Toulouse | Un enfant handicapé victime de viol dans un centre médico-éducatif
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- 31/07/2018
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Des parents dénoncent le viol de leur enfant handicapé
Les parents d’un jeune handicapé victime d’un viol dans un institut médico-éducatif, près de Toulouse, dénoncent «l’inertie des pouvoirs publics» dans la prise en charge de leur enfant.
Les maltraitances sur des enfants handicapés, dont les dénonciations au grand jour ont valu des poursuites pour diffamation contre une ancienne salariée de l’institut médico-éducatif (IME) de Moussaron (Gers), sont-elles l’arbre qui cache la forêt ? Dans le sillage de cette lanceuse d’alerte — relaxée par la justice l’année dernière — la parole se libère.
Aujourd’hui, les parents toulousains d’un enfant handicapé brisent l’omerta et demandent des comptes après le viol présumé de leur enfant, dans un IME, un institut médico-éducatif au sud de Toulouse.
Ils dénoncent «le manque de prise en charge» à la suite de ce drame.
«On a le sentiment de ne pas être écoutés par les professionnels de santé qui doivent ignorer ce que c’est que de vivre avec un enfant handicapé»,
s’insurgent les parents de Kevin (prénom d’emprunt).
Ce garçon handicapé à 80 % et atteint de troubles physiques et psychologiques avait 14 ans en novembre 2016 lorsqu’il a été victime d’un viol présumé au sein de son IME. Récidiviste, le mis en cause, âgé de 12 ans et handicapé, a été écarté puis placé dans une autre structure.
Plaintes pour «viol aggravé» et «faute lourde»
«Comment se fait-il que l’on accueille des enfants déjà connus pour les mêmes faits dans ces instituts et que l’on ne protège pas les enfants ?»,
s’indignent les parents de Kevin qui ont déposé deux plaintes fin novembre 2016. L’une pour «viol aggravé» et l’autre contre l’institut médico-éducatif pour «faute lourde». Après deux ans d’enquête menée par les gendarmes de Carbonne, le parquet de Toulouse vient d’ouvrir une information judiciaire et a désigné un juge d’instruction pour poursuivre les investigations.
«Mes clients ont l’impression de crier leur douleur en plein désert»,
poursuit leur avocat, Me Jocelyn Momasso-Momasso qui les accompagne. À la suite des faits, Kévin a développé des troubles bipolaires.
«Depuis le mois de mai, il vit avec nous. Il avait fugué d’un précédent institut. Depuis deux ans, il fait des cauchemars et éprouve d’énormes difficultés à parler, à se libérer sinon par la violence. Il n’a jamais bénéficié d’une véritable prise en charge psychologique dont peuvent bénéficier les victimes de ce type de crime. Comme s’il fallait cacher à tout prix ce qu’il a vécu parce qu’il est handicapé !»
Aujourd’hui, les parents de Kevin, domiciliés du côté d’Auterive, ne veulent surtout pas banaliser cette affaire. L’adolescent suit un traitement pour sa bipolarité prescrit par son médecin traitant,
«mais il lui faudrait un psychiatre capable de le remettre en confiance et d’évacuer cette violence»,
insiste Marc, le père de Kevin.
Cet ancien combattant n’est pas du genre à baisser les bras. Du Président de la République, à l’agence régionale de santé, tous les services de l’État ont été sensibilisés par courrier à l’histoire de Kevin dont les parents attendent surtout un traitement «humain» de cette affaire. La Haute-Garonne compte vingt-cinq instituts médico-éducatifs. Ces structures spécialisées placées sous l’autorité de l’agence régionale de santé sont financées par l’assurance maladie.
Une éducatrice licenciée
À la suite de cette affaire, une éducatrice spécialisée qui avait la surveillance des deux adolescents le jour des faits a fait l’objet d’une mesure de licenciement de la part de sa direction.
«Aujourd’hui, l’affaire est toujours devant les prud’hommes car cette professionnelle a contesté son licenciement pour faute grave»,
indique le président de l’association qui gère cet institut au sud de Toulouse, Joseph Regazzo.
L’enquête administrative aurait mis au jour un défaut de surveillance de quelques minutes imputable à l’éducatrice, une femme expérimentée. Sa hiérarchie considérait «qu’elle était censée ne pas ignorer les risques de déviance du jeune adolescent mis en cause», précise-t-on du côté de l’association.
«Nous restons très exigeants sur le recrutement des éducateurs spécialisés dont la formation est extrêmement rigoureuse»,
souligne Joseph Regazzo.
Source : ladepeche
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