Suisse | Le magnétiseur-abuseur écope de 15 ans de prison

Le prévenu, un ancien gendarme français, aurait fait au moins entre 80 et 90 victimes. Douze d’entre elles ont porté plainte.

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Un ancien gendarme français de 66 ans, comparait depuis lundi 22 juin devant le Tribunal criminel de l’arrondissement du Nord vaudois. Il est jugé pour actes d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapables de discernement. Il est jugé principalement pour viol, acte d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapable de discernement, escroquerie, extorsion, usure, abus de détresse et pornographie.

Le témoignage d’une des nombreuses jeunes victimes d’un magnétiseur-abuseur met en lumière la nature délétère des relations que cet ancien gendarme français de 66 ans parvenait à nouer avec ses clientes.

Son procès, qui s’est ouvert lundi à Lausanne, durera toute la semaine.

Le Tribunal criminel de l’arrondissement du Nord vaudois dissèque depuis lundi à Lausanne la mécanique qui unissait un «magnétiseur» du Nord vaudois aux jeunes « patientes » dont il abusait sexuellement sous couvert de les soigner.

 

Selon une inspectrice appelée à la barre, le prévenu aurait fait au moins entre 80 et 90 victimes. Douze d’entre elles ont porté plainte.

Le long témoignage d’une de ces jeunes femmes est édifiant. Elle était âgée de 16 ans lorsque ses parents l’avaient mis en contact avec son agresseur en 2008 pour un problème de cheville.

Le sexagénaire est actuellement incarcéré à la prison de la Croisée.

Il est jugé principalement pour viol, acte d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapable de discernement, escroquerie, extorsion, usure, abus de détresse et pornographie.

 

L’homme s’était mis en tête de libérer sa jeune victime, alors adolescente et en conflit avec sa mère, d’un soi-disant « blocage sexuel » et avait estimé que « son aura n’’était pas bonne ». Pour cela, il lui avait fait signer un document stipulant avoir « accepté un exorcisme avec rapport sexuel librement consenti ».

L’autoproclamé « magnétiseur » qui assume une partie des faits tout en réfutant qu’il s’agisse d’abus, a expliqué, tout naturellement et en laissant tout le monde perplexe que :

« Au niveau de la méthodologie, ce rituel d’occultisme, dans lequel je n’étais qu’un relais, nécessitait d’arriver à la limite de l’orgasme ».

A propos de sa victime, il déclare :

« Il y a beaucoup de confusion de sa part. Je ne comprends pas sa position. Je lui souhaite d’être heureuse et de vivre sa vie. La seule chose que je regrette c’est d’avoir trompé ma femme (…) Généralement, je ne couche pas avec des patientes ».

Sa victime a expliqué :

« Il avait installé entre nous une mécanique qui fait que, dès que j’avais un souci, je me tournais vers lui au point qu’il me dictait les SMS que j’avais le droit d’envoyer ou pas à mon petit ami de l’époque et me disait tout ce que je devais faire ».

Le prévenu décrit leur relation comme ayant basculé naturellement de thérapeutique à un simple « plan cul ».

Sa victime, en larmes, s’est dite « choquée d’entendre ça » et a souligné qu’entretenir des relations sexuelles « thérapeutiques » avec l’accusé, alors obèse et de 36 ans son aîné, la dégoûtait.

L’intéressé a argué :

« C’était une jolie jeune femme… Nous les hommes, on est un peu con… »

 

La jeune femme a précisé que :

« Ces faits ont eu d’énormes conséquences au niveau intime. (…) Je me suis retrouvée complètement bloquée et j’ai longtemps eu du mal à regarder mon corps dans un miroir (…) Psychologiquement, j’étais détruite ».

Un ami à la barre, confirme :

« C’était une jeune fille pétillante et pleine de vie qui est devenue terne du jour au lendemain ».

En cinq ans, elle a versé plus de 8000 francs à son agresseur.

L’homme aurait ainsi extorqué des sommes de plusieurs milliers de francs à ses victimes pour procéder à des actes de désenvoûtement ou de guérison. Et ce en plus des séances pour lesquelles ses victimes étaient venues vers lui et qui étaient facturées 100 francs l’heure.

Une expertise psychiatrique a révélé que ce petit homme, grassouillet et barbu, au redoutable bagout et prétendant maîtriser les magies blanche et noire, souffrait de graves troubles de la personnalité mixtes, narcissiques et borderline. Sa responsabilité est malgré tout considérée comme pleine et entière et les risques de récidive élevés.

