Reims | Daniel retraité de 68 ans a été condamné à neuf mois d’emprisonnement
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 14/11/2024
- 18:52
À 68 ans, Daniel n’a jamais fait parler de lui et ce n’est pas forcément pour rassurer le substitut du procureur.
« Il a peut-être cette déviance depuis longtemps sans jamais avoir été inquiété. »
L’ancien chauffeur routier était convoqué devant le tribunal de Reims entre autres, pour avoir fait des propositions sexuelles à des jeunes filles mineures.
Du moins le pensait-il car en réalité, il a été piégé par les bénévoles de plusieurs associations qui luttent contre la pédocriminalité sur les réseaux sociaux.
Daniel a ainsi approché sept « enfants virtuels »,
« ce qui est énorme pour une seule personne quand on met cela en perspective avec le nombre de profils qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux »,
considère Cédric Teynat, président de l’association Les enfants d’Argus, qui s’inquiète du nombre de « vraies » victimes que le mis en cause a pu contacter de la même manière, en passant à travers les mailles du filet.
« Sans doute des dizaines qui n’ont pas été identifiées, avec des conséquences on l’imagine, désastreuses.
Avec Lou censée avoir 14 ans, il entretient une conversation toujours plus crue jusqu’à lui proposer d’avoir des rapports sexuels tout en lui disant,
« j’ai envie de te mettre enceinte ».
Il demande aussi à Léa, 12 ans, de lui envoyer une photo d’elle nue puis lui propose de faire une fellation à l’un de ses camarades de classe.
C’est Emma, 13 ans, qui va permettre de l’interpeller. Il lui donne rendez-vous dans une commune du Grand Reims.
Sur place, ce n’est pas la jeune fille qui l’attend, mais les gendarmes.
« J’ai pété un plomb », dit-il spontanément.
« Un plomb qui dure quand même, car les échanges avec ces jeunes adolescentes s’étendent sur deux ans », rétorque le juge.
« Je n’ai pas réfléchi. J’avais conscience qu’elles étaient mineures mais je n’aurais jamais osé parler de sexe en vrai avec elle. D’accord, j’ai dit des choses, mais je n’ai rien fait. Je ne suis pas attiré par les enfants. On discutait, c’est tout. »
Une dernière phrase qui fait bondir le substitut du procureur.
« C’est tout. Ça dit tout le sentiment d’impunité qu’il ressent car lorsqu’on lit les messages qu’il envoie, la volonté de mettre en oeuvre ses fantasmes ne fait aucun doute. Il a donné rendez-vous à l’une de ces jeunes filles : que comptait-il faire ? Qu’est-ce qui se serait passé si cela n’avait pas été les gendarmes qui l’attendaient ? »
L’expert-psychiatre qui a rencontré Daniel insiste d’ailleurs sur son état d’esprit :
« Il pense que comme il n’a rien fait, il n’a pas commis de faute. Il est dans le déni. Sa dangerosité est avérée, tout comme le risque de récidive. »
L’avocate du prévenu, Me Desgrippes, convenait d’un comportement « tout à fait désagréable », estimant par ailleurs que « la reconnaissance des faits est un signal positif. Aujourd’hui, il n’a plus aucune application sur son téléphone. »
Daniel a été condamné à neuf mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans.
Il a l’interdiction définitive d’exercer une activité au contact des mineurs et son nom est désormais inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
Daniel a été repéré par trois associations qui oeuvrent contre la pédocriminalité.
Il a ainsi échangé avec trois « enfants virtuels » derrière lesquels se trouvaient des bénévoles des Enfants d’ Argus, trois autres de la Team Moore et un septième de la Team Eunomie.
« Nous créons des profils d’enfants et nous laissons faire, détaille Cédric Teynat, président des Enfants d’ Argus. Nous ne sommes jamais à l’initiative d’une demande d’ami, d’une conversation, d’un rendez-vous car cela fausserait la donne, notre méthodologie sert la protection des enfants.
Nous répondons, en restant le plus neutres possible. Il ne s’ agit en aucun cas de nous substituer aux forces de l’ordre, nous collaborons avec elles pour détecter des profils inquiétants comme celui-ci. Malheureusement, la justice n’ a pas les moyens de lutter contre l’explosion de leur nombre. Sans le travail de nos bénévoles, cet homme n’ aurait jamais été signalé aux autorités judiciaires. »
L’avocate de l’association, Me Julie Fragonas, insistait quant à elle sur le comportement de Daniel, au-delà des propos tenus.
« Il instillait la loi du secret, leur demandait de ne pas parler de leurs conversations aux parents et même d’ effacer les messages. »
Une bénévole de l’ association d’insister,
« nous sommes parfois choqués des photos, des vidéos qu’ on peut recevoir de ces personnes qui nous prennent pour des enfants. Un homme nous a déjà envoyé des images de lui en train de violer une petite fille. Imaginez si derrière notre profil, cela avait vraiment été un mineur. »
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