Fécamp | Les Assises donne 13 ans de réclusion pour viol et agressions sexuelles et corruption sur 2 mineurs

Patrick L. est assis dans le box de la Cour d’assises de Seine Maritime. Il est jugé pour viol, agressions sexuelles et corruption de mineur, sur une fillette et son ex beau-fils

L’accusé, un homme sec aux cheveux blancs âgé de 62 ans, est assis dans le box de la Cour d’assises de Seine Maritime, où il est jugé pour un viol, agressions sexuelles et corruption de mineur. Des faits qu’il conteste totalement.
L’accusé,  Patrick L. âgé de 62 ans, est assis dans le box de la Cour d’assises de Seine Maritime, où il est jugé pour un viol, agressions sexuelles et corruption de mineur. Des faits qu’il conteste totalement.

Il écoute une psychologue évoquer la personnalité de la partie civile, 25 ans, son beau-fils au moment des faits en 2008-2009.

« Il a géré tout ce qui lui est arrivé, son seul souci actuellement c’est le procès ». Néanmoins, « la personnalité est restée marquée par les séquelles de ce qu’il a vécu ». « Il n’essaye pas de vous apitoyer, il considère que c’est derrière lui et donc que ce n’est pas la peine d’en parler, il a une phrase, il parle ‘d’aller de l’avant’».

Au tour du président ensuite, de lire les conclusions d’une expertise psychologique de l’accusé réalisée lors de l’instruction d’une première affaire de viols sur ses deux belles-filles de l’époque. Il avait été condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la même Cour d’assises en 2000. Ce qui lui vaut de comparaître en récidive légale.

L’expert avait souligné l’égocentrisme, le narcissisme, le comportement agressif de l’intéressé, sa sexualité instable, impulsive, « un moyen d’affirmation de sa personnalité ». « La culpabilité est évacuée par des “rationalisations” multiples… Ce serait la mère et sa fille qui seraient malades ».

«Même si elle est consentante on ne se fait pas faire une fellation par une fille de 14 ans»

Des douze ans qu’il a passés en prison, le Fécampois n’a jamais consulté de psys. On ne le lui a pas proposé et il ne l’a jamais sollicité.

« J’en ai jamais ressenti le besoin ». « Je ne dis pas que vous êtes malade, et vous niez les faits, mais on vous reproche de satisfaire vos désirs sexuels sans prendre en compte l’avis des victimes » s’étonne le président. « Vous êtes intelligent, vous pouviez vous dire : pourquoi mon comportement peut être mal interprété à l’extérieur ? ». « J’ai toujours été comme ça » répond l’ancien Terre-Neuvas.

« Oui mais en douze ans, pourquoi ne pas tenter le coup ? Pour comprendre ». Un silence répond au magistrat. « On a l’impression que vous attendez votre condamnation pour… On ne sait pas très bien ce que vous en attendez… ». « Parce qu’il n’a plus rien à perdre » chuchote une femme dans le public.

Et le président de souligner « l’absence totale d’initiative du sexagénaire, qui passe ses journées à alterner, travail et repos en prison. Ce qu’il ne nie pas.

« À part ma santé, y a que ça dont je me suis occupé ». « Ça, c’est votre côté égocentrique qu’on vous prête, vous vous souciez plus de vous que du reste ». « Je reviens sur le premier procès. Votre belle-fille Ludivine était consentante aviez vous dit, mais même si elle était consentante, on ne se fait pas faire de fellation par une fille de 14 ans. Il y a peut-être un petit problème. Et même par rapport à ça vous ne faites rien ? ». Silence. « Vous n’en tirez aucune conséquence ? ». Silence.

Le président enchaîne avec la lecture de procès-verbaux d’auditions d’habitant du quartier du Ramponneau à Fécamp, où se sont déroulés les faits. « En conclusion, il y a eu un incident entre la partie civile et une adolescente. À l’époque la mère avait pris le parti de son fils. Puis après le début de l’instruction (pour l’affaire jugée actuellement et pour laquelle elle aurait été jugée si elle ne s’était suicidée en 2014, N.D.L.R.), elle a recontacté ces gens pour essayer de décrédibiliser la parole de son fils ».

