Pontchâteau | 15 ans ferme pour l’homme qui avait tenté d’étrangler une adolescente

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« Une bombe à retardement »
Un homme de 33 ans a comparu pendant trois jours à Nantes devant la cour d’assises de Loire-Atlantique pour une tentative de meurtre sur une adolescente qui allait prendre son bus.

Après trois jours de procès, la cour d’assises de la Loire-Atlantique a condamné mercredi 8 novembre à 15 ans de réclusion criminelle un homme de 33 ans qui avait étranglé une adolescente de 14 ans dans la rue le 21 mai 2021 à Pontchâteau, avant de la laisser pour morte.

À califourchon sur son buste

Ce 21 mai 2021, peu avant 8 h, la jeune fille avait en effet quitté le domicile familial pour prendre le bus scolaire, quelques mètres plus loin.

Sur un chemin en plein centre-ville, au niveau du boulevard du Général-de-Gaulle, elle avait alors croisé un homme « avec un sweat vert » dont elle s’était « méfiée ».

L’homme – qui marchait derrière elle – l’avait alors saisie par le cou, avant de la basculer au sol et de l’étrangler, à califourchon sur son buste, pendant de longues minutes.

Il n’avait relâché son emprise qu’au moment où il avait compris que sa victime était inconsciente.

La croyant morte, il avait alors quitté les lieux et s’était rendu à son travail, se vantant même auprès de ses collègues de savoir qu’il y avait eu « un meurtre à Pontchâteau » ce matin-là.

Après « dix à quinze minutes » au sol, l’adolescente était parvenue à rejoindre le domicile de sa mère, qui avait alors alerté pompiers et gendarmes.

Les récits de la victime et des témoins ainsi que les premiers prélèvements médicaux avaient permis d’identifier rapidement Wilfried Letort, âgé de 31 ans au moment des faits.

Une « petite voix » qui lui intimait de « faire du mal »

Natif d’Ancenis et résidant à Pontchâteau, Wilfried Letort avait en fait déjà croisé l’adolescente à plusieurs reprises : comme elle, il faisait le même trajet, tous les matins, pour se rendre à l’Esat (Établissement et services d’aide par le travail) de Blain, dans lequel il travaillait avant son incarcération.

Cet homme, décrit comme « affabulateur », avait d’abord nié les faits, avant de reconnaître avoir « croisé » la jeune fille puis l’avoir agressée, sans avoir eu l’intention de la tuer.

Une version maintenue devant le juge d’instruction, puis pendant les deux premiers jours du procès. Jusqu’au dernier jour, où il a finalement admis « avoir agi dans l’intention de donner la mort ».

Pour justifier son geste, le trentenaire a expliqué avoir été guidé par « une petite voix », qui lui intimait « de faire du mal ».

Pour l’avocate générale, pas question pour autant de retenir une quelconque « abolition » du discernement de Wilfried Letort au moment des faits : l’existence de cette « voix » n’était attestée « par aucun expert », avait insisté la représentante du ministère public.

« Déficiences intellectuelles »

Sur le plan de la santé, cet homme, placé sous curatelle renforcée depuis ses 18 ans, souffre de psychoses.

Les différentes expertises psychiatriques avaient, à ce titre, mis en évidence des « distorsions cognitives » et des « déficiences intellectuelles ».

Pour « calmer ses nerfs et ses tremblements », il suivait un lourd traitement médical – « neuf cachets par jour » – mais a avoué que, depuis trois ans, il refusait de prendre ses pilules du midi :

« J’avais honte devant mes collègues. »

Sur un plan judiciaire, au moment des faits, le casier de Wilfried Letort ne faisait état d’aucune condamnation.

Il avait néanmoins été poursuivi une première fois en 2016 pour « agression sexuelle » pour avoir embrassé une fillette de 4 ans sur la bouche, mais ce « malentendu » – selon lui – avait été classé sans suite.

Il avait aussi été relaxé en 2020 après avoir été jugé pour « violences » sur un mineur : il avait expliqué « marcher derrière une jeune fille qui avait peur » et l’avoir « saisie par le bras » pour la rassurer.

L’avocate générale n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que cette affaire « ressemble étrangement » à l’affaire jugée par la cour d’assises.

« Une bombe à retardement »

Après les faits, Wilfried Letort avait finalement été condamné, en mars 2022, pour des violences à l’égard de deux personnes – dont l’un de ses collègues – dans une gare en septembre 2020.

L’avocate générale avait donc requis dix-huit ans de réclusion criminelle et un suivi socio-judiciaire de dix ans à sa sortie de détention pour cette « bombe à retardement », dont la « dangerosité psychiatrique est établie depuis 2013 » et dont les « actes sont de gravité croissante ».

La cour d’assises a finalement retenu une simple « altération » de son discernement au moment des faits ; après ses quinze ans de prison, Wilfried Letort devra se plier à un suivi socio-judiciaire de cinq ans et une injonction de soins.

Sur le plan financier, il devra verser 25 000 € de dommages et intérêts à la collégienne.

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