Perpignan | Neuf ans de prison pour le grand-père coupable de viols sur sa petite fille

Au terme de deux jours de procès, l’homme, de 73 ans, a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur sa petite-fille entre 2001 et 2006.

illustrationarchives-indep

Papa, faut que je te dise ce qui me ronge depuis des années. On m’a arraché la vie alors que je n’étais qu’une enfant. Papa, il m’a fait du mal pendant longtemps. Je te dis ça, ce soir, je suis désolée, papa, mais je ne veux plus garder ça pour moi. Je me sens sale, j’ai peur de tout. J’ai jamais réussi à trouver les mots pour te le dire. Maman, je viens de lui dire. Fallait que je vous dise parce que j’ai gâché trop de choses. C’est dur papa… ». Un simple SMS de cette jeune fille adressé à son père en 2011.

Telle une bombe qui a fracturé la famille, en révélant, 10 ans après, les viols et agressions sexuelles qu’elle aurait subies alors qu’elle était âgée de 9 à 14 ans, entre 2001 et 2006, dans les P.-O. de la part de son propre grand-père. Cet homme de 73 ans qui avec un aplomb déconcertant, nie en bloc depuis jeudi devant la cour d’assises des P.-O.

Elle raconte qu’il l’aurait d’abord entraînée chercher des asperges ou cueillir des salades, lui aurait parlé de sexe, avant de baisser son pantalon devant elle. « Tu me déçois » lui aurait-il dit alors qu’elle cachait timidement ses yeux avec sa main. Mais tout ne se serait pas arrêté là. Les fellations, 10 fois, 20 fois, peut-être plus… Au jardin, dans les bois, dans son grenier-atelier. Et les viols.

« Crédible »

« Ça se passait souvent », témoigne la jeune femme, employée administrative dans une collectivité après avoir dé- croché son bac avec mention et qui vient de mettre au monde son deuxième enfant voilà à peine trois jours.

« Il m’avait dit : “Si tu parles, je me suiciderai”. Il m’a arraché mon intimité ».

Un récit « fiable, crédible » confirme l’expert qui a évalué l’ampleur des dégâts psychologiques sur la victime. Meurtrie dans son corps autant que dans son esprit : le traumatisme sexuel, les images qui reviennent en boucle dans sa tête, les insomnies par « peur de rêver de lui » et de capter les détails qui la replonge dans son enfance.

Puis ce passage où elle a même « eu envie de devenir prostituée ». « Une enfance brisée, une innocence bafouée et un silence destructeur » (car « personne ne garde un secret comme un enfant » écrivait Victor Hugo). Tout ce qui fait d’elle une femme « rongée, saccagée, esquintée, dévastée » sont venues marteler Me Valérie Cons son avocate et Me Valérie Delhaye-Lambert, pour ses proches.

Pour ces parents qui ne peuvent plus regarder les photos qui leur rappellent qu’ils n’ont rien vu. Emplis de culpabilité, confrontés aussi à la trahison d’un père et d’un beaupère.

« Un être immonde, dénué de sentiments, qui va abuser cet enfant pour satisfaire ses instincts les plus bas. Elle a enduré seule ce calvaire, face au chantage affectif, sans pouvoir se délivrer de cette honte qu’elle porte en elle. Et après, il la traite de vicieuse, dit qu’elle fantasmait sur lui. Rien dans son dossier ne permet de remettre en cause sa parole. Vous pouvez lui rendre justice, la débarrasser des fantômes du passé. Parce que, comme le disait Dolto, rendre la justice aux enfants c’est aussi leur rendre la dignité et la force de survivre ».

Aucun doute non plus pour l’avocate générale Mme Balaguer : « Nous faisons le tri dans les plaintes des mineurs victimes. Nous ne nous précipitons pas pour mettre les gens en prison ou en garde à vue car nous savons qu’il y a des paroles instrumentalisées notamment dans le cadre de divorces. Or, ici, c’est clair, ce n’est pas une menteuse. Cet homme a joué de son influence pour l’empêcher de parler. Sa révélation est spontanée, dans un orage émotionnel parce qu’elle s’est disputée avec son père. Mademoiselle, vous n’avez rien cherché. Mademoiselle, la société que je représente vous reconnaît comme victime ». Et de requérir, au vu de l’âge et du casier vierge de l’accusé, une peine de 10 ans d’emprisonnement.

« Face au doute »

« Le doute » enfin pour l’avocat du grand-père, Me François Parrat. « Tout le monde doute et le doute doit profiter à l’accusé » répète-t-il inlassablement, livrant une autre interprétation à chaque élément avancé par l’accusation. « Le procureur avait estimé dans son réquisitoire définitif qu’il n’y avait pas charges suffisantes à l’encontre de cet homme d’avoir commis ces faits de viol. Cette jeune fille a manifestement rencontré une situation difficile dans sa famille proche et où elle a été témoin des violences de son père sur sa mère. Elle rencontre son premier petit ami et là ce sont encore les violences. Le vraisemblable, c’est le piège que tend le mensonge à la vérité. Cette jeune fille dit que sa sœur a failli les surprendre. Qu’elle était à un mètre et ce pendant 10 minutes, mesure-t-il sur son pupitre tout en déclenchant le chronomètre et interrompant sa plaidoirie pour laisser s’égrener les secondes. C’est long une minute déjà, non ? Vous devez craindre de juger. Mais il vaut mieux absoudre un coupable que de condamner un innocent. N’ayez pas peur de l’acquitter ».

« Je suis innocent » a simplement lâché le grand-père aux jurés avant qu’ils ne partent délibérer et ne reviennent 2 heures plus tard pour le condamner à 9 ans de prison.

Source : http://www.lindependant.fr/

Source(s):