« Patrick L. sait parfaitement ce qu’il s’est passé mais le dire et le reconnaître c’est autre chose. Il faut du courage » attaque en début de plaidoirie, Me Célia Lacaisse, avocate de la partie civile.

« Ce n’est pas ce qu’il veut. Il s’est convaincu, au travers des années, qu’il n’a rien fait à Ludivine, à Julien. Il a convaincu sa mère (celle de Julien, N.D.L.R.) et lui-même qu’il était victime d’une erreur judiciaire ». Elle martèle la précision et la répétition des déclarations de son client, malgré le flou dans les dates. « Le dénoncer et répéter ces accusations c’était une épreuve, une douleur, à chaque fois ». Il ne voulait pas porter plainte,et s’est confié dans son foyer, mais pour se soulager d’un poids, relate l’avocate.

La pénaliste reprend la lecture du procès-verbal où Julien explique comment son beau-père l’a obligé, lui l’adolescent fragilisé « physiquement et psychologiquement », à effectuer des gestes sexuels sur sa mère et sur lui.

« Il est temps que la justice passe, rendez justice à ce gamin de 17 ans et cet homme qu’il est devenu ».

Seize ans de réclusion criminelle requis

” Avez-vous besoin des aveux de Patrick L. pour le condamner ? Non, au terme de deux jours d’audience, il y a suffisamment d’éléments exposés pour vous forger votre intime conviction ” démarre l’avocate générale. « Comment un garçon de 17 ans a-t-il pu se laisser faire alors qu’il n’était pas sous la contrainte ?

Il faut se replacer dans le contexte ». « Il a envoyé ses parents en prison, il a tué son père (mort en prison) lui répétait sa mère ». Julien et ses frères et sœurs avaient été placés en foyer après les dénonciations des violences infligées par leurs parents, qui avaient été incarcérés.

Dans le box, derrière son avocate, la partie civile a la tête baissée, le visage rougi par les larmes silencieuses et masqué par une main. « Il espérait que tout redeviendrait comme avant. Un jour il a obtenu de pouvoir retourner chez sa mère les week-ends. Elle n’a pas su le protéger. Lui l’a protégée, a subi les agressions, sans rien dire ». « En 2016 il a toujours peur de lui ».

Le ministère public requiert 16 ans de réclusion criminelle et 5 ans de suivi sociojudiciaire avec obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec la victime et obligation d’indemniser la victime.

Du côté la défense, Me Myria Le Petit appelle les jurés à ne pas se fier à « l’attitude pas agréable » qu’a eue son client pendant le procès. « Il est archimauvais pour parler, pour se défendre, il est incapable de se défendre » martèle-t-elle. « Il ne sait pas ». Une attitude dans laquelle il n’a jamais varié.

“Contrairement à la partie civile, qui a varié dans les dates des faits”. “Une partie civile chez qui, fragilité et souffrance ont toujours existé “. ” Il n’y avait pas de changement de caractère quand il revenait de chez sa mère “. Une partie civile non exempte de critique de la part de certains, souligne la pénaliste. ” Julien a toujours détesté la personnalité de Patrick L., il a toujours cherché l’amour de sa mère, qui elle, aimait Patrick L. “.

Après avoir plaidé le doute, et donc l’acquittement, l’avocate a formulé une demande subsidiaire. ” Est-ce qu’il doit être condamné à 16 ans pour un fait de viol unique ? “.

Après deux heures de délibéré, la Cour d’assises a condamné Patrick L. à 13 ans de réclusion criminelle, 5 ans de suivi socio-judiciaire tel que requis. Et 3 ans de prison supplémentaire en cas de non-respect de ces obligations.

Source : http://www.paris-normandie.fr

 

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