Plaine | L’intrigant Samuel G principal suspect dans la disparition de Lina

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L’adolescente de 15 ans s’était évaporée le samedi 23 septembre
Jusqu’à ce week-end, sa disparition n’était qu’hypothèses et conjectures. « C’est simple, on se disait que si elle avait été enlevée par les extraterrestres, il n’en aurait pas été autrement », souffle une voisine de Lina.

Mais en coulisses, les gendarmes accumulaient les éléments.

Assez pour pouvoir déclencher, mardi matin, un vaste plan de recherches à cheval sur l’Alsace et les Vosges, à une quinzaine de kilomètres à peine du lieu de la disparition.

Le matin, c’est une colonne de véhicules de gendarmerie qui était aperçue, dont un fourgon siglé « identification criminelle ».

En fin d’après-midi, des véhicules patrouillaient dans le secteur du col du Hantz, là où la crête surplombe cette vallée de la Bruche qui a vu naître et disparaître Lina.

Pour les enquêteurs de la section de recherche de Strasbourg, où une cellule « Lina » fonctionne à plein depuis dix mois, l’issue de ce mystère est très vraisemblablement criminelle.

« On voulait garder espoir par solidarité avec sa maman, lâche un autre voisin de Champenay, le hameau où elle vivait avec sa fille, mais on se doutait bien que l’épilogue serait dramatique. » « C’est terrible, mais le pire pour cette maman, c’est de ne pas savoir », complète une commerçante de Saint-Blaise-la-Roche, là où se trouve cette gare que Lina n’a jamais atteinte.

Méthodiquement, depuis septembre, les gendarmes se sont attachés aux moindres détails afin de comprendre ce qui avait pu se produire entre 11h20 et 11h22 le 23 septembre.

À 11h20, Lina envoyait un dernier SMS à son petit ami.

À 11h22, son portable cessait brutalement d’émettre.

Le dernier à l’avoir aperçue est l’ancien maire de Plaine. Alors qu’il travaillait à Saint-Blaise, il était remonté chez lui à Plaine rechercher un outil. Il avait croisé Lina qui cheminait au bord de la petite route goudronnée menant à la gare, au niveau d’un étang

Au fil des mois, de multiples pistes sont explorées, toutes refermées. Les accusations de viols qu’avait formulées Lina à l’encontre de trois adolescents sont réexaminées.

La disparition concomitante d’un salarié à proximité de Plaine fait également l’objet d’investigations poussées.

Mais les gendarmes s’en tiennent surtout aux éléments matériels.

Une caméra située sur une cabane de pêche ne leur est d’aucun secours, car elle filme la zone opposée à la route.

De même, les images enregistrées par celle d’un commerce de Saint-Blaise ne peuvent être saisies, car effacées au bout de 48 heures.

Alors, ils avaient eu l’idée d’utiliser les « rush » des caméras situées sur quatre cols fermant la quasi-intégralité des accès à la vallée de la Bruche. Des caméras d’ordinaire utilisées pour mesurer l’enneigement des cols en question.

Une à une, ils avaient identifié les voitures ayant circulé sur ces axes de moyenne montagne dans le créneau de la disparition de la jeune fille, soit une dizaine de véhicules au total qui les intéressaient particulièrement.

Le passage de l’un de ceux-là est alors corroboré par des témoins oculaires.

« L’analyse de la géolocalisation de ce véhicule volé a pu mettre en évidence qu’il se trouvait non loin du point de disparition de la jeune Lina en septembre dernier », complétait vendredi soir dans un communiqué la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi

Selon nos informations, l’enquête rebondit au premier trimestre 2024.

Dans le sud de la France, plus précisément le Languedoc, un homme, Samuel G., 43 ans, est arrêté à bord d’une voiture signalée volée dans la région Grand-Est.

Il ne s’agit pas de la Clio bleue souvent signalée dans le cadre de l’enquête, et qui avait fait l’objet d’un appel à témoins auprès des collégiens du secteur.

Le conducteur est entendu par les gendarmes locaux dans le cadre du vol, mais peut repartir libre à l’issue de son audition. La voiture, elle, prend le chemin de la fourrière.

Ce n’est qu’au mois de juin, que les enquêteurs chargés du dossier Lina apprennent que ce véhicule immobilisé administrativement est l’un de ceux constituant l’une des pistes les plus sérieuses de leur enquête.

Ils se déplacent dans le Sud pour le récupérer et l’envoient à l’IRCGN, l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie, pour analyses.

