Poitiers | Deux pères de famille offraient leur fillette sur des sites échangistes

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Pédocriminel En liberté

L’un des pères souhaitait éduquer sa fille afin “d’en faire une partenaire sexuelle à part entière”.
Deux pères de famille, dont un dans l’agglomération poitevine, comptent parmi les sept adultes mis en accusation dans une affaire de viols incestueux et d’agressions sexuelles hors norme sur leurs enfants.

Ils proposaient leurs fillettes sur des sites échangistes. L’un, avec la complicité de la mère.

Ce n’est qu’un pan d’un vaste dossier.

En avril 2019, France 3 Poitou-Charentes vous révélait une affaire de viol d’un couple de l’agglomération poitevine sur leur propre enfant de 9 ans. Mais l’histoire, déjà sordide, ne s’arrête pas là. Le père de famille proposait sa fille sur un site échangiste.

Alertée, la brigade des mineurs de Paris entame alors une longue enquête qui débouche sur l’accusation de sept personnes. L’instruction est terminée et le procès devrait se tenir l’année prochaine. Les dessous de cette affaire permettent de dresser le profil de ces pères de famille accusés de viols incestueux.

L’un est responsable financier d’un groupe hôtelier en région parisienne. L’autre tient un salon de massage, bien-être et de méditation dans l’agglomération poitevine.

En décembre 2018, trois jours avant Noël, le premier offre sa propre fille à un inconnu pour des relations sexuelles sur le site échangiste Wyylde.

Choqué, l’interlocuteur alerte les autorités. La brigade de protection des mineurs interpelle le père et saisi tout son matériel informatique. De là, les enquêteurs découvrent qu’il est en lien avec un couple poitevin. Les deux pères de famille reconnaissent chacun les faits de viol et d’agression sexuelle.

Selon l’enquête, l’un des pères admet avoir échangé avec l’autre père sur “l’ouverture” de leurs filles respectives en vue d’organiser un concours de fellations par webcams interposées.

Par l’intermédiaire de son avocat, Philippe Sarda, nous apprenons qu’un de ces deux pères de famille aurait agi dans une dynamique “d’améliorer sa fille” et “de l’éduquer, d’en faire une partenaire sexuelle à part entière”.

Des desseins glaçants auquel l’accusé indique aujourd’hui, toujours selon son avocat, être heureux de “ne pas (…) être parvenu”.

Psychiatre responsable du secteur spécialisé de psychiatrie légale au centre hospitalier Henri Laborit de Poitiers, Guillaume Davignon indique que ce genre de comportement existe et qu’il a déjà entendu ce genre de propos.

Il déplore :

“C’est souvent dans les milieux ruraux, un petit peu écartés de toute dimension d’éducation inscrite dans les normes sociétales. Il y a encore des familles qui vivent presque en autarcie, dans un schéma de vases clos et qui sont persuadées que l’éducation sexuelle doit se faire au travers de la transmission intrafamiliale”.

S’il y a quand même une transgression malgré la connaissance de la loi, c’est qu’il y a une recherche des limites, des interdits et que les conséquences des actes sont forcément connus.

Sauf qu’ici, ce n’est pas le cas. Les accusés sont intégrés socialement et professionnellement. Sans avoir accès au dossier, Guillaume Davignon, essaye de faire comprendre comment de tels actes ont pu être perpétrés :

“Cela demanderait une expertise psychologique et psychiatrique pour s’en assurer, mais ici nous sommes plutôt dans une dimension assez narcissique. Il y a l’idée d’une hiérarchie patriarcale qui décide tout et peu importe les limites ou les interdits tant que c’est elle qui décide de ce dont il advient du cercle familial.”

L’autre père de famille indique, lui, avoir commis ces actes incestueux par “une addiction à la pornographie” et “l’envie de repousser ses limites”. Une explication qui ne passe pas auprès de l’avocate de la partie civile, Patricia Coutand.

