Le Puy-en-Velay | L’ancien directeur d’un centre social jugé pour agressions sexuelles

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Mise à Jour du 15/11/2017 : L’Ex directeur a été condamné à 2 ans avec sursis. Source : L’éveil

Le tribunal correctionnel du Puy jugeait jeudi un homme de 57 ans soupçonné d’agressions sexuelles ou de tentatives d’attouchements, commis ces dernières années.

Le prévenu est l’ancien directeur d’un centre social de l’agglomération du Puy, suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire depuis le début de l’affaire.

Le jugement a été mis en délibéré au mardi 14 novembre prochain.

Tout part d’une plainte déposée en février dernier au commissariat du Puy. Un jeune qui vient d’effectuer un stage au centre social dit avoir été victime de tentatives d’attouchements de la part du directeur, son maître de stage.

Ce dernier lui avait prodigué un massage, prétextant de le trouver tendu, avant de descendre progressivement ses mains sur son bas-ventre et de tenter de s’introduire dans son pantalon.

« C’est la première fois que j’avais un stagiaire aussi stressé », explique l’ancien directeur à la barre.

Il reconnaît le massage.

« Mais c’est tout », assure le quinquagénaire qui nie lui avoir dit vouloir glisser sa main « dans son intimité » et lui avoir dit ça.

« C’est de l’incompréhension. J’ai peut-être mal formulé les choses »,

explique-t-il encore.

Trois jeunes  ont déposé plainte

« Il m’a bien dit qu’il voulait rentrer dans mon intimité. J’ai refusé et il m’a dit que c’était bien dommage »,

explique quant à lui le jeune garçon, encore mineur, à la barre du tribunal.

Une autre plainte est également ressortie du dossier. Elle avait été déposée à l’encontre de l’ancien directeur en juin 2016.

Cette fois, c’est un jeune majeur qui dit avoir été abusé par le quinquagénaire.

Les faits dénoncés se seraient déroulés en deux temps. D’abord lorsqu’il était mineur, lors d’un stage, en 2009.

Le directeur lui aurait caressé les cuisses et aurait remonté sa main « jusqu’au sexe » du bout des doigts.

Le jeune homme avait « trop peur » pour « le repousser » ou même en parler à quelqu’un.

Trois ans après le stage, le jeune, devenu majeur, retourne le voir pour « une aide ponctuelle ».

Le directeur aurait alors recommencé et lui aurait touché le sexe. L’ancien directeur a tout nié sur les attouchements. « Jamais je n’ai eu ces gestes », a-t-il dit.

Le frère du jeune homme agressé dit également avoir été victime de ces agissements. Lui aussi fréquentait le centre social et connaissait le directeur.

Alors pour gagner un peu d’argent, il était venu effectuer des travaux divers à son domicile.

Mais après le bricolage, la tournure des échanges prenait une autre dimension. Le jeune homme était invité à se laver, parfois après avoir consommé de l’alcool.

« Après les travaux, je prenais la douche et il rentrait dans la baignoire. Il me savonnait le dos ».

Un jour, le directeur va plus loin et lui fait une fellation sous la douche.

Mais le prévenu parle d’un acte consenti. Le jeune homme lui avait demandé d’arrêter et il s’était exécuté.

« Ce n’est pas la vérité. Il était consentant » et « il y avait une complicité, il prenait plaisir »,

estime l’homme à la barre.

« Je ne le piégeais pas. C’était devenu un rituel » poursuit-il.

« J’avais bu, j’avais peur de sa réaction » dit de son côté le jeune homme. Et s’il y est retourné pour faire du bricolage : : « c’est parce que j’avais besoin d’argent ».

Une quatrième victime ?

Au fur et à mesure du déroulement de l’audience, à entendre la lecture des procès-verbaux des auditions de différents témoins, ressort le sentiment que les agissements de l’ancien directeur étaient un secret de polichinelle.

C’est d’ailleurs ce que dira à la barre l’un des trois jeunes agressés :

« il y a des gens qui le protégeaient, car ils croyaient qu’il n’avait rien fait ».

Quant à la présidente de l’association :

« elle était parfaitement au courant » a dénoncé l’avocate des parties civiles dans ses réquisitions.

« Je ne peux pas entendre qu’il n’y ait pas eu une enquête interne » et de rappeler « qu’il n’y a pas eu que trois victimes ».

Car au cours de leurs auditions, les policiers avaient découvert qu’un autre jeune aurait subi des attouchements, des caresses.

Il n’avait pas déposé plainte car « c’est du passé, je n’y pensais plus », a-t-il expliqué aux enquêteurs.
« D’autres n’ont pas porté plainte ou n’ont pas été identifiés », s’agace le conseil des trois parties civiles, Maître Isabelle Labarthe-Lenhof.

Prison ferme requise

« C’est révoltant. Ces faits sont extrêmement graves, sur des mineurs, des jeunes hommes, vulnérables »,

s’indigne le ministère public. Sarah Ploquin demandait « une peine sévère » : trois ans de prison dont deux ans assortis d’un sursis.

Et l’interdiction absolue d’une activité professionnelle ou bénévole en contact avec des mineurs.

« J’ai l’impression que la morale prend le pas sur la justice », dénonce de son côté maître Marielle Olivier-Dovy, l’avocate du prévenu.

Évoquant un dossier « vide » et sans « faits précis », elle décrivait son client comme la victime « d’une rumeur » et de « salariés de l’association revanchards envers un directeur jugé trop autoritaire ».

Et pour elle, la présidente de l’association, suspectée d’avoir « protégé » le directeur : « elle n’a rien su, rien » s’agace encore Maître Olivier-Dovy. Elle demandait la relaxe de son client.

Source : Eveil

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