Celles-ci reviennent positives en juillet : à plusieurs endroits de l’habitacle, de l’ADN de Lina a pu être mis en évidence. A minima, cela signifie que Lina est montée à bord.

Mais les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg n’ont pas le temps de placer le suspect en garde à vue.

Entre le lancement des analyses et la transmission des résultats, l’homme est retrouvé mort à Besançon (Doubs) le 10 juillet. Une enquête de police, alors simplement ouverte pour « recherche des causes de la mort », conclut à un suicide par pendaison.

Selon une source proche de l’enquête, Samuel G. présente un profil de voyou local, connu pour des délits tels que des violences et des vols qui lui ont déjà valu une brève incarcération.

Le même présentait par ailleurs des fragilités psychologiques. A-t-il voulu en finir parce qu’il sentait l’étau se resserrer autour de lui ?

À ce stade, aucun lien formel n’a pu être établi entre son suicide et l’avancée des investigations, alors même que l’individu savait depuis le début d’année que son véhicule avait été saisi, et était donc susceptible d’être passé au crible…

Si son implication dans la mort de Lina devait se confirmer, se poserait alors également la question du cadre de son passage à l’acte.

« Personnellement, je ne crois pas à un crime de rôdeur, avance Catherine, habitante d’un village voisin de Plaine. Nous sommes dans un secteur très reculé, et la route empruntée par Lina, longée par une piste cyclable, n’est empruntée que par des riverains. Comment imaginer que quelqu’un qui ne connaît pas la région puisse enlever cette pauvre gamine ici, en pleine journée, en un laps de temps aussi court ? »

C’est pourtant, selon les enquêteurs et les magistrats en charge du dossier, la thèse la plus probable.

Si tout indique que Lina ne connaissait pas son ravisseur, ce dernier lui aurait proposé de la véhiculer ou l’aurait forcée à monter à bord de sa voiture avant de la tuer dans des circonstances qui restent à éclaircir.

Ce mercredi matin, les recherches reprendront aux confins des Vosges et du Bas-Rhin, dans des lieux parcourus par le véhicule volé, comme l’ont mis en évidence les données de son GPS.

Une opération qualifiée de « cruciale » par la gendarmerie. Une vingtaine d’hommes au moins seront à nouveau mobilisés, ainsi que des chiens spécialisés dans la détection de cadavres, du peloton de Gramat.

« Je souhaite de tout cœur qu’ils la retrouvent, soupire Monique, qui tient un bistrot dans l’un des hameaux susceptibles d’être ciblés. Mais j’ai du mal à être optimiste, tant notre région est sauvage. »

De fait, c’est une vaste forêt dense et inhospitalière qui recouvre la majeure partie du secteur, seulement trouée par quelques prés et des fermes éparses.

« Si ce type a pris soin de dissimuler le corps, ça sera vraiment compliqué », anticipe Monique

Pourtant, au fil des derniers mois, cette passionnée de vélo n’a pu s’empêcher elle-même de chercher l’adolescente.

« À chaque virage, je ne pouvais m’empêcher de regarder si je ne voyais pas quelque chose de suspect », confie-t-elle.

De même que Catherine, qui a beaucoup randonné sur ces sentiers oubliés, avec Lina dans un coin de sa tête.

« J’ai aussi beaucoup pensé à toutes ses copines, qui prenaient le bus ou le train sans savoir ce qu’il s’était passé, et en se disant que ça pouvait à nouveau arriver. »

De son côté, Me Matthieu Airoldi, l’avocat de la maman de Lina, a fait savoir qu’à ce stade, sa cliente et lui appréhendaient les recherches des gendarmes avec « confiance et sérénité.

« On le sentait de plus en plus bizarre » :

Le double visage de Samuel Gonin, meurtrier présumé de Lina.

Présentant des troubles psychiatriques récents, le principal suspect dans la disparition de Lina, 15 ans, était un père de famille de 43 ans décrit comme ayant été très inséré socialement avant de basculer et de se donner la mort en juillet.

C’est une petite lucarne close par un volet en ferraille, juste sous les toits.

Le 10 juillet, son ouverture à coups de marteau par les pompiers est paradoxalement venue sceller d’insondables mystères. À l’intérieur de ce logement situé à l’étage d’un pavillon du quartier discret des Prés de Vaux, à Besançon (Doubs), les soldats du feu ont découvert le corps sans vie de Samuel Gonin, 43 ans.

