Toulouse | “Toutes les deux sont détruites”

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Pédocriminel En liberté

Le calvaire de Julie et Myriam, fugueuses de 15 ans, entraînées dans la prostitution
Une nouvelle affaire de proxénétisme de mineures était jugée, mardi 13 mai 2025, au Tribunal correctionnel de Toulouse. Un couple, elle 24 ans, lui 19 ans, était accusé d’avoir prostitué deux jeunes filles vulnérables.

La salle d’audience 4 du Tribunal correctionnel de Toulouse est bondée. C’est ici que sont jugées les procédures en comparution immédiate. 

Cette fois, des collégiens ont pris place sur les bancs du public. Au programme aujourd’hui, une affaire de prostitution de mineurs. La deuxième de la semaine.

Julie* et Myriam* ont le même âge. 15 ans. Elles vont traverser les mêmes épreuves, le même cauchemar. Deux adolescentes fragiles, en rupture avec leurs familles. Fugueuses, passant – pour l’une d’entre elles —, de foyer en foyer.

Toutes deux ont été victimes d’un couple.

Julie* a pris “la clef des champs” depuis mi-février 2025. Elle a quitté le foyer parental dans l’Aude et s’est rendue à Toulouse, 

 Myriam*, elle, a des parents dysfonctionnels. Elle a été placée à l’âge de 6 ans.  Depuis, elle est ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil, les fugues rythment sa vie chaotique. À 13 ans, elle se prostitue. Une expérience traumatisante qui la ramène dans un centre spécialisé. En mai 2025, nouvelle fugue.

Comme Julie*, elle se retrouve sans domicile fixe à Toulouse.

Couple de proxénètes

C’est là que les deux jeunes adolescentes âgées de 15 ans, croisent la route du couple. 

I. 24 ans. Elle se prostitue depuis quelques mois. O, son compagnon, a 19 ans. Elle se présente comme escort girl et a entre 10 et 22 clients par jour.

I. vit chez sa mère. Elle va proposer aux deux jeunes filles, de les héberger. D’abord Julie*, puis Myriam*.

Pendant la procédure, la prévenue va expliquer qu’elle proposait aux jeunes filles de les accompagner à “ses soirées”, où elle retrouve son client.

L’une et l’autre vont faire commerce de leur corps en mai 2025.

“Je ne dis pas que c’est une victime. Mais elle n’avait pas conscience de la notion de proxénétisme” explique Maitre Camélia Dilmi, qui défend la prévenue.

“Pour elle, c’était faire commerce de son corps, à elle. Elle ne pensait pas que prêter assistance à ces deux jeunes filles, était aussi considéré comme du proxénétisme” souligne l’avocate.

Les clients, on les trouve sur internet, sur des sites spécialisés. I. a un “carnet d’adresses qui peut servir”.

C’est Myriam* qui va donner l’alerte. Elle se dit séquestrée et appelle une copine, qui prévient la police.

L’interpellation se fait dans un Airbnb, où les quatre sont réunis, le couple et les deux adolescentes. Le couple est placé en détention provisoire (elle sera levée pour la prévenue, qui a comparu libre). Les adolescentes elles, retrouvent la liberté.

Un besoin de reconstruction

Julie* est retournée dans sa famille. 

Myriam* a une place dans un foyer. Un de plus.

“Elles sont toutes les deux détruites” explique Guillaume Léguevaques, l’avocat des deux jeunes victimes. “Elles vont avoir besoin de temps pour se reconstruire pour revenir dans la réalité. Comme d’autres jeunes mineurs qui se prostituent, elles sont déconnectées de la réalité. Elles n’ont pas le même rapport au corps que les adultes.” souligne l’avocat.

Le procureur de la République à requis, la condamnation à des peines identiques pour le couple de proxénètes, à savoir huit mois de sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de travail, indemnisation des parties civiles, interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles et 5000 € d’amende

Le Tribunal les a déclarés coupable et a repris intégralement les réquisitions du procureur de la République, à l’exception du montant de l’amende ramené à 3000 € par prévenu.

* Les prénoms ont été changés à la demande de leur avocat.

 

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