Pontoise | Brice Patissier, condamné à 12 ans de prison pour proxénétisme aggravé

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“Je n’avais que lui, personne d’autre. J’étais isolée. J’étais sa chose”
Illustration | Palais de Justice de Pontoise - Capture d'écran Google view
Brice Patissier, 21 ans, a été condamné par la cour criminelle de Pontoise, jeudi 29 mars, à douze ans de réclusion criminelle pour proxénétisme aggravé, violences, viol et séquestration sur son ex-petite amie Assia.

Le procès de Brice P., accusé de proxénétisme sur son ex-petite amie, Assia, adolescente au moment des faits, s’est ouvert devant la cour d’assises de Pontoise lundi 27 mars. À la barre, plusieurs autres prostituées ont livré un témoignage glaçant de leur vie de misère.

Lors de la première journée du procès, deux autres prostituées ont témoigné de leur quotidien de l’époque avec l’adolescente. 

Un récit glaçant révélé par nos confrères de Marianne.

“Nous étions des esclaves”

Deux jeunes femmes se sont présentées à la barre des assises de Pontoise pour témoigner des faits de proxénétisme perpétrés par Brice P. sur la jeune Assia alors âgée d’à peine 15 ans. L’une d’elles, Sofia, prostituée elle aussi par son ex-petit ami, raconte les passes à répétition “dans plusieurs appartements différents”.

“Assia se prostituait bien pour lui, elle lui donnait tout l’argent à chaque passe. On a pu faire le 93, le 95, le 77, nos proxénètes payent l’appartement ensemble, avec ça on se retrouvait toutes entre filles”, explique sa camarade d’infortune.

“T’es déjà sale, ça devient une habitude”

Dans le quotidien de l’adolescente : la saleté, l’indifférence des clients et les séquestrations. “Assia se négligeait, on était des clochardes… comme t’es déjà sale, ça devient une habitude. Si on ne faisait pas nos 1000 euros par jour, on nous empêchait de sortir”, ajoute Sofia.

Une autre jeune femme, elle aussi prostituée de force, explique notamment “la mauvaise hygiène” de la jeune adolescente.

 “Je voyais Assia dans un mauvais état, une mauvaise hygiène. (…) Nous étions des esclaves, nous ne pouvions jamais dire non à un rapport sexuel, à moins de ne même pas avoir à manger”

, explique-t-elle.

Toutes évoquent la lourde emprise de leur ex-conjoint.

“C’est l’incapacité psychique de se séparer de quelqu’un. Elle fait partie de ces filles qui, ayant manqué d’affection, sont à la recherche d’un étayage affectif et n’ont pas les ressources mentales pour discriminer si l’objet pour s’étayer est bon ou nocif pour elle, à 15 ans”

, assure la psychologue qui a examiné Assia.

La jeune Assia a pris la parole mardi 28 mars devant la cour criminelle de Pontoise, nos confrères du Parisien ont pu assister au procès et rapporter les propos de la jeune femme.

À la barre, Assia a pu raconter les sévices qu’elle a vécus, perpétrés, selon elle, par son ex-petit ami Brice P., présent dans le box des accusés. Elle assure avoir été sous “son emprise”.

“Je n’avais que lui, personne d’autre. J’étais isolée. J’étais sa chose”

, explique-t-elle.

Mère d’un enfant de deux ans placé, Assia assure avoir été contrainte de se prostituer et évoque “des objectifs de rentabilité” de 1000 euros par jour .

“S’il n’y a pas le nombre (de rapports tarifés) , il n’est pas content”

, confie-t-elle.

“Je le laisse faire”

Puis, la jeune femme raconte les viols perpétrés par son ex-petit ami. “Des fois, je n’ai pas envie surtout après tous les clients. Cela lui déplaît, il insiste. À force ou pour pas qu’il y ait des violences et des histoires, je le laisse faire”, explique Assia, abordant notamment une fellation forcée dans un jacuzzi.

De son côté, Brice P. assure n’avoir jamais forcé Assia à se prostituer expliquant que la jeune femme s’adonnait déjà à ces pratiques avant leur rencontre et qu’elle lui aurait proposé cette solution pour subvenir à leurs besoins.

Interrogée sur son quotidien et l’impact de ces années de galères sur sa vie actuelle, Assia dit “avoir du mal”.

“Je suis concentrée sur moi, sur ce qui ne va pas, ma santé, mon mental. Je ne fais rien de mes journées, je suis toute seule”

, explique la jeune femme.

Le jeudi 29 mars, Brice P. est condamné à douze ans de réclusion criminelle pour proxénétisme aggravé, violences, viol et séquestration sur son ex-petite amie Assia. 

la mère de la jeune fille, la Toulousaine Jennifer Prailhé, revient sur le procès.

La fin d’une éprouvante bataille judiciaire. 

Comment avez-vous vécu le procès du proxénète de votre fille ? 

L’ambiance était particulière. Brice avait tout le temps le sourire. Il a dit que c’était dû au stress mais il a souri jusqu’à la fin, même quand le verdict est tombé. Il était vraiment déconcertant, c’était gênant. Il y a également eu des moments électriques lorsque sa famille a été confrontée, au moment des suspensions d’audience, aux autres jeunes femmes prostituées venues témoigner en faveur d’Assia. 

Brice a-t-il eu une parole pour votre fille ? 

À la fin, après le plaidoyer de la défense, les derniers mots lui sont revenus. En priorité, il s’est adressé à moi en me disant qu’il me présentait ses excuses, que tout cela n’aurait pas dû arriver, que ça n’aurait pas dû “se passer comme ça”. Puis, il s’est tourné vers Assia. Il s’est excusé une vingtaine de fois en répétant : “Tu sais que je t’ai aimé, je ne suis pas un méchant, je m’excuse”. Mais, il a choqué la salle lorsqu’il a conclu par : “Je n’aurais dû te laisser faire ça”. Je regardais ses yeux et j’essayais d’y trouver une once d’humanité ou de sincérité en me disant qu’il allait lui donner ce dont elle avait besoin, mais ça n’a pas été le cas…

Comment va Assia actuellement ? 

Elle est rentrée à Toulouse avec moi mais elle a rencontré un garçon toxique qui a de nouveau de l’emprise sur elle. Pour elle, un homme qui va lui dire comment s’habiller, avec qui parler, qui va avoir ses mots de passes, cela veut dire qu’il s’intéresse à elle.

Cela vient aussi de la première relation qu’elle a eue, un premier amour, on ne l’oublie pas, il marque quelque chose dans la construction de soi. D’ailleurs, en revoyant Brice, elle a physiquement vu la copie conforme du garçon avec qui elle est aujourd’hui. C’était un choc.

Pensez-vous que la condamnation de Brice pourrait être le début d’un nouveau départ pour votre fille ? 

Au procès, je suis arrivée avec une fille brisée, mutique, victime. Elle a parlé deux heures à la barre, j’étais très fière d’elle. Je suis repartie avec ma fille forte et grandie. La reconstruction est en chemin, mais l’angoisse va rester jusqu’à ce que les dix jours où Birce peut faire appel soient passés. Concernant son fils, elle va pouvoir envisager de réintégrer sa parentalité à temps plein avec du temps et des projets.

 

 

 

 

 

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