« C’était déjà un drame, soupire une voisine. Et maintenant, il y a un nouveau drame en plus de celui-là… »

Car Samuel Gonin fait figure de principal suspect dans la disparition de Lina, 15 ans.

En septembre 2023, l’adolescente s’était évaporée alors qu’elle rejoignait la gare voisine de son domicile de Plaine (Bas-Rhin). Au terme de dix mois d’enquête, les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, grâce à la vidéosurveillance, sont parvenus à identifier un véhicule suspect, signalé volé.

Les gendarmes n’auront pas eu le temps de l’interroger.

Samuel Gonin s’est pendu, laissant une lettre dans laquelle Lina n’est pas évoquée.

C’est la découverte de ce courrier confus qui a inquiété le père du quadragénaire, et l’a conduit à prévenir les secours.

Comme sa mère, ils étaient proches de Samuel, et n’ont pu qu’assister ces dernières années au lent basculement de leur fils.

Selon plusieurs sources, l’homme n’était plus que l’ombre de lui-même, en proie à de multiples démons.

D’après l’Est Républicain, il avait été interné à plusieurs reprises, et avait déjà tenté de mettre fin à ses jours.

« Il était devenu taciturne, décrit un voisin. On le voyait juste fumer sa clope. »

« On le sentait de plus en plus bizarre, renchérit un autre riverain. On pouvait par exemple le voir passer à vélo alors qu’il pleuvait des trombes d’eau. »

Un comportement erratique que ceux qui l’ont fréquenté dans le passé ne lui avaient jamais connu. Thomas* était « un pote d’adolescence. »

« On s’était rencontré via son oncle, qui était mon prof », se souvient-il.

À l’époque, Samuel et lui sont tous deux passionnés de jeux vidéo en ligne.

« C’était pas comme maintenant, revit Thomas. On bidouillait les ordinateurs et on se retrouvait physiquement pour jouer en réseau à des jeux comme les premiers Call of Duty. »

Rien, dans l’attitude de Samuel, n’alerte alors son copain. Chacun construit sa vie, ils continuent à se suivre via Facebook ou se croisent épisodiquement.

Samuel est un touche à tout. Ébéniste de formation, il se lance comme commercial en utilitaires, par l’intermédiaire de son cousin qui travaille déjà dans le secteur.

« Il s’est formé sur le tas, et s’en sortait très bien, » confie Didier (le prénom a été modifié), qui fut son patron de 2014 à 2018.

«C’est un métier où on ne peut pas biaiser. Ça passe ou ça casse. »

Et avec Samuel, ça passait même très bien.

« En quatre ans, on n’a jamais rien eu à lui reprocher, décrit son ex-chef d’équipe. Il était marié, avait des enfants. Il participait à tous les pots. Dans le coin, tout le monde connaît un peu tout le monde. S’il y avait eu un problème avec lui, on l’aurait su. Je n’arrive pas à croire qu’aujourd’hui on parle du même…»

En 2018, Samuel démissionne pour un concurrent qui lui propose cette fois de vendre des poids lourds.

« On s’est quitté en très bons termes, évoque son ancien boss. C’était une progression logique. »

Première ombre au tableau : Samuel s’est séparé de la mère de ses enfants. Une garde alternée est mise en place. Il revient s’installer dans le quartier des Prés de Vaux, où il avait déjà vécu quelques années plus tôt.

Puis il se reconvertit.

Selon nos informations, il devient professeur dans le même établissement professionnel que son oncle, enseignant l’ébénisterie, sa matière de prédilection.

Mais psychologiquement, il bascule.

Le 25 août 2023, il agresse une nonagénaire dans le quartier des Chaprais, toujours à Besançon. Le même jour, en fin d’après-midi, il braque une supérette « Vival » rue des Cras.

Nous avons pu visionner les images de vidéosurveillance du petit commerce.

À 18h40, on distingue parfaitement le père de famille, en train d’acheter un paquet de chewing-gum. Puis en une demi-seconde, la scène bascule. Alors que le tiroir-caisse est ouvert, il plonge la main droite dedans.

Cette même main qui tient un couteau suisse.

« Arrête ou je te plante ! » lance-t-il à Kim, la jeune caissière, qui tente de le repousser.

Samuel s’enfuit avec environ 200 euros en poche.

Arrivé sur les lieux, Hyppolite, qui fait office de patron durant l’été, n’en revient pas.

