Puy-en-Velay | Laxisme judiciaire envers le pédocrimnel coupable de viols incestueux

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« Papa me viole… »
Un homme de 53 ans a été condamné à 3 ans de prison pour des agressions sexuelles sur ses enfants et des violences. La mère est coupable de non-dénonciation.

En plein débat autour de l’affaire du politologue, Olivier Duhamel, et alors qu’une commission nationale doit plancher sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, un dossier mettant en cause un père de famille de 53 ans, prévenu d’attouchements sur deux de ses filles (nées de deux unions) et de violences habituelles sur trois de ses enfants (également sur un jeune garçon de 11 ans aujourd’hui) a occupé l’audience du tribunal correctionnel du Puy-en-Velay durant plus de 6 heures mardi 19 janvier.

L’épouse du quinquagénaire, 48 ans, répondait quant à elle de non-dénonciation de mauvais traitements pour ces faits qui se sont déroulés en 2014 et 2015 dans une commune proche du Puy, où le couple occupait une petite maison.

Les prévenus qui n’ont jamais reconnu les faits, étaient placés sous contrôle judiciaire depuis février 2018.

L’une des deux victimes, qui obtiendra sa majorité dans quelques mois et sa demi-sœur, âgée de 13 ans, assistaient à l’audience à huis clos partiel (en présence des parties et de la presse).

Les faits incestueux ont donc eu lieu au sein d’une famille recomposée. L’homme cherchait depuis longtemps à obtenir la garde d’une de ses filles qu’il avait eue d’une précédente union. Elle faisait l’objet d’un placement judiciaire depuis dix ans.

Son retour au domicile familial, en septembre 2014 allait très vite être un échec et source de tensions au sein du foyer. L’adolescente faisait l’objet d’un suivi.

C’est justement au cours d’une visite en avril 2015, auprès de son éducatrice, qu’elle révélait les gestes déplacés qu’elle aurait subis de la part de son père. Sa demi-sœur en aurait été victime également.

L’éducatrice dénonçait aussitôt (dès le lendemain) ces actes auprès du commissariat. S’ensuivait une ordonnance de placement dans un premier temps pour l’aînée des deux filles. Quelques jours plus tard, les services sociaux assistés de la police, récupéraient, non sans mal, au domicile, les deux autres enfants pour les placer à leur tour.

L’enquête pénale, longue et difficile (faisant dans un premier temps l’objet d’un classement sans suite) et l’ouverture d’une information en décembre 2017 ont débouché sur l’audience au cours de laquelle le père a maintenu ses dénégations, reprochant même aux éducateurs d’avoir « monté la tête à sa fille ».

L’homme se trouvait dans une position plutôt inconfortable pour avoir fait déjà l’objet d’une procédure du même type. La victime étant sa fille aînée née d’un précédent mariage. Il avait été disculpé mais son passage devant la justice avait laissé des traces.

C’est maladroitement, qu’il se défendait à la barre tentant d’avancer plusieurs arguments : après les accusations, comment aurait-il pu toucher ses autres enfants ? Ainsi, quand il venait le soir dans leur chambre, souhaiter bonne nuit aux filles et à son fils, il se contentait « d’un simple bisou ».

Les filles, au contraire, parlaient de caresses, voire de gestes plus équivoques encore.

Dans une lettre confiée à sa belle-mère, sa fille (la première à avoir fait les révélations) écrivait :

« Papa me viole… »

Pour Rodolphe Part, substitut du procureur :

« Elle pensait trouver du secours auprès d’elle. L’épouse avait le devoir de dénoncer ces faits et de protéger ses enfants, elle n’a rien fait ».

À l’audience, la femme a continué à défendre son conjoint. Elle est restée droite dans ses bottes, dégageant beaucoup de froideur, sans un mot, ni même un regard à l’adresse de sa belle-fille et de sa fille.

Le représentant du parquet évoquait encore « le contexte de tyrannie » régnant dans cette famille où les coups pleuvaient tout autant que les violences verbales. Le jeune fils aurait même été parfois puni sévèrement, son père allant jusqu’à l’obliger à avaler des piments, alors qu’il avait entre 5 et 6 ans à l’époque.

Me Joël Diez, partie civile parlait d’une fratrie « évoluant avec beaucoup de difficulté », ou encore d’enfants « marqués au fer rouge ».

Si l’aînée des filles puisait en elle le courage pour dénoncer à la barre ce père agissant comme « un salaud », la cadette ne le pouvait pas, elle qui cumule les problèmes scolaires et psychologiques, qui a bien du mal à grandir.

Son avocate confiait au tribunal une petite boîte contenant des messages égrénés au fil du temps. Elle l’avait appelée avec ses mots d’enfants :

« La boîte aux mauvais souvenirs avec papa ».

La défense, Maîtres Mazur-Champagnac et Bardin, plaidait la relaxe pour le couple, mettant en doute la réalité des faits. Fallait-il par exemple, apporter du crédit aux déclarations d’une des victimes (la plus jeune des filles) quand elle évoquait au début des caresses et pour finir carrément des actes de viols ? Des arguments qui ne convainquaient pas.

Le jugement est tombé au terme d’une heure de délibéré : le père est condamné à 4 ans de prison dont un avec sursis simple et à un suivi sociojudiciaire durant trois ans avec un an de prison supplémentaire si ce suivi ne devait pas être respecté. Il se voit retirer ses droits de père. Son nom figura au fichier des délinquants sexuels.

L’homme a quitté la salle d’audience encadré par des policiers, un mandat de dépôt étant délivré.

La mère est en partie relaxée mais sa culpabilité est reconnue à partir du moment où elle a reçu la lettre de sa belle-fille : elle ne pouvait alors plus ignorer ce qui se passait. La quadragénaire est condamnée à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis.

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