Somain | Le vendeur de téléphones agressait sexuellement les enfants dans sa boutique

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Encore un pédocriminel récidiviste
Olivier Flamcourt, 58 ans, a été condamné à 6 ans de prison ferme par le tribunal correctionnel, reconnu coupable de multiples agressions sexuelles sur six enfants de 6 à 12 ans, entre 2014 et 2023, alors qu’il tenait une boutique de téléphonie dans la galerie marchande d’Intermarché, à Somain.

C’est la détresse im­mense d’une maman.

« Pourquoi avoir détruit comme ça mon fils ? Il ne peut plus aller avec un homme, il faut qu’il change de professeur quand c’est un homme… je ne peux même plus le laisser avec son papy ! » Éve­lyne (1) a les larmes aux yeux quand elle parle de Nathan (1), son fils.

Dans son box, Olivier Flamcourt, 58 ans, hésite :

« J’ai trahi ce gamin, ses parents, sa famille (…). Je suis dé­solé. J’ai détruit, j’ai détruit… »

Oliver Flamcourt tient une bou­tique de téléphonie dans la galerie marchande d’Intermarché (2), à So­main, quand il fait la connais­sance de Nathan en 2020.

L’en­fant a 7 ans, le commerçant pro­pose à ses parents de le garder le temps qu’ils fassent leurs courses.

« Il crée une relation de confiance et il se rend utile, décrit la procureure. C’est sa stratégie. Il les fait tomber dans un piège. »

Flamcourt et les parents de Na­than deviennent amis.

Les pre­mières caresses ont lieu à même la boutique mais les faits les plus graves ont lieu chez le commer­çant, à Valenciennes à l’époque.

Au sortir d’une soirée, il abuse de l’enfant : des caresses mutuelles, une tentative de fellation aussi.

Ses parents déposent plainte en juin 2020 a près une scène sans équivoque : l’enfant vient de saisir le sexe de son petit frère. Il se confie.

Olivier Flamcourt est arrêté le 26 juin 2023 à Somain et sa boutique fermée.

Un juge fait le lien entre plusieurs procédures.

C’est à peine croyable mais la première plainte contre lui remonte à 2014.

Celle des parents de Sophie (1) et Jeanne (1) , qui avaient fréquenté la même boutique entre 2012 et 2014.

Même scénario que pour Nathan : c’est là que les premiers attouche­ments se déroulent.

Le commerçant achète des vêtements à So­phie, les deux fillettes, âgées de 6 à 10 ans, passent ensuite un week­end, à Calais, avec lui : ils prennent leur douche ensemble, l’homme se caresse devant elles…

« L’occasion s’est présentée, j’ai pro­posé et ça s’est fait », lâche le préve­nu.

Trois autres victimes sont identi­fiées durant l’instruction : Robin (1), Laurie (1) et Marie (1). Robin avait 7 ans, Laurie entre 6 et 9 ans et Marie entre 8 et 11 ans quand Flamcourt abuse d’eux dans sa boutique, après quelques bonbons.

« J’avais une vraie affection pour eux, dit le prévenu, mais ça a viré au cau­chemar, à leur cauchemar. »

Le com­merçant n’avait aucune limite : il n’était pas rare qu’il regarde des films pornos sur son ordinateur en attendant le client.

Des enfants ont vu certaines images mais qu’im­porte : « Je m’attendais à ce qu’ ils soient choqués ».

Pour que « la nudi­té imposée par M. Flamcourt de­vienne la banalité », résume la pro­cureure.

Les policiers ont retrouvé des mil­liers de photos pédopornogra­phiques chez lui.

Il avait déjà été condamné pour ça en 2005, à Va­lenciennes, ce qui lui avait valu sa séparation avec sa compagne de l’époque.

Mais ça ne l’a pas empê­ché de recommencer et d’aller plus loin en passant à l’acte.

«Qu’est­-ce qui allait vous arrêter ? », ques­tionne la juge. « Le fait d’être arrêté un jour », répond le prévenu.

Incar­céré depuis un an, Olivier Flamcourt est condam­né à six ans de pris on ferme et aura un suivi socio­judiciaire à respecter pendant huit ans à sa sortie de détention.

Il fau­dra aussi qu’il indemnise les parties civiles.

Nathan, victime des faits les plus graves, ob­tient 10 000 € de dommages et intérêts, ses parents chacun 2 000 €. Robin obtient 4 000 €, sa mère 600 €.

Les dommages et intérêts de Jeanne et Sophie s’élèvent à 5 000 € chacune. Laurie aura 3 000 €, ses parents 500 € chacun.

Pourquoi le suspect n’a­-t­’il été arrêté que neuf ans après la première plainte ?

Olivier Flamcourt reconnaît les faits qui lui sont reprochés : « Je comprends le mal que j’ai fait. »

Selon lui, l’année passée derrière les bar­reaux et le suivi psychologique qui lui a été imposé lui ont ouvert les yeux :

« Aujourd’hui, je ne me sens pas recommencer mais je ne sens pas pour autant guéri ».

Car l’homme a une attirance sexuelle pour les en­fants.

Il est pédophile mais « ce n’est pas un monstre », nuance Me Sarrat, son avocat, « ne galvaudez pas ses aveux ».

« Il n’y avait pas de cible par­iculière (…), c’était le hasard, l’oppor­tunité, poursuit Olivier Flamcourt. J’ai saisi cette opportunité. (…) Dans un premier temps, c’était pour jouer avec les enfants. »

Jouer ? Le prévenu évoque les ca­deaux qu’il leur a faits, le week­end, le romantisme même…

« Mais qu’est­ce qu’il y a de romantique dans les photos d’enfants retrouvées dans votre ordinateur ? », s’étrangle Me Biernacki, avocate de Jeanne et So­phie (1).

« J’avais une vraie affection pour elles. Je les sentais fragiles comme moi je l’ai été », répond le prévenu.

En décembre 2005, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis simple pour détention d’images pédopornographies et contraint à un suivi socio­judi­ciaire pendant cinq ans.

Comment a-­t­’il pu passer à nouveau à l’acte alors ? « C’était irrépressible », dit-il.

Et la justice a tardé à l’arrêter : « On a mis 9 ans pour frapper à sa porte, pourquoi ne l’a-­t­’on pas arrêté plus tôt ? », s’interroge Me Sarrat, l’avocat de M. Flamcourt.

C’est sûr que les policiers de Douai et Valenciennes, après avoir enten­du les enfants, n’ont certainement pas fait le nécessaire : il y a bien eu des surveillances de sa boutique, des auditions mais pas grand­-chose de plus ensuite.

Malgré l’in­sistance des parents de Nathan : « On a toujours dit à la police qu’il continuait à toucher d’autres en­fants. »

Et s’il avait été arrêté dès 2014, on n’en serait jamais arrivé là.

1. Prénom modifié.
2. Le centre commercial Intermarché n’est en aucun cas concerné par les faits jugés.

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