Serris | Un trio de proxénètes condamné à de la prison ferme pour prostitution de mineures
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 27/10/2021
- 17:15
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A la recherche d’une fugueuse de 14 ans, les policiers de la Sûreté Départementale de Seine-et-Marne ont démantelé un petit réseau de proxénètes, âgés de 19, 21 et 26 ans.
Interpellés à Serris, le petit groupe prostituait des jeunes filles de 12 et 14 ans.
Ils réservaient des logements ou hôtels près de Chessy ou encore Ferrières-en-Brie.
Jugés lundi 25 octobre, tous ont été reconnus coupables à des degrés divers.
Ils ont écopé de peines de prison ferme, assorties pour deux d’entre eux d’un sursis probatoire.
L’avocat chargé de défendre ses intérêts et ceux de ses parents, a déclaré:
« La vie de Eléna* a commencé par le pire »
La phrase prononcée en ouverture de plaidoirie a rappelé le contexte : un viol subi au cours de l’été 2020 a modifié profondément le comportement de l’adolescente.
Ses relations avec sa mère et son père se sont rapidement distendues avant de laisser place à un fossé d’incompréhension.
42 fugues pour la jeune fille de 14 ans
Retenir Eléna au domicile est vite devenu mission impossible car « à peine retrouvée, elle leur échappait à nouveau ».
Elle totalisait 42 fugues le jour de l’audience.
Elle a même rejoint Lina* à Blois qui, à 12 ans, lui a fait découvrir la prostitution qu’elle pratiquait avec sa sœur aînée et l’argent facile.
De retour en Ile-de-France début septembre, Eléna a rencontré Léo* à une soirée.
Elle a accepté sa proposition de la raccompagner, puis lui a demandé de l’héberger pour éviter de dormir dans une cave, ne souhaitant pas rentrer chez elle.
Se sentant en confiance avec lui et son cousin Liam*, elle leur a expliqué qu’elle souhaitait se prostituer.
Loin de la dissuader, ils se sont chargés de la logistique : création et diffusion d’annonces, réservation de chambres, transport, sécurité, ou encore fourniture d’une fausse carte d’identité pour lever tout doute des clients quant à son âge.
Un service rémunéré à hauteur de 50 % des gains.
Peu après ses débuts, Lina a quitté sa province pour revoir Eléna.
Elle s’est prostituée quelques jours aux côtés de son amie puis est repartie.
Proxénètes pour « arrondir les fins de mois »
Les policiers de Seine-Saint-Denis puis de Seine-et-Marne, alertés par les parents mi-septembre, ont enquêté.
Ils ont pu retrouver sa trace et identifier les deux cousins.
Un dispositif de surveillance a permis de les localiser au centre commercial Val d’Europe et de les interpeller.
En garde à vue, ils ont reconnu leur implication.
Depuis un an ils ont « fait travailler cinq autres filles », avant Eléna.
Un peu plus tard, Théo a été appréhendé, troisième larron venu se joindre au duo mais en conservant un rôle très en retrait et un regard désapprobateur ; sans toutefois s’opposer.
Interrogés par la présidente sur leurs motivations, Liam a expliqué qu’il voulait « arrondir ses fins de mois, étant très dépensier ».
Son cousin Léo s’est associé à lui « pendant le confinement, pour compenser son chômage partiel ».
Théo cherchait surtout « un endroit pour dormir après son travail ».
Il occupait la chambre après le passage des clients.
« C’est criminel ! »
Avant les réquisitions et plaidoiries, la maman de Eléna a tenu à témoigner du combat incessant pour récupérer Eléna et de leur détresse en apprenant la situation de « leur petite fille perdue ». Un moment de courage et d’émotion.
La procureure de la République a eu des mots très durs à l’encontre des trois hommes dans le box.
Elle les a accusés:
« Vous participez à la pédo-criminalité en mettant des enfants à la disposition de malades ou de pervers »
Elle est revenue sur certaines de leurs actions qualifiées d’inacceptables :
«Mettre un tarif sur chaque pratique sexuelle sur une enfant, c’est criminel ! La laisser se prostituer sans protection ni contraception, c’est criminel !»
Conscients de la responsabilité de leurs clients, les avocats de la défense n’ont pas ménagé la représentante du ministère public qui venait de requérir de lourdes peines à l’encontre des trois prévenus.
Plaidant en premier, maître Benkimoun l’a aussitôt taclée :
«Requérir, c’est requérir sur un dossier, pas sur un problème sociétal !»
Il a ensuite demandé la relaxe ou une peine allégée pour Théo qu’il a qualifié d’opportuniste pour avoir profité d’une possibilité d’hébergement.
Puis il a ciblé les associations de lutte contre la prostitution d’enfants pour leurs demandes financières excessives – 30 000 € chacune – tout en reconnaissant leur utilité :
« Au bal des opportunistes, vous avez des associations qui ont besoin d’argent ! ».
Prison ferme et sursis
Malgré des plaidoiries parfois « enflammées », les trois prévenus ont été déclarés coupables.
Les juges ont prononcé des peines de prison ferme assorties d’un maintien en détention : 6 ans pour Liam, 5 ans dont 1 an de sursis probatoire pour Léo, 30 mois dont 12 mois de sursis probatoire pour Théo.
Ils ont fixé un renvoi sur intérêts civils au 8 février 2022 pour Lina, toujours introuvable.
Ils ont accordé 33 000 € de dommages et intérêts et de participation aux frais d’avocats à Eléna et ses parents, 3 500 € à chacune des deux associations de défense des mineurs.
Les sommes devront être acquittées solidairement.
*Les prénoms ont été modifiés.
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