Plessé | Un agriculteur et ex-adjoint municipal jugé pour atteinte sexuelle sur une stagiaire

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Pédocriminel En liberté

« Une requalification en viol aurait pu se poser »
Un agriculteur de Plessé (Loire-Atlantique) et ex-adjoint municipal qui avait été relaxé en première instance par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a de nouveau été jugé vendredi 18 mars 2022 pour les « atteintes sexuelles » dont l’accuse une ancienne stagiaire.

La jeune femme avait déposé plainte en janvier 2014 à la gendarmerie de Châteaubriant (Loire-Atlantique), alors qu’elle était âgée de 22 ans, contre son ancien maître de stage, âgé aujourd’hui de 51 ans : elle l’accusait en fait d’avoir commis une atteinte sexuelle à son encontre alors qu’elle était en alternance au sein de son exploitation agricole, entre 2008 et 2009.

Ludovic XXX, ancien adjoint au maire, avait précisément invité la jeune femme de 17 ans à « passer un week-end dans un gîte » dans le cadre d’un séjour organisé par l’association d’aide aux personnes handicapées dont il était bénévole.

Il lui avait alors « demandé de ramener un matelas pneumatique parce qu’il ne restait aucun lit disponible ».

Tous les deux s’étaient couchés dessus, alors que le fils de l’agriculteur ainsi que d’autres participants dormaient dans la même pièce.

 

Marié et père de famille

L’agriculteur aurait alors « embrassé » la jeune fille, « caressé sa poitrine » et « introduit un doigt dans son vagin », a relaté le magistrat rapporteur de la chambre des appels correctionnels de Rennes (Ille-et-Vilaine).

La jeune fille se sentait alors « amoureuse » de son maître de stage et « ignorait tout des choses sexuelles et n’avait jamais eu de relations sexuelles », avait-elle dit lors de sa plainte.

L’agriculteur – « marié depuis vingt-deux ans » et père de famille – avait également « donné un préservatif » à son ancienne stagiaire, alors que celle-ci s’était « blessée après un accident de cheval ».

Selon lui, il s’agissait d’un geste réalisé « dans le cadre de l’éducation en tant de maître de stage » : il avait lui-même à cette période-là « un fils de 16 ans ».

 

« Une requalification en viol aurait pu se poser »

Enfin, Ludovic XXX avait également proposé une « sortie cinéma » à Blain (Loire-Atlantique) à la jeune fille.

Elle avait ensuite décrit « une pénétration sexuelle qui va laisser des traces de déchirure » constatées « cinq ans après », a souligné son avocate Me Cécile de Oliveira au cours de l’audience.

Une scène pour laquelle « la requalification des faits en « viol » aurait pu se poser », selon elle.

Ce soir-là, l’agriculteur s’était en effet arrêté dans la forêt du Gâvreselon la jeune fille, après qu’ils eurent vu un film « en lien avec le monde agricole ».

Il l’aurait à nouveau « embrassée » et lui aurait « caressé la poitrine », avant de lui dire qu‘il avait envie d’avoir une relation sexuelle.

Et elle aurait accepté « à condition que vous arrêtiez si elle vous le demandait », selon l’avocate.

 

Des avances envers une autre stagiaire mineure

A partir de cet évènement, il aurait « changé d’attitude à son égard », mettant de côté cette jeune fille « en grande détresse psychologique » afin de s’intéresser « à une autre stagiaire, mineure également »

Cette dernière avait d’ailleurs exposé aux enquêteurs avoir reçu « une bague pour ses 17 ans », de la part de celui qu’elle avait « embrassé à deux reprises ».

L’agriculteur de Plessé avait « tenté d’avoir des relations sexuelles » avec elle à plusieurs reprises, mais elle avait « toujours refusé ».

Au cours de l’enquête, les gendarmes avaient également constaté que Ludovic XXX – dont le casier judiciaire ne comporte aucune mention – avait également eu de nombreux échanges avec « la fille de son cousin », âgée de 14 ans, ainsi que sa grande soeur de 17 ans, avec qui il avait même « flirté »…

 

Deux ans avec sursis probatoire réclamés

Poursuivi uniquement pour les faits d’atteinte sexuelle dénoncés par sa stagiaire, l’agriculteur avait en fait été relaxé par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire : les premiers juges avaient considéré que la jeune fille « éprouvait des sentiments amoureux » et « espérait avoir une relation sentimentale » avec l’agriculteur.

A l’issue de sa relaxe, le 22 octobre 2019, le procureur de la République de Saint-Nazaire avait donc fait appel du jugement : l’avocate générale a cette fois encore estimé qu’il existait bien « des éléments qui écartent tout doute » quant à la culpabilité de cet éleveur de vaches laitières.

Elle a réclamé une peine de deux ans avec sursis probatoire à son encontre pendant trois ans.

L’avocate de la partie civile Me Cécile de Oliveira a pour sa part réclamé une indemnisation à hauteur de 10.000 €.

 

Une « enquête à charge », selon la défense

Me Morgan Loret, l’avocat de Ludovic XXX, a pour sa part plaidé la relaxe de son client, estimant que « dans cette affaire qui concerne un tout petit patelin, le gendarme a pris l’enquête très très à coeur ».

Le militaire a donc mené des investigations « à charge, selon six personnes entendues ».

Il s’agissait plutôt d’un « fantasme » de la jeune fille, voire d’un « délire érotico-maniaque » de sa part, selon l’avocat de la défense

Les juges rendront leur décision dans deux mois environ.

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