Nîmes | Un ancien DJ jugé pour une 30ène de viols sur sa belle-fille: 17 ans de prison

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À certains moments, il aurait exhorté l’enfant à faire “vite car maman va arriver”
Illustration | Cour d'Assises du Gard
L’accusé a reconnu quatre viols. La victime en dénonce une trentaine entre les âges de 6 et 13 ans. Le ressortissant brésilien est jugé pour avoir abusé une enfant dès ses quatre ans.

Actualisation du 2 Octobre 2021:

La veille au soir (lundi), le président fit sortir du box l’accusé pour le faire témoigner face à la cour, encadré par deux surveillants pénitentiaires armés et sous la surveillance de la police.

Le quadragénaire réitéra sa ligne de défense en reconnaissant cinq viols sur les 30 dont il est accusé.

Quelques instants plus tôt, la plaignante, aujourd’hui adolescente, maintenait ses accusations.

Nombreux attouchements et cinq pénétrations

Orleam C., l’accusé avait, quant à lui, reconnu de nombreux attouchements et cinq pénétrations.

Des aveux oui mais finalement assez flous sur les causes profondes des abus sexuels.

L’ancien DJ qui se positionnait volontiers comme un Casanova est resté très évasif sur les faits et leur reconnaissance exprimant sa propre souffrance sans tellement évoquer celle de l’enfant.

En effet, pour la fille de sa compagne (âgée de quatre ans jusqu’à ses 13 ans), il n’a pas réussi à expliquer ce qui avait suscité le passage à l’acte pour une fillette dont il croyait, dit-il, qu’elle était en demande.

Il demande pardon

Une avocate lui demande:

“Vous savez que vous avez fait exploser une famille ?”

Le Brésilien répond:

“Oui”

Étrillé par le président sur son incapacité à voir que l’enfant avait 11 ans au moment des faits tandis que l’accusé était âgé, lui, de 45 ans.

Toujours lundi soir, avant de regagner les geôles, il s’est tourné vers le banc des parties civiles où l’adolescente est assise derrière ses avocats qui l’encadrent, le quadragénaire a demandé pardon en disant qu’il était impardonnable.

Politique de l’autruche

Ce mardi, à la reprise du procès le psychologue a confirmé que l’enfant avait pu être victime de dissociation face aux viols répétés.

Il s’agit d’un phénomène psychique qui induit un décalage entre l’agression physique et la réaction psychologique qui sépare totalement les deux phénomènes.

Il s’agit d’un mécanisme de défense permettant à l’esprit de mettre à distance la violence de l’agression.

Me Baptiste Scherrer, l’avocat de la partie civile a tempêté:

“Il l’a violée analement et vaginalement ! Cette petite fille est détruite !”

Tout en ajoutant:

“la mère avec ses cinq enfants avait joué la politique de l’autruche”.

Me Laure Mattler, l’autre avocate de la partie civile a fustigé:

“La banalisation des faits et la banalisation de la souffrance de la victime” et la “chosification” de l’enfant face à “des conduites pédophiles à répétition”.

 

Pour sa part Aurélie Raymond, l’avocate générale, a souligné la clarté des déclarations de l’enfant et le flou entretenu par l’accusé qui parle de “bêtise ou d’erreur […] mais nous, nous parlons de crime”. 12 ans avec une peine de sûreté sont requis (lire ci-contre).

“Jamais tenté de fuir”

Me Lauriane Dillenseger a observé:

“L’accusé n’a jamais tenté de fuir au Brésil et a décidé d’assumer ses responsabilités”

Le quadragénaire a déclaré:

“Je veux juste dire que je suis désolé de ce qui est arrivé”

Avant que la cour ne parte délibérer en début d’après-midi.

Vers 16 heures, la cour a condamné Orleam C. à 17 ans de réclusion criminelle.

Peine de sûreté réclamée

La sûreté est une partie de la sanction qui est “incompressible” et ne permet pas au condamné de bénéficier des réductions de peines.

Hier, l’accusation a réclamé que les 12 ans soient assortis des deux-tiers de la sûreté, soit huit ans.

Un suivi socio judiciaire de cinq ans a été demandé.

Il implique un suivi par un psychiatre et par la justice, faute de quoi une peine de cinq ans pourrait être infligée.