Elle souligne :

“Ces gens-là ont quand même été construits avec des barrières et des limites qui sont celles de la morale et ils décident, je pense, de les franchir. C’est un peu facile.”

Le psychiatre poitevin Guillaume Davignon, va dans son sens.

Il pointe :

“Il n’y a pas d’excuse à avoir un rapport sexuel avec un enfant”.

D’autant plus si les accusés ont la capacité de s’insérer professionnellement et socialement.

Guillaume Davignon continue :

“Ce genre de personnes connaît la loi. S’il y a quand même une transgression malgré la connaissance c’est qu’il y a une recherche des limites, des interdits et que les conséquences des actes sont forcément connus”.

En 2015, l’enquête révèle que les deux pères évoquent à mots couverts leurs expériences sexuelles avec leurs filles respectives, les désignant comme “f” (minuscule) ou “puce” pour les distinguer de leur compagne, qui elles, étaient désignées comme “F” (majuscule).

Au moment des faits, les deux fillettes étaient âgées de 9 et 10 ans. Selon l’enquête, les actes sexuels incestueux démarrent quelques années avant la découverte des crimes par la brigade des mineurs.

Pourtant, comme l’indique Patricia Coutand, personne dans son entourage proche ou à l’école n’avait remarqué de signaux alarmants. Son comportement n’aurait pas évolué comme c’est le cas généralement chez les enfants victimes de viols et d’agressions sexuelles.

Est-ce possible que cette fois, il n’y ait aucun signe révélateur d’un mal-être ?

Guillaume Davignon répond :

“Ça pourrait exister, mais c’est très, très rare et dans des contextes particuliers. La grande majorité des cas, il y a forcément une rupture à un moment donné et il y a des modifications comportementales qui vont se manifester, plus ou moins subtilement.”

Si le “profil type” de l’agresseur sexuel n’existe pas réellement, parfois le passage à l’acte provient de traumatismes anciens.

Le responsable du secteur spécialisé de psychiatrie légale à Henri Laborit, Guillaume Davignon, précise :

“Ça dépend des histoires personnelles de chacun. On se rend compte qu’il y a des profils personnels avec dans l’enfance ou l’adolescence des carences, des maltraitances subies par le passé. Celles-ci construisent des personnalités pathologiques qui peuvent altérer des jugements.”

Malgré tout, comme le précise le psychiatre, cela ne suffirait pas à expliquer un passage à l’acte.

Il rappelle :

“Il y a très peu, voire quasiment pas, d’agresseurs sexuels qui ne sont pas reconnus responsables sur le plan pénal dans les procédures judiciaires”.

Les 7 personnes poursuivies dans cette affaire restent présumées innocentes. Leur procès devrait se tenir en 2022.

De son côté, le site Internet de libertinage, Wyylde (anciennement Netechangisme), où ont pu être en relation les différents protagonistes, n’est pas mis en cause. Jusqu’à aujourd’hui, le site n’avait pas donné suite à nos sollicitations. Une réponse nous est parvenu, ce jeudi après-midi, après la publication de l’article, dans laquelle le site explique que :

“Toutes les réquisitions reçues en provenance des autorités sont systématiquement traitées gratuitement en moins de 24 heures par la société éditrice du site de la communauté Wyylde”.

Le support client du site précise :

“La détection ou le signalement de contenu interdit par la charte du site ou par la loi entraîne le signalement des faits aux autorités, le dépôt de plainte, la suspension des comptes par les services de Wyylde ou l’entrée en relation par les services de police en sous marin sur le site via des accès adaptés à la demande des autorités.”

Le site indique également disposer :

“De nombreux systèmes de signalements par les utilisateurs, de détections automatisées, de travail de modération humaine (qui) permettent la gestion efficace du site”.

Dans cette affaire, sans le signalement d’un des utilisateurs, le calvaire des deux enfants aurait pu encore durer.

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