Pange | « Nous savions que les enfants n’étaient pas des menteurs »

Un an après que trois enfants ont révélé avoir été agressés sexuellement, à Pange, et le suicide de l’auteur présumé des faits, l’instruction du juge conclut dans le sens des petites victimes. Une nouvelle page douloureuse que les parents peinent à tourner.

La boucle est-elle bouclée pour les parents du petit garçon qui avait parlé le premier ? Loin s’en faut. La douleur est toujours vive. Photo RL /SGS

« C’est difficile de lire tout ça. Il y a les détails, les dépositions des petits qui ont toujours été les mêmes selon les personnes qui les interrogeaient. Et puis surtout, il y a tout ce qu’il a fait, lui… Quatre nuits que je n’en dors plus ! »

Et depuis plusieurs jours, cette mère de famille de Pange, aspirée il y a un an et malgré elle dans un tourbillon cauchemardesque, lit et relit sans cesse ces lignes qui noircissent un document primordial : le compte rendu du juge d’instruction messin en charge de l’affaire d’agressions sexuelles qui avait provoqué un véritable tremblement de terre, l’an passé, dans le petit village tranquille. Un minot âgé de 5 ans avait révélé, au mois de mai, avoir subi des attouchements lorsqu’il était de passage chez le voisin, un ami de ses parents.

Par la suite, deux petits-enfants de l’épouse du mis en cause, confieront à leur tour aux gendarmes, avoir eux-mêmes été les cibles de l’adulte.

Des charges suffisantes

Sans surprise, les écrits rapportent un non-lieu à l’adresse de l’auteur présumé des faits puisque ce dernier s’était donné la mort après leur révélation. De facto, l’action publique s’éteint.

Mais l’ordonnance du magistrat ne s’arrête pas là, précisant qu’à l’issue des investigations menées, des auditions des gendarmes, qu’à la lumière des témoignages des petits, analysés et recoupés, les charges sont suffisantes pour retenir effectivement qu’ont été commis des « faits d’agressions sexuelles sur mineur de 15 ans, d’agression sexuelle à caractère incestueux et de corruption ».

Pour l’ensemble de ces abus, l’homme, qui a toujours nié, avait été mis en examen l’an passé. Autrement dit, si le sexagénaire était encore de ce monde, tout laisse à penser qu’il aurait eu à répondre de ses actes devant un tribunal.

Un statut de victime reconnu aux enfants

Une nouvelle de nature à apporter une once de soulagement à des parents meurtris qui n’avaient jamais douté de la parole de leurs enfants ?

« Ils n’ont jamais menti, on le savait, insiste la maman du celui qui avait parlé le premier. Mais ça reste difficile. Le mien voit toujours quelqu’un et on ne sait pas si tout cela viendra l’embêter à nouveau, dans quelques années. »

La maman est en colère aussi :

« Des images ont été retrouvées sur son ordinateur, sur son téléphone, tout ça c’est dans le document du juge… Comment a-t-il pu passer à travers les mailles du filet avec tous ces cyber-enquêteurs ? Je ne sais pas si je vais parvenir à tourner cette page. »

Des procédures civiles sont toujours en cours pour l’indemnisation des petites victimes.
S.-G.SEBAOUI.

Source : republicain-lorrain.fr

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