour de la frêle silhouette de l’adolescente. Serrés les uns contre les autres sur leur banc, les proches s’érigent entre elle et son proxénète comme un rempart.

Les regards échangés avec le prévenu sont tendus, mercredi 8 mars 2023. Fébrile, l’homme de 21 ans, menotté dans son box, abandonne cette joute muette pour s’adresser à la présidente du tribunal :

« Est-ce que je pourrais sortir, s’il vous plaît ? J’ai pas envie d’assister au procès », lâche-t-il, de but en blanc.

Avant de reprendre le récapitulatif des faits, Catherine Bruère lui répond :

« Non, j’ai quelques questions à vous poser ».

Au cours des vacances scolaires de février 2021, le vingtenaire propose à une amie, alors âgée de 14 ans, de se prostituer afin de résoudre leurs problèmes d’argent.

« Pourquoi vous ne vous êtes pas prostitué vous-même ? », l’interroge la présidente, sur le ton de la provocation.

L’intéressé baisse les yeux. La question restera sans réponse.

Avec une connaissance, il inscrit la jeune fille sur un site d’escort-girls, en prétendant qu’elle a 19 ans. Les deux hommes fixent les tarifs : 90 € pour trente minutes, 150 € pour une heure, 60 à 70 € supplémentaires pour une fellation.

Pendant deux semaines, la jeune fille vit un enfer. Plusieurs passes par jour avec des inconnus de tout âge. Elle contractera la chlamydia au cours de rapports sexuels non-protégés, fixés à un prix plus élevé. Ses deux proxénètes, eux, collectent près de 1.500 €.

Une « situation absolument abjecte », reconnue par l’avocat de la défense, qui regrette l’absence de tous ces hommes dans le box, mercredi.

« Ils sont identifiables ces clients, c’est possible d’aller les chercher », peste-t-il.

Une « colère » partagée par l’avocat de l’association France victimes 37, administrateur ad hoc de l’adolescente :

« Sa jeunesse était évidente. Comment imaginer qu’elle était majeure ? s’indigne Me Jacques Sieklucki. On paye, donc ça autorise à fermer les yeux ? »

Les sites d’escort, « qui proposent des rayons de femmes à consommer », et les chaînes d’hôtels, « qui permettent d’abriter la prostitution », sont également étrillés par la partie civile.

Tours-Nord, Parçay-Meslay, Chambray-lès-Tours… L’adolescente, flanquée de ses deux proxénètes, change régulièrement d’hôtels.

« Elle a toujours bien voulu, elle est toujours venue. Je ne l’ai jamais frappée », assure le prévenu depuis son box, sans témoigner une once d’empathie pour la victime.

Un consentement absolument impossible à 14 ans, rappelle le ministère public, qui requiert trois ans d’emprisonnement ferme, avec maintien en détention, à l’encontre du prévenu.

Le tribunal le condamne finalement à deux ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire pour une durée de deux ans, avec maintien en détention. À titre de peine complémentaire, il lui est interdit d’entrer en contact avec la victime pendant les trois prochaines années.

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