Une douzaine d’autres victimes du charlatan devraient se succéder à la barre dans les jours à venir.

L’acte d’accusation énumère une trentaine d’infractions, lesquelles se sont étalées sur une dizaine d’années.

Le procès doit durer toute la semaine. Le verdict sera connu lundi 6 juillet.

 

Mise à jour du 07/07/2020

Le verdict est levé : 15 ans de prison ferme

Le magnétiseur du Nord vaudois, qui a trompé et abusé sexuellement au moins 18 jeunes femmes sous couvert de les soigner à Orbe, ira en prison.

Ses juges l’ont condamné lundi soir à 15 ans de prison ferme.

Cet ancien gendarme français de 66 ans, père de trois grands enfants et qui s’est installé en Suisse en 2000, a été reconnu coupable de viol, acte d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes ou incapables de discernement, contrainte sexuelle, extorsion par métier, usure par métier, chantage et abus de détresse.

Son avocate Me Véronique Fontana, qui avait plaidé l’acquittement, fera appel de cette condamnation auprès du Tribunal cantonal.

‘Ce jugement est totalement excessif et dédouane les plaignantes de la moindre once de responsabilité individuelle comme si elles avaient été totalement dénuée de libre-arbitre lors dans cette affaire’

s’est indignée la femme de loi.

Procureur satisfait

L’ancien gendarme était jugé pour avoir trompé et abusé sexuellement pas moins de dix-huit jeunes femmes. Soit un total d’une trentaine d’infractions qui se sont étalées sur une dizaine d’années et ont pris fin avec son arrestation en novembre 2018.

Le procureur Laurent Contat avait requis 15 ans de prison ferme à l’encontre du ‘gourou sexuel’ à l’issue d’un procès fleuve qui a duré une semaine. Le représentant du Ministère public n’avait pas demandé de mesure d’internement, mais une interdiction d’exercer de dix ans. Il a été entendu également sur ce point.

Prévenu ironique

L’homme devra aussi verser près de 150’000 francs de tort moral à ses victimes. A l’énoncé du verdict, le sexagénaire, qui n’a toujours concédé que des attouchements ‘thérapeutiques’ ou des rapports sexuels consentis, est apparu impassible.

En sortant de la salle, il a toutefois lancé un ironique:

‘Merci à tous, merci Monsieur le Président !’

Plusieurs de ses victimes se sont quant à elles montrées émues aux larmes. Le procès était délocalisé au Tribunal cantonal de l’Hermitage à Lausanne à cause de la pandémie de Covid-19.

Un président intransigeant

‘Le tribunal a acquis l’intime conviction que les témoignages des victimes sont de bonne foi contrairement à celui du prévenu’

a souligné Gabriel Hersch. Le président du Tribunal a retenu pas moins de huit viols et neuf contraintes sexuelles dans cette affaire.

Il a fustigé les ‘contraintes d’ordre psychique’ du pseudo-guérisseur, sa capacité à isoler ses victimes et à systématiquement réorienter les problématiques de ses patientes vers des problèmes sexuels. Il a également souligné le fait que le sexagénaire ait fait signer à plusieurs des victimes un consentement écrit à des rites occultes avec des rapports sexuels.

Les ‘déclarations contradictoires’ du magnétiseur-abuseur, sa ‘capacité à réarranger la vérité’ et ses ‘explications fumeuses et grotesques’ comme quoi il serait pour ses victimes une sorte ‘d’ange gardien asexuel’ ont aussi été mentionnées par le président.

Des abus cher payés

Le Tribunal d’arrondissement du Nord vaudois a également relevé que les victimes étaient si atteintes dans leur liberté de décision par leur bourreau qu’elles ont été capable de le rémunérer pour ses abus.

L’homme a ainsi extorqué des sommes de plusieurs milliers de francs à ses victimes pour procéder sur elles à des actes de désenvoûtement ou de guérison ‘grâce aux énergies’ qui passaient bien souvent par des actes d’ordre sexuel censément thérapeutiques. Et ce en plus des séances pour lesquelles ses victimes étaient venues vers lui et qui, elles, étaient facturées 100 francs l’heure.

Ces jeunes femmes, pour certaines des adolescentes à l’époque des faits, étaient en détresse ou perdues. Elles venaient souvent vers le magnétiseur pour des problèmes de santé ou de relations amoureuses.

 

Source : tdg.ch

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