« C’était assez étrange, explique-t-il. Il n’avait pas une tête de braqueur, et il n’était même pas cagoulé ! Ça faisait un peu amateur, même si rétrospectivement, on se rassure en se disant que ce jour-là, il ne visait que la caisse. »

Les enquêteurs du commissariat de Besançon prennent toutefois l’affaire au sérieux. Des prélèvements sont même effectués sur un congélateur.

« On en était presque à se dire qu’ils en faisaient un peu trop », reconnaît Hyppolite.

C’est aussi que la nonagénaire agressée a été victime de fractures en voulant s’accrocher à son sac.

Alors, les policiers ne lâchent pas l’affaire.

Mais il leur faudra plusieurs mois pour confondre Samuel G. À l’issue de sa garde à vue, en juin, celui-ci est laissé libre et placé sous contrôle judiciaire, en attendant un procès qui n’aura donc jamais lieu.

Dans les Vosges, cette fois entre Saint-Dié et Gérardmer, les recherches se poursuivaient hier pour tenter de retrouver Lina, sur la base des données GPS du véhicule utilisé par Samuel.

Mais c’est désormais tout son parcours de vie que les enquêteurs vont tenter de retracer, afin d’en éclaircir d’autres zones d’ombre potentielles.

De nouveaux éléments accablent Samuel Gonin – Le 21 septembre 2023, l’avant-veille de la disparition de Lina à Plaine (Bas-Rhin), le Bisontin Samuel Gonin a été filmé par une caméra de vidéosurveillance, dans l’agglomération bisontine.

Sur les images, on le voit faire le plein de la Ford Puma où l’ADN de l’adolescente a été retrouvé. Une nouvelle révélation qui confirme l’utilisation du véhicule par le suspect, deux jours avant les faits

Les images ne laissent aucune place au doute. Samuel Gonin était au volant de la Ford Puma le jeudi 21 septembre 2023. 48 h avant la disparition de l’adolescente , il conduisait le véhicule au centre des attentions, dans l’affaire Lina.

Un nouveau rebondissement qui accable le suspect numéro 1 et vient conforter les soupçons des enquêteurs.

L’Est Républicain a pu consulter un document où l’on aperçoit le principal suspect au volant du véhicule, juste avant l’enlèvement.

C’est dans l’habitacle de cette Ford que l’ADN de la disparue a été décelé.

Selon nos informations, l’homme a fait le plein dans une station-service du Doubs, avant de prendre la fuite, sans payer.

La procédure se trouvait dans les tiroirs d’une brigade de gendarmerie du Doubs depuis bientôt un an.

Cette « grivèlerie » de carburant selon le terme judiciaire, pourrait être l’une des clés de l’enquête.

Pour comprendre le fil de ce vol, il faut remonter au 25 août 2023. À la fin du mois, le gérant d’une station Avia dépose plainte. Un individu habillé d’un polo se rend dans le commerce. Il remplit de carburant une voiture immatriculée en Allemagne et prend la fuite.

Les enquêteurs récupèrent les images et passent l’immatriculation du véhicule au fichier. L’opération reste vaine et ne permet pas d’identifier l’auteur.

Le 21 septembre, nouveau signalement. La Ford Puma est de retour.

Le conducteur habillé d’un sweat-shirt de couleur noire fait à nouveau le plein. Il prend la fuite en suivant le même mode opératoire.

Une nouvelle plainte est déposée mais aucun élément ne permet aux enquêteurs de remonter jusqu’à Samuel Gonin. Ce vol est commis 48 h avant la disparition de la petite, dans le Bas-Rhin.

Après ce vol, Gonin se fait discret dans la station où il a ses habitudes.

Il va finalement y retourner le 19 décembre 2023, deux semaines avant son interpellation à Sigean, dans l’Aude.

L’employé le reconnaît. Il est tout près de l’arrêter : sur les images on voit le caissier venir au niveau de sa portière et se mettre en travers de sa route.

Le suspect enclenche la première et parvient à s’échapper.

Ces trois procédures ont été consignées sur procès-verbal. Avant les éléments communiqués par le parquet de Strasbourg, les gendarmes du Doubs ignoraient que l’auteur présumé de ces vols s’appelait Samuel Gonin.

En parallèle, leurs collègues de la section de recherches de Strasbourg étaient pourtant sur ses traces.

Au cours du printemps, ils ont fini par identifier la Ford Puma, localisée à proximité des faits, le jour de la disparition de Lina. Un habitant du secteur de Plaine avait d’ailleurs confié  :

« Elle est passée dans une voiture bleue. Souriante, elle m’a fait coucou depuis le coin du mur. Vraiment pas de problème », affirmait le riverain.

