Paris | Le directeur de Saint-Jean de Passy accusé d’agression sexuelle sur mineur

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Daniel Chapellier, 71 ans, a été mis en examen pour “agression sexuelle sur mineur”
Saint-Jean-de-Passy - Le Parisien / MAXPPP
Daniel Chapellier, qui dirige le prestigieux établissement catholique du XVIe arrondissement de Paris, nie les faits. Il a néanmoins choisi de démissionner.

La nouvelle a plongé le conseil d’administration de l’ensemble scolaire Saint-Jean de Passy dans la “stupeur” et une cellule de crise a été installée au sein de l’établissement.

Le directeur de l’établissement, Daniel Chapellier, 71 ans, a été mis en examen pour “agression sexuelle sur mineur”, au terme de 48h de garde à vue, et placé sous contrôle judiciaire, comme le confirme une source judiciaire.

Il a immédiatement décidé de quitter ses fonctions “pour assurer sa défense”, a-t-il précisé au conseil d’administration.

Selon nos informations, une plainte des parents d’un élève âgé de 14 ans est à l’origine de cette affaire.

Le collégien a indiqué avoir été convoqué dans le bureau du directeur la semaine dernière.

Daniel Chapellier aurait alors eu des gestes déplacés et lui aurait proposé une relation sexuelle.

Une version que le mis en cause a nié, au cours d’une garde à vue “éprouvante”, indique son avocat Me Yassine Yakouti.

Mon client est abasourdi, il rejette absolument ces accusations, il n’y a aucun élément tangible” poursuit Me Yakouti, indiquant que “cette plainte s’inscrit dans une contexte d’instrumentalisation afin d’obtenir une inscription de l’élève dans un autre établissement. M. Chapellier aura à cœur de rétablir la réalité des faits et de laver son honneur“, conclut l’avocat en précisant qu’il a d’ores et déjà porté plainte pour dénonciation calomnieuse.

“Traumatisme pour chacun d’entre nous”

Dans un courrier aux parents des quelques 3 000 élèves de la structure, le conseil d’établissement évoque “le traumatisme que cette nouvelle représente pour chacun d’entre nous“, dans un groupe scolaire qui avait vu dans la nomination de Daniel Chapellier l’été dernier, l’arrivée d’un “chef tout à fait en phase avec les valeurs d’éducation intégrale que porte Saint-Jean depuis plus de 100 ans“.

Daniel Chapellier a une longue carrière de plus de 50 ans au sein de l’enseignement catholique, carrière qu’il avait achevée en 2015 après avoir notamment dirigé pendant 13 ans le prestigieux lycée Stanislas de Paris.

Depuis qu’il est à la retraite, il a réalisé plusieurs missions d’intérim à la demande de la direction diocésaine de l’enseignement catholique.

C’est ainsi qu’il a été nommé l’été dernier par l’Archevêque de Paris pour une mission d’un an à la tête de “Saint-Jean”, après le départ fracassant de son ancien directeur François-Xavier Clément, remercié à l’issue d’un conflit portant sur ses pratiques managériales, mais aussi “son côté trop catho” dénoncé par certains parents d’élèves.

Deux audits ainsi qu’une mission de conciliation avaient abouti à une transaction financière pour accompagner son départ.

Dans la tourmente d’une autre affaire

Mais “la paix et l’unité” espérées par la communauté catholique de Saint-Jean de Passy avec l’arrivée de Daniel Chapellier aura donc été de courte durée.

D’autant que l’homme est également dans la tourmente d’une autre affaire qui secoue l’ensemble scolaire Stanislas.

En 2013, il a procédé au recrutement d’un directeur d’internat et professeur de musique au collège des garçons, avec qui il avait plusieurs fois collaboré par le passé.

Ce cadre a finalement été licencié en 2018 pour avoir consulté des sites pédopornographiques sur son ordinateur professionnel.

L’an dernier, des anciens étudiants de l’internat de “Stan” ont également porté plainte contre lui, et le parquet de Paris a ouvert le 17 novembre une enquête préliminaire pour “agression sexuelle par personne ayant autorité, violences aggravées et harcèlement moral“, comme le révélait Le Monde en décembre dernier.

À quelques heures du départ en congés scolaires des élèves, la direction de Saint-Jean de Passy ne souhaitait pas commenter la mise en examen de Daniel Chapellier et indique simplement que les élèves peuvent consulter des psychologues au sein de l’établissement.

Mais ce samedi soir, le même conseil d’administration annonce qu’il va se constituer partie civile, “pour participer à la manifestation de la vérité“.

La demande va être adressée au juge d’instruction, indique-t-il dans une lettre aux parents.

Dans ce courrier, il est rappelé “qu’une cellule d’écoute a été mise en place à destination des élèves, des familles et de la communauté éducative“.

Cellule “joignable à tout moment“.

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