Niort | Pendant treize ans, le couple maltraitait ses quatre enfants

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“Ils recevaient des coups violents alors qu’ils cherchaient de la nourriture dans les placards”
Mardi 6 septembre 2022, une femme de 40 ans et un homme de 36 ans ont été jugés devant le tribunal correctionnel de Niort pour des violences sur quatre mineurs dont ils avaient la charge, entre 2007 et 2020.

Désormais divorcés, les deux prévenus, un homme de 36 ans et une femme de 40 ans, doivent néanmoins s’expliquer ensemble, à la barre du tribunal correctionnel de Niort, sur des actes commis durant une longue période dans les départements de l’Aisne, de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres.

Le couple de l’époque est en effet mis en cause pour des violences commises sur trois, puis quatre mineurs pendant treize ans, de 2007 à 2020.

“Des actes auxquels votre aînée a mis fin en les dénonçant”, précise Pauline Boulestreau, présidente du tribunal.

Seule la plus âgée des quatre enfants est présente à l’audience :

“Les trois autres souffrent trop pour être là”, explique leur avocate.

Auditionnés, les quatre enfants du foyer vont alors confirmer des actes de violences à leur encontre par le couple. L’aînée, donc, deux enfants plus jeunes nés d’une union de la prévenue et de son précédent mari, et enfin la plus jeune, la seule issue du couple.

“Ils vont parler de coups de poings au visage, de coups de pieds, de punitions au coin à genou les mains dans le dos, liste la présidente. Tous vont aussi décrire une scène de coups portés avec une cuillère en bois qui a fini par casser dans l’impact”.

En entendant tout ça, le prévenu tique.

“J’ai mis des fessées et des coups de pieds au cul, c’est vrai. Mais jamais je n’aurais mis de coups de poings, je n’ai jamais tapé pour faire mal. Pour la cuillère en bois, c’est seulement une histoire que j’ai vécue dans mon enfance, que je leur ai racontée”.

Le trentenaire indique avoir été battu durant sa propre enfance, ce qui expliquerait ses standards d’éducation.

“Je n’ai pas appris à être père, je pensais que c’était normal. Aujourd’hui je me rends compte que ça ne l’était pas”.

La mère, de son côté, est moins bavarde. Elle reconnaît les coups :

“Quand les enfants faisaient des bêtises”.

Elle explique qu’elle avait peur du prévenu :

« Quand il se mettait en colère, j’étais tétanisée”.

Aujourd’hui, elle ne voit ses enfants, du moins ceux qui veulent encore la voir, que via des visites en présence d’un médiateur.

“Je m’excuse auprès de mes enfants, j’espère qu’ils me pardonneront un jour”, conclut-elle finalement.

Me Audreau-Rousselot, avocate des trois plus jeunes enfants, tance :

“Peut-être que ces déclarations de la mère aideront les enfants, mais le mode de défense du compagnon, qui ne s’excuse pas, est insupportable”.

“Ils recevaient des coups violents alors qu’ils cherchaient de la nourriture dans les placards, simplement parce qu’ils avaient faim”.

Me Jérôme Merenda, avocat de l’aînée, va plus loin en rappelant que :

“Le couple préférait dépenser son argent dans la drogue plutôt que de nourrir ses enfants”.

Il évoque également :

“Des violences sexuelles du compagnon sur la fille aînée, pour lesquelles il n’est pas poursuivi faute de preuves, mais dont la jeune femme souffre énormément”.

Contre le trentenaire, deux ans de prison avec sursis sont requis par le parquet.

La mère s’en sort mieux avec huit mois d’emprisonnement.

“Elle n’a pas eu une vie simple : maman à 18 ans, elle est passée par la prostitution et a été battue par son premier mari”, nuance Me Christine Albinet, qui défend la mère.

Me Stéphanie Michonneau-Cornuaud, avocate du compagnon, argue enfin :

“Contrairement à ce qui a été dit, mon client assume totalement qu’il a fait”.

“Il a été dépassé par la situation, lui qui pensait que lever la main sur un enfant était la normalité”.

Le jugement de l’affaire a été mis en délibéré au 27 septembre 2022.

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