Saint-André | 10 ans de calvaire pour une mère et ses deux filles

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Il avait installé une télé dans sa chambre… il glissait sa main sous la couette
Durant plus de 10 ans une mère et ses deux filles ont eu à endurer le comportement violent de Sandro B., mari et père, qui, lorsqu’il boit, devient incontrôlable. Ce que le policiers vont découvrir est pire que la violence quotidienne.

Le 7 juillet dernier, à Saint-André (la Réunion), un équipage de police est appelé pour intervenir sur des violences.

À bout, une mère de famille fait appel aux forces de l’ordre, car son conjoint a, une fois de plus, été violent.

Lorsqu’il rentre du travail, Sandro B. est très énervé et très alcoolisé.

Comme à chaque fois, il s’en prend à sa compagne.

Sans aucune raison, il casse tout dans la maison.

La télévision, la télécommande et tente même de s’en prendre au four.

Sa compagne parvient à lui faire entendre raison pour le four dont elle a grandement besoin, le reste ne résiste pas à sa fureur.

Comme d’habitude, il finit aussi par porter atteinte à l’intégrité physique de sa compagne, mais cette fois, leur fille de 15 ans s’interpose pour défendre sa mère.

Cette intervention sera salutaire, car il quitte le domicile pour aller faire un tour.

La mère de famille, excédée, appelle la police qui intervient rapidement et trouve Sandro B. près de chez lui.

La police se rend au domicile et constate que tout est dévasté.

Les deux filles du couple sont en pleurs.

La plus jeune fille craque et va leur faire une déclaration à glacer le sang.

Contre toute attente, elle avoue aux policiers que son père a des gestes déplacés à son égard depuis plus d’un an.

La mère, qui ne savait rien, est sous le choc.

Seule sa sœur ainée était dans la confidence.

 

Elle trouve à chaque fois la force de retirer sa main

Interrogée, la jeune fille raconte que son père lui caresse régulièrement les jambes et tente de remonter vers son entrejambe.

Elle trouve à chaque fois la force de retirer sa main et de partir.

Pour autant, il recommence dès qu’il le peut.

Au début, c’était dans le salon quand elle jouait sur la console.

Ensuite, son père a installé une télé dans sa chambre.

Elle raconte qu’il vient et glisse sa main sous la couette.

À chaque fois, elle la retire.

Alors qu’elle avait trouvé la force de l’avouer à sa sœur, les deux adolescentes avaient trouvé une parade.

Dès que le père entrait dans la chambre qu’elles partagent, l’ainée venait dans le lit de sa sœur pour la protéger.

La jeune fille, âgée de 14 ans au début des faits, est particulièrement choquée, traumatisée.

Elle éprouve du dégoût et ne veut plus voir son père.

En audition, elle a une réflexion à glacer le sang :

« Je ne comprends pas pourquoi il m’a choisie.

Peut-être parce que je grandis et que je deviens un objet sexuel« , confie-t-elle à l’inspecteur.

Lors de la garde à vue, le père nie, dans un premier temps, les accusations d’attouchement.

” Je suis un peu tactile avec elle” , explique-t-il.

Il finira par reconnaitre à minima, évoquant des massages sur sa fille.

Le parquet décide finalement de le faire comparaître dans le cadre d’une comparution à délit déféré ce lundi 21 août.

À la barre, c’est un homme presque sans voix qui se présente, on pourrait lui donner le bon dieu sans confession.

Cette fois, il reconnait les faits, admettant qu’il s’agissait bien de caresses.

Il reconnait également les violences sur sa compagne depuis presque 13 ans, rejetant la faute sur sa problématique alcoolique.

 

Déjà condamné pour agression sexuelle sur mineur

La présidente lui rappelle qu’il est déjà sous le coup d’une obligation de soin et qu’il était, une fois encore, en état d’ivresse.

Là où le bât blesse, c’est qu’il a déjà été condamné pour des faits d’agression sexuelle sur mineur en 2014.

Le reste de ses 10 mentions sont en lien avec l’alcool.

Il a un sursis probatoire de 4 mois au-dessus de la tête.

La partie civile, qui défend la mère et ses deux filles, fustige le prévenu dans une plaidoirie juste, sobre et cinglante :

« Elle a le courage d’enlever la main de son père.

Il a même installé la télévision dans la chambre.

Il n’a aucune limite, elle ne veut plus le voir, elle n’éprouve que du dégoût à son égard (…)

Elles commencent tout juste à vivre depuis son placement en détention« , conclut la robe noire.

Le parquet ajoute :

” Il n’y a rien à ajouter sur les faits au regard de ce que la partie civile vient d’indiquer .

C’est un véritable climat de terreur depuis des années.

Les violences sont régulières voire quotidiennes.

Sa fille n’a jamais réussi à parler car c’est un tyran.

Un soir, il a même rampé dans la chambre de sa fille pour glisser la main sous la couette.

C’est terrible, elle ne se voit plus comme une jeune file mais comme un objet sexuel.

Où va-t-il s’arrêter ?

Les faits sont d’une violence sans nom, je demande 30 mois de prison dont 8 de sursis, la révocation du sursis précédent et le maintien en détention” , requiert la procureure.

Après une longue délibération, le tribunal déclare le prévenu coupable de l’intégralité des faits.

Il est condamné 36 mois de prison dont 6 mois de sursis probatoire renforcé pendant 3 ans avec obligation de soin et d’indemniser les victimes.

Le sursis de 4 mois est révoqué.

Il lui est fait interdiction de contact et de paraitre au domicile des victimes pendant 10 ans.

En plus d’être inscrit au fichier des délinquants sexuels avec présentation tous les six mois, le tribunal prononce le retrait total de son autorité parentale et alloue d’importantes sommes aux victimes en réparation des dommages.

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