Dans son verdict, la cour et les jurés n’ont pas prononcé de sûreté car le verdict est allé au-delà des réquisitions ; la troisième fois depuis le début de la session.

Article du 29 Septembre 2021:

Sur le banc de la salle d’audience, la mère pleure à mesure que le président lit l’acte d’accusation.

Dans le box, son ancien compagnon, de 49 ans, est jugé pour avoir imposé des relations sexuelles à sa fille.

Selon l’enquête des gendarmes et du juge d’instruction, les premiers abus sexuels auraient commencé quand la fillette avait quatre ans et n’auraient cessé de progresser jusqu’à ses 13 ans.

C’est à cette date, en juillet 2019, que l’adolescente a révélé la totalité des viols et des agressions sexuelles et qu’une enquête a été ouverte.

Le président indique que des pénétrations anales, vaginales et des fellations sont reprochées à son beau-père.

Elle dénonce 30 viols

Chemises à carreaux, pantalon marron, barbe qui dépasse du masque chirurgical, grosse montre électronique au poignet, lunettes à bords noir et gris, le quadragénaire, natif du Brésil affiche un look hybride de hipster et de bobo.

Comme à l’accoutumée, l’accusé est brièvement interrogé, au démarrage du procès, sur sa reconnaissance des faits.

Il a avoué quatre viols et des agressions sexuelles sous forme de caresses imposées à l’enfant devenue adolescente.

Le juge Emmuanel Idis rappelle que l’accusé encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Orleam C. a avoué quatre pénétrations mais seulement dans une période allant de 2016 et 2017 (lorsque la fillette avait entre 10 et 11 ans) mais il ne reconnaît pas les viols commis sur l’enfant quand elle était plus petite.

L’accusé déclare:

“Je ne peux pas assumer des choses que je n’ai pas faites. Pour moi, elle voulait, elle était d’accord pas parce que j’ai insisté. Elle avait envie mais elle ne voulait pas le dire”

Le président réplique:

“À 11 ans ?”

Silence de l’accusé.

Avant d’ajouter:

“Vous aviez 47 ans”

Le magistrat note au passage que le quadragénaire affiche un comportement “ambivalent” en assumant les accusations mais en les minimisant.

À certains moments, il aurait exhorté l’enfant à faire “vite car maman va arriver”.

“Pas d’empathie”

Le gendarme visiblement très ému déclare à la barre:

“Pour lui, comme elle ne disait pas non ou pas franchement non, c’était consenti. Mais ça reste le viol d’un enfant”

Le président précise que l’enfant a dénombré une trentaine de viols.

Un autre enquêteur déclare:

“Il n’a pas tellement d’empathie envers l’enfant ne sachant pas s’il lui faisait mal”

Nouveaux pleurs de la mère.

Le militaire ajoute:

“Une des façons d’obtenir ce qu’il voulait, c’était d’insister, de l’exciter ou de lui dire que c’était la dernière fois”

En début de soirée, la jeune victime a décidé de témoigner en audience publique.

Elle a confirmé en tout point ses accusations.

Dans un silence de plomb, interrompue parfois par des larmes et des sanglots sourds, elle a raconté comment elle a été abusée.

Ahurissante de courage.

Sale quart d’heure pour la mère

Face à la cour, la mère de la fillette a passé un sale quart d’heure.

Elle n’est pas vraiment parvenue à expliquer pourquoi, elle n’avait pas réussi à percevoir les signaux envoyés par sa fille : un film porno montré par l’accusé à la victime qui avait, dans la même période, alerté sa maman en disant que, pendant son sommeil, elle s’était retrouvée avec “un truc bizarre dans la bouche”.

Le film ? L’accusé a assuré qu’elle était parvenue à le voir – fortuitement – pendant qu’il le visionnait sur son portable.

Le président comptabilise trois alertes.

“Je ne dis pas ça pour vous accabler”, dit le juge qui observe qu’après des séparations, le quadragénaire est revenu au domicile familial.

La mère assure que son compagnon la harcelait pour revenir.

Dans le box, l’accusé recoiffe ses cheveux.

La fillette fixe une bouteille d’eau devant elle.

Le président fait diffuser une photo d’elle à ses six ans et la cour découvre la silhouette frêle de la gosse lors des viols.

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