Roche-Sur-Yon | Un pédocriminel condamné et engagé dans une association de prévention
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 31/10/2021
- 14:00
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L’homme qui se présente à la barre du tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon est petit, dégarni et se dit pétri de remords.
L’homme, 65 ans, marié, père et grand-père, vit à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) avec sa femme.
Ce retraité a été « pincé » par les forces de l’ordre, repéré lors d’une surveillance des enquêteurs du Centre national d’analyse des images pédopornographiques, une cellule qui lutte contre la pédocriminalité.
Des fichiers vidéo de films pornographiques mettant en scène des enfants, téléchargés sur son ordinateur, ont été diffusés sur internet via le logiciel eMule.
Ce logiciel « peer-to-peer » permet de télécharger gratuitement des vidéos et de les partager automatiquement sur le web. Les faits se sont déroulés entre janvier 2017 et février 2020.
Piégé par le logiciel eMule
Confondu par son adresse IP, il a été interpellé, placé en garde à vue, et une enquête a été ouverte. Les deux perquisitions ont permis de saisir « 25 vidéos, 102 images et 50 fichiers » à caractère pédopornographique.
« Vous vous rendez compte que pour tourner ces films, des enfants de 12 ou 13 ans se sont retrouvés avec le sexe d’un homme dans la bouche ou dans le vagin ? Pour visionner ces films, il faut qu’ils soient tournés, avec de vrais enfants… »
La présidente du tribunal
D’une voix posée et repentie, l’homme explique :
« J’ai commencé à télécharger des films pornos parce que j’avais une baisse de libido et des problèmes d’érection. Ce qu’il s’est passé, c’est que parmi ces films, il est arrivé ces fichiers pédopornographiques, et ça a dévié… Avec le logiciel eMule, certains fichiers ont été partagés sans avoir eu le temps de les supprimer. »
Le prévenu
Le prévenu s’engage pour la cause des enfants
L’homme au casier judiciaire vierge n’a eu aucun mal à reconnaître les faits, dès sa garde à vue. L’expertise psychiatrique ne révèle pas de troubles psychiques ni de dangerosité du prévenu.
« L’expert souligne que vous aviez conscience que le visionnage de ces films était interdit »,
déclare la présidente du tribunal en lisant le rapport.
À la barre, en larmes, l’homme réitère abondamment les excuses et explique s’être remis en question.
« J’ai entamé un long travail avec un psychiatre pour expliquer comment j’ai pu regarder ces horreurs. Aujourd’hui, j’ai honte et les victimes me hantent tous les jours. J’ai été projeté dans un monde virtuel, comme dans un tunnel, j’étais en souffrance. Je souffrais d’avoir cette envie de télécharger ces trucs-là. La garde à vue et le psy m’ont réveillé et remis dans le monde réel »,
ajoute le prévenu
Il se voit rétorquer par la présidente :
« Pour les petits acteurs, il n’y avait rien de virtuel… »
L’homme ajoute qu’il s’est engagé comme bénévole auprès de l’association L’Ange bleu pour « informer et faire de la prévention » sur la pédocriminalité.
12 mois de sursis
« S’il n’y avait personne pour regarder ces vidéos, il y aurait moins de victimes »,
renchérit la procureure de la République qui rappelle que
« 10 % des gens qui téléchargent ce type d’images passent à l’acte et que 100 % des violeurs d’enfants sont passés par la diffusion d’images pédopornographiques ».
Le ministère public requiert 6 mois d’emprisonnement avec sursis, il sera condamné à 12 mois de sursis probatoire pendant 36 mois, assortis d’une l’obligation de soins et de l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.
Les scellés sont confisqués et le nom du prévenu sera inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (Fijais).
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