S’agit-il de la voiture conduite par Gonin ? Ces éléments viennent aujourd’hui renforcer cette hypothèse.

Le témoin n’a pas bien vu le conducteur caché par le soleil. Il a évoqué

« un homme brun avec une barbiche ».

Les militaires basés à Strasbourg ont fini par confondre la voiture et récupérer la plaque d’immatriculation.

Ces numéros ont « matché » avec une voiture placée en fourrière, dans l’Aude.

Selon nos informations, elle a été saisie in extremis avant qu’elle ne reparte en Allemagne. À l’issue d’une fouille minutieuse, les scientifiques de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont exhumé l’ADN de l’adolescente. Avaient-ils formellement identifié Gonin avant que ce dernier se suicide ? Mystère…

Dix mois après la disparition de Lina, les enquêteurs identifient son ADN dans une voiture volée, au volant de laquelle un certain Samuel Gonin avait été arrêté. Si au premier abord, l’homme semble sympathique, il s’agit en fait d’un toxicomane déjà bien connu de la justice

Vendredi 26 juillet, un communiqué judiciaire succinct annonçait la découverte de l’ADN de Lina dans une voiture volée.

Un tout premier élément concret dans l’enquête sur la disparition de l’adolescente de 15 ans, survenue à Plaine (Bas-Rhin) le 23 septembre 2023.

Lâchée à quelques minutes de la cérémonie d’ouverture des JO, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Va-t-on enfin savoir ce qui est arrivé à cette pauvre gamine ? Très vite, cependant, les questions se bousculent.

On apprend que l’homme qui aurait embarqué Lina dans cette voiture aurait été identifié, mais ni interpellé ni entendu. Pourquoi ? On connaît désormais la réponse. Samuel Gonin, 43 ans, s’est suicidé quelques jours avant que l’ADN de sa probable victime soit formellement identifié…

Retour sur l’itinéraire glaçant d’un homme que désormais tout accuse.

Vendredi 25 août 2023, un mois avant la disparition de Lina.

En début d’après-midi, un habitant de Besançon appelle la police : une vieille dame vient de se faire agresser rue de la Rotonde, à l’est de la ville.

Quand les secours arrivent sur place, la victime, Monique, une veuve de 90 ans, est allongée sur le trottoir, en état de choc. Elle a un bras cassé et une fracture du fémur. Plus tard, elle racontera à l’Est Républicain :

« Je suis sortie vers 15 heures pour aller retirer de l’argent et déposer un paquet à la Poste. Puis je suis remontée chez moi. J’étais presque devant mon immeuble quand j’ai senti quelqu’un qui tirait mon sac par derrière…»

La vieille dame tente alors de résister, mais elle ne fait pas le poids face à son agresseur.

« Il m’a traînée sur le trottoir, poursuit-elle, encore tremblante. J’avais les genoux en sang. Et puis il m’a arraché mon sac. J’avais tous mes papiers dedans et près de 200 euros. »

Tout s’est passé si vite que la malheureuse a à peine vu celui qui vient de la dépouiller. La description qu’elle livre est vague : un homme brun, barbu, la quarantaine plutôt solide.

Ce même jour vers 18 h 45, un barbu en pantalon beige et veste de survêtement Puma est filmé alors qu’il pénètre dans la supérette Vival, à deux kilomètres du lieu de l’agression.

L’homme s’approche de la caisse, mains dans les poches, décontracté. Il attrape un paquet de chewing-gum et le tend à la caissière. Cette dernière, une petite brune à chignon, ouvre son tiroir sécurisé pour encaisser l’article quand, soudain, tout va très vite. Le type fait jaillir la lame d’un couteau suisse, plonge la main dans le tiroir-caisse et en arrache une poignée de billets. Puis il s’enfuit, laissant la jeune fille médusée.

L’équipage de la BAC, aussitôt mobilisé, fait le rapprochement entre les deux affaires. On présente la bande vidéo de la supérette à la vieille dame, qui reconnaît son agresseur.

Mais impossible d’identifier ce mystérieux barbu, inconnu des fichiers comme du voisinage.

Samuel Gonin a réussi son coup. En allant frapper dans ce quartier éloigné du sien, à quatre kilomètres de chez lui, il vient de faire un sans-faute.

Mais l’homme de 43 ans, miné par l’alcool et la cocaïne, n’est sûrement pas fier de lui pour autant. Il sait que ce ne sont pas ces larcins minables qui vont sauver son existence du